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Coucher-de-soleil.jpg
Oh toi visiteur, amateur de poésie,

Que ta curiosité a mené jusqu’ici,
Laisse-toi naviguer au gré de tes envies
Parcours tout ce qui gravite autour de ma vie.
  Ce ne sont que des essais couchés sur papier,
Une partie de moi qui voulait s’exprimer,
Des mots que je ne pouvais laisser enfermés,
C’est tellement beau de les entendre chanter…
  Flotte sur les méandres de mes sentiments,
Partage rires et peines, vole à mes vents,
Vogue sur mes larmes lourdes comme une enclume
  Pour que ton cœur palpite au rythme de ma plume.


15 décembre 2014 1 15 /12 /décembre /2014 07:00

Voici deux nouveaux extraits, le deuxième est particulièrement touchant puisqu'il raconte une période de la jeunesse de Victor Hugo au côté de sa mère. Bonne lecture.

 

 

Dans le cimetière de * * *

La foule des vivants rit et suit sa folie, 
Tantôt pour son plaisir, tantôt pour son tourment ; 
Mais par les morts muets, par les morts qu'on oublie, 
Moi, rêveur, je me sens regardé fixement.

Ils savent que je suis l'homme des solitudes, 
Le promeneur pensif sous les arbres épais, 
L'esprit qui trouve, ayant ses douleurs pour études, 
Au seuil de tout le trouble, au fond de tout la paix !

Ils savent l'attitude attentive et penchée 
Que j'ai parmi les buis, les fosses et les croix ; 
Ils m'entendent marcher sur la feuille séchée ; 
Ils m'ont vu contempler des ombres dans les bois.

Ils comprennent ma voix, sur le monde épanchée, 
Mieux que vous, ô vivants, bruyants et querelleurs ! 
Les hymnes de la lyre en mon âme cachée, 
Pour vous ce sont des chants, pour eux ce sont des pleurs.

Oubliés des vivants, la nature leur reste.
Dans le jardin des morts, où nous dormirons tous,
L'aube jette un regard plus calme et plus céleste,
Le lys semble plus pur, l'oiseau semble plus doux.

Moi, c'est là que je vis ! — Cueillant les roses blanches, 
Consolant les tombeaux délaissés trop longtemps, 
Je passe et je reviens, je dérange les branches, 
Je fais du bruit dans l'herbe, et les morts sont contents.

Là je rêve ! et, rôdant dans le champ léthargique, 
Je vois, avec des yeux dans ma pensée ouverts, 
Se transformer mon âme en un monde magique, 
Miroir mystérieux du visible univers.

Regardant sans les voir de vagues scarabées, 
Des rameaux indistincts, des formes, des couleurs, 
Là, j'ai dans l'ombre, assis sur des pierres tombées, 
Des éblouissements de rayons et de fleurs.

Là, le songe idéal qui remplit ma paupière 
Flotte, lumineux voile, entre la terre et nous ; 
Là, mes doutes ingrats se fondent en prière ; 
Je commence debout et j'achève à genoux.

Comme au creux du rocher vole l'humble colombe, 
Cherchant la goutte d'eau qui tombe avant le jour, 
Mon esprit altéré, dans l'ombre de la tombe, 
Va boire un peu de foi, d'espérance et d'amour !

                                   13 mars 1840

 

Ce qui se passait aux Feuillantines vers 1813

 

[...]
L'homme congédié, de ses discours frappée,
Ma mère demeura triste et préoccupée.
Que faire ? que vouloir ? qui donc avait raison :
Ou le morne collège, ou l'heureuse maison ?
Qui sait mieux de la vie accomplir l'oeuvre austère :
L'écolier turbulent, ou l'enfant solitaire ?
Problèmes ! questions ! elle hésitait beaucoup.
L'affaire était bien grave. Humble femme après tout,
Ame par le destin, non par les livres faite,
De quel front repousser ce tragique prophète,
Au ton si magistral, aux gestes si certains,
Qui lui parlait au nom des grecs et des latins ?
Le prêtre était savant sans doute : mais, que sais-je ?
Apprend-on par le maître ou bien par le collège ?
Et puis enfin, - souvent ainsi nous triomphons ! -
L'homme le plus vulgaire a de grands mots profonds :
- "Il est indispensable ! - il convient ! - il importe ! "
Qui troublent quelques fois la femme la plus forte.
Pauvre mère ! lequel choisir des deux chemins ?
Tout le sort de son fils se pesait dans ses mains.
Tremblante, elle tenait cette lourde balance,
Et croyait bien la voir par moments en silence
Pencher vers le collège, hélas ! en opposant
Mon bonheur à venir à mon bonheur présent.

 

Elle songeait ainsi sans sommeil et sans trêve.

 

[...]
C'est dans ces moments-là, comme je vous dis,
Que tout ce beau jardin, radieux paradis,
Tous ces vieux murs croulants, toutes ces jeunes roses,
Tous ces objets pensifs, toutes ces douces choses,
Parlèrent à ma mère avec l'onde et le vent,
Et lui dirent tout bas : "Laisse-nous cet enfant !

 

Laisse-nous cet enfant, pauvre mère troublée !
Cette prunelle ardente, ingénue, étoilée,
Cette tête au front pur qu'aucun deuil ne voila,
Cette âme neuve encor, mère, laisse-nous-la !
Ne va pas la jeter au hasard dans la foule.
La foule est un torrent qui brise ce qui roule.
Ainsi que les oiseaux les enfants ont leurs peurs.
Laisse à notre air limpide, à nos moites vapeurs,
A nos soupirs, légers comme l'aile d'un songe,
Cette bouche où jamais n'a passé le mensonge,
Ce sourire naïf que sa candeur défend.
O mère au coeur profond, laisse-nous cet enfant !
Nous ne lui donnerons que de bonnes pensées ;
Nous changerons en jours ses lueurs commencées ;
Dieu deviendra visible à ses yeux enchantés ;
Car nous sommes les fleurs, les rameaux, les clartés,
Nous sommes la nature et la source éternelle
Où toute soif s'étanche, où se lave toute aile ;
Et les bois, et les champs, du sage seul compris,
Font l'éducation de tous les grands esprits !
Laisse croître l'enfant parmi nos bruits sublimes.
Nous le pénètrerons de ces parfums intimes,
Nés du souffle céleste épars dans tout beau lieu,
Qui font sortir de l'homme et monter jusqu'à Dieu,
Comme le chant d'un luth, comme l'encens d'un vase,
L'espérance, l'amour, la prière et l'extase !
Nous pencherons ses yeux vers l'ombre d'ici-bas,
Vers le secret de tout entr'ouvert sous ses pas.
D'enfant nous le ferons homme, et d'homme poëte.
Pour former de ses sens la corolle inquiète,
C'est nous qu'il faut choisir ; et nous lui montrerons
Comment, de l'aube au soir, du chêne aux moucherons,
Emplissant tout, reflets, couleurs, brumes, haleines,
La vie aux mille aspects rit dans les vertes plaines.
Nous te le rendrons simple et des cieux ébloui ;
Et nous ferons germer de toutes parts en lui
Pour l'homme, triste effet perdu sous tant de causes,
Cette pitié qui naît du spectacle des choses !
Laisse-nous cet enfant ! nous lui ferons un coeur
Qui comprendra la femme ; un esprit non moqueur,
Où naîtront aisément le songe et la chimère,
Qui prendra Dieu pour livre et les champs pour grammaire ;
Une âme, pur foyer de secrètes faveurs,
Qui luira doucement sur tous les fronts rêveurs,
Et, comme le soleil dans les fleurs fécondées,
Jettera des rayons sur toutes les idées !"

 

Ainsi parlaient, à l'heure où la ville se tait,
L'astre, la plante et l'arbre, - et ma mère écoutait.

 

Enfants ! ont-ils tenu leur promesse sacrée ?
Je ne sais. Mais je sais que ma mère adorée
Les crut, et, m'épargnant d'ennuyeuses prisons,
Confia ma jeune âme à leurs douces leçons.
[...]
                                   31 mai 1839
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3 décembre 2014 3 03 /12 /décembre /2014 17:11

Une petite parodie à l'occasion des 60 ans de mes parents qui avaient convié pour ce jour tous leurs amis et familles. J'avais choisi la chanson de Tino Rossi : "la vie commence à 60 ans" car les refrains étaient vraiment superbes. J'ai juste changé les strophes pour rendre la chanson plus personnelle et appropriée à mes parents. Bonne lecture.

 

Ces 60 années que vous fêtez

Est-c' la réalité ?

Le temps n'a pas de prise sur vous,

Nous en sommes jaloux.

Où sont les rid' qu'on essaie de cacher,

Les cheveux poivrés-salés ?

Quelle potion avez-vous bu ?

On est sur le cul !


 

Refrain :

La vie commence à 60 ans

Quand on la connaît mieux qu'avant

Et que l'on a appris par coeur

Tous les raccourcis du bonheur.

La vie commence à 60 ans

Quand on peut prendr' enfin le temps

De répondr' aux questions qu'on pos',

De s'approcher plus près des chos'.


 

C'est une chanc' que nous avons eu

D'vous avoir comm' parent,

Les soirées tarot, whist et barbu

Ont marqué notre temps.

Vous nous avez tant appris, tant donné,

On ne veut rien oublier,

Doux papa, tendre maman,

On vous aime tant.


 

Refrain 2 :

La vie commence à 60 ans

Quand on se réveill' en chantant

Avec une voix toute neuv'

Et un moral à tout' épreuv',

Quand on a encore tout à fair'

Cueillir ses ros', être grands-parents

Chaqu' instant a un commenc'ment

 

La vie commenc' à 60 ans.

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16 novembre 2014 7 16 /11 /novembre /2014 10:27

Poursuivons la lecture de ce formidable ouvrage :


Fiat voluntas

 

Pauvre femme ! son lait à sa tête est monté.
Et, dans ses froids salons, le monde a répété,
Parmi les vains propos que chaque jour emporte,
Hier, qu'elle était folle, aujourd'hui, qu'elle est morte ;
Et, seul au champ des morts, je foule ce gazon,
Cette tombe où sa vie a suivi sa raison !

Folle ! morte ! pourquoi ? Mon Dieu ! pour peu de chose !
Pour un fragile enfant dont la paupière est close,
Pour un doux nouveau-né, tête aux fraîches couleurs,
Qui naguère à son sein, comme une mouche aux fleurs,
Pendait, riait, pleurait, et, malgré ses prières,
Troublant tout leur sommeil pendant des nuits entières,
Faisait mille discours, pauvre petit ami !
Et qui ne dit plus rien, car il est endormi.

Quand elle vit son fils, le soir d'un jour bien sombre,
Car elle l'appelait son fils, cette vaine ombre !
Quand elle vit l'enfant glacé dans sa pâleur,
– Oh ! ne consolez point une telle douleur ! –
Elle ne pleura pas. Le lait avec la fièvre
Soudain troubla sa tête et fit trembler sa lèvre ;
Et depuis ce jour-là, sans voir et sans parler,
Elle allait devant elle et regardait aller.
Elle cherchait dans l'ombre une chose perdue,
Son enfant disparu dans la vague étendue ;
Et par moments penchait son oreille en marchant,
Comme si sous la terre elle entendait un chant !

Une femme du peuple, un jour que dans la rue
Se pressait sur ses pas une foule accourue,
Rien qu'à la voir souffrir devina son malheur.
Les hommes, en voyant ce beau front sans couleur,
Et cet œil froid toujours suivant une chimère,
S'écriaient : Pauvre folle ! Elle dit : Pauvre mère !

Pauvre mère, en effet ! Un soupir étouffant
Parfois coupait sa voix qui murmurait : L'enfant !
Parfois elle semblait, dans la cendre enfouie,
Chercher une lueur au ciel évanouie ;
Car la jeune âme enfuie, hélas ! de sa maison,
Avait en s'en allant emporté sa raison !

On avait beau lui dire, en parlant à voix basse,
Que la vie est ainsi, que tout meurt, que tout passe ;
Et qu'il est des enfants, – mères, sachez-le bien ! –

Que Dieu, qui prête tout et qui ne donne rien,
Pour rafraîchir nos fronts avec leurs ailes blanches,
Met comme des oiseaux pour un jour sur nos branches !
On avait beau lui dire, elle n'entendait pas.
L'œil fixe, elle voyait toujours devant ses pas
S'ouvrir les bras charmants de l'enfant qui l'appelle.
Elle avait des hochets fait une humble chapelle.
C’est ainsi qu’elle est morte – en deux mois, sans efforts.

Car rien n'est plus puissant que ces petits bras morts
Pour tirer promptement les mères dans la tombe.
Où l'enfant est tombé bientôt la femme tombe.
Qu'est-ce qu'une maison dont le seuil est désert ?
Qu'un lit sans un berceau ? Dieu clément ! à quoi sert
Le regard maternel sans l'enfant qui repose ?
A quoi bon ce sein blanc sans cette bouche rose ?
[…]

17 février 1837

 

A Laure, Duchesse d’A.

 

Puisqu'ils n'ont pas compris, dans leur étroite sphère, 
Qu'après tant de splendeur, de puissance et d'orgueil, 
Il était grand et beau que la France dût faire 
L'aumône d'une fosse à ton noble cercueil ;

Puisqu'ils n'ont pas senti que celle qui sans crainte 
Toujours loua la gloire et flétrit les bourreaux 
A le droit de dormir sur la colline sainte, 
A le droit de dormir à l'ombre des héros ;

Puisque le souvenir de nos grandes batailles 
Ne brûle pas en eux comme un sacré flambeau ; 
Puisqu'ils n'ont pas de cœur ; puisqu'ils n'ont point d'entrailles ;
Puisqu'ils t'ont refusé la pierre d'un tombeau ;

C'est à nous de chanter un chant expiatoire ! 
C'est à nous de t'offrir notre deuil à genoux ! 
C'est à nous, c'est à nous de prendre ta mémoire 
Et de l'ensevelir dans un vers triste et doux !

C'est à nous cette fois de garder, de défendre 
La mort contre l'oubli, son pâle compagnon ; 
C'est à nous d'effeuiller des roses sur ta cendre ;
C'est à nous de jeter des lauriers sur ton nom !

Puisqu'un stupide affront, pauvre femme endormie, 
Monte jusqu'à ton front que César étoila, 
C'est à moi, dont ta main pressa la main amie, 
De te dire tout bas : Ne crains rien ! je suis là !

Car j'ai ma mission ; car, armé d'une lyre, 
Plein d'hymnes irrités ardents à s'épancher, 
Je garde le trésor des gloires de l'empire ; 
Je n'ai jamais souffert qu'on osât y toucher !

Car ton cœur abondait en souvenirs fidèles ! 
Dans notre ciel sinistre et sur nos tristes jours, 
Ton noble esprit planait avec de nobles ailes, 
Comme un aigle souvent, comme un ange toujours !

Car, forte pour tes maux et bonne pour les nôtres, 
Livrée à la tempête et femme en proie au sort, 
Jamais tu n'imitas l'exemple de tant d'autres, 
Et d'une lâcheté tu ne te fis un port !

Car, toi la muse illustre, et moi l'obscur apôtre, 
Nous avons dans ce monde eu le même mandat, 
Et c'est un nœud profond qui nous joint l'un à l'autre, 
Toi, veuve d'un héros, et moi, fils d'un soldat !

Aussi, sans me lasser, dans celte Babylone, 
Des drapeaux insultés baisant chaque lambeau, 
J'ai dit pour l'empereur : Rendez-lui sa colonne ! 
Et je dirai pour toi : Donnez-lui son tombeau !

 

                                   12 mars 1840

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1 novembre 2014 6 01 /11 /novembre /2014 00:38

J’adore cet auteur dont je vous ai déjà parlé à deux reprises avec « un employé modèle » et « un père idéal ». Avec « nécrologie », il poursuit son ascension auprès des grands romanciers, mais cela reste mon opinion. Cette nouvelle histoire se déroule toujours à Christchurch en Nouvelle-Zélande, patrie de l’auteur, Paul Cleave va nous balader dans cette ville et nous faire découvrir des personnages étranges, suspects les uns après les autres.telechargement-copie-3.jpg

 

Quatrième de couverture :

A la suite d’un drame personnel, Théodore Tate, un ancien flic, s’est reconverti en détective privé. Alors que la police s'active pour chasser le fameux Boucher de Christchurch, le serial killer qui terrorise la ville, c’est lui qu’on mandate pour s’occuper d’une banale exhumation, celle du corps d’un directeur de banque dont la veuve est suspectée d’homicide. Là, un glissement de terrain accidentel révèle la présence de trois cadavres immergés dans le lac qui borde le cimetière. S’agit-il de victimes du Boucher, ou bien un autre tueur en série est-il à l’œuvre ? Lorsqu’en plus on découvre dans le cercueil, à la place du corps de l’honorable banquier, celui d’une jeune inconnue, c’est le début d’un engrenage infernal pour Théodore qui va devoir découvrir seul la vérité sur cette affaire. Avant que la police ne découvre la vérité sur lui… et sur ses terribles secrets.

Après Un employé modèle, Paul Cleave nous emmène une nouvelle fois arpenter la face obscure de Christchurch, où, en dépit des apparences si tranquilles, même les morts ne sont plus en sécurité. Noir et glaçant.

Des cadavres, encore des cadavres… A croire que Christchurch est un nid à tueurs en série. Mais pour notre plus grand plaisir de lecteur de thrillers, on en redemande…

Quatre cadavres d’un coup cette fois-ci et en plus pas le corps attendu, ça démarre fort ! Des jeunes femmes enterrées dans d’autres cercueils, une énigme macabre qu’il va falloir résoudre, le chemin sera long et compliqué comme d’habitude et c’est ce que tout bon thriller doit offrir à ses lecteurs.

Théodore Tate est un anti-héros. Bon flic, sa vie bascule lorsqu’il perd sa fille dans un accident et que sa femme se retrouve dans un interminable coma. Il devient alcoolique, perd son boulot et se reconvertit en détective privé. Il a conservé quelques liens tendus avec ses collègues d’autant plus qu’aujourd’hui ils doivent travailler en parallèle.

Tout au long du roman, c’est un chassé-croisé entre les découvertes de Tate et celles de la police. Une journaliste ambitieuse vient bien entendu noircir le tableau et semer la zizanie entre eux, elle ne cherche qu’à évincer Tate de l’affaire car son passé trouble et son alcoolisme ne plaident pas en sa faveur.

Pour mener au mieux son enquête, Tate n’hésitera pas à « voler » des indices, à cacher des informations, et à secouer des témoins pour trouver le coupable mais au fur et à mesure de l’histoire, cette détermination lui coûtera plus cher qu’il ne le pressentait. Son passé nous sera dévoilé comme celui de nombreux personnages et décidément rien n’est tout rose à Christchurch…

 

 

A lire, bien entendu, comme tous les autres romans de cet auteur qui sait nous surprendre, maintenir le suspense à son comble et nous perdre dans les méandres sombres et effrayants de cette ville sinistre.

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17 octobre 2014 5 17 /10 /octobre /2014 20:34

Encore un long extrait, comment sélectionner quelque chose dans toute cette beauté, c'était impossible...

 

Le monde et le siècle

 

[…]

À quoi bon incliner sur ses axes mobiles
Ce globe monstrueux avec toutes ses villes,
Et ses monts et ses mers qui flottent alentour,
À quoi bon, ô Seigneur, l'incliner tour à tour,
Pour que l'ombre l'éteigne ou que le jour le dore,
Tantôt vers la nuit sombre et tantôt vers l'aurore ?
À quoi vous sert le flot, le nuage, le bruit
Qu'en secret dans la fleur fait le germe du fruit ?
À quoi bon féconder les éthers et les ondes,
Faire à tous les soleils des ceintures de mondes,
Peupler d'astres errants l'arche énorme des cieux,
Seigneur ! et sur nos fronts, d'où rayonnent nos yeux,
Entasser en tous sens des millions de lieues
Et du vague infini poser les plaines bleues ?
Pourquoi sur les hauteurs et dans les profondeurs
Cet amas effrayant d'ombres et de splendeurs ?
À quoi bon parfumer, chauffer, nourrir et luire,
Tout aimer, et, Dieu bon ! incessamment traduire,
Pour l'oeil intérieur comme pour l'oeil charnel,
L'éternelle pensée en spectacle éternel ?
Si c'est pour qu'en ce siècle où la loi tombe en cendre
L'homme passe sans voir, sans croire, sans comprendre,
Sans rien chercher dans l'ombre, et sans lever les yeux
Vers les conseils divins qui flottent dans les cieux,
Sous la forme sacrée ou sous l'éclatant voile
Tantôt d'une nuée et tantôt d'une étoile !
Si c'est pour que ce temps fasse, en son morne ennui,
De l'opprimé d'hier l'oppresseur d'aujourd'hui ;
Pour que l'on s'entre-déchire à propos de cent rêves ;
Pour que le peuple, foule où dorment tant de sèves,
Aussi bien que les rois, - grave et haute leçon ! -
Ait la brutalité pour dernière raison,
Et réponde, troupeau qu'on tue ou qui lapide,
À l'aveugle boulet par le pavé stupide !
Si c'est pour que l'émeute ébranle la cité !
Pour que tout soit tyran, même la liberté !
Si c'est pour que l'honneur des anciens gentilshommes,
Par eux-même amené dans l’ornière où nous sommes,

Aux projets des partis s'attelle tristement ;
Si c'est pour qu'à sa haine on ajoute un serment
Comme à son vieux poignard on remet une lame ;
Si c'est pour que le prince, homme né d'une femme,
Né pour briller bien vite et pour vivre bien peu,
S'imagine être roi comme vous êtes Dieu !
Si c'est pour que la joie aux justes soit ravie ;
Pour que l'iniquité règne, pour que l'envie,
Emplissant tant de fronts de brasiers dévorants,
Fasse petits des coeurs que l'amour ferait grands !
Si c'est pour que le prêtre, infirme et triste apôtre,
Marche avec ses deux yeux, ouvrant l'un fermant l'autre,
Insulte à la nature au nom du verbe écrit,
Et ne comprenne pas qu'ici tout est l'esprit,
Que Dieu met comme en nous son souffle dans l'argile,
Et que l'arbre et la fleur commentent l'Évangile !
Si c'est pour que personne enfin, grand ou petit,
Pas même le vieillard que l'âge appesantit,
Personne, du tombeau sondant les avenues,
N'ait l'austère souci des choses inconnues,
Et que, pareil au boeuf par l'instinct assoupi,
Chacun trace un sillon sans songer à l'épi !
Car l'humanité, morne et manquant de prophètes,
Perd l'admiration des oeuvres que vous faites ;
L'homme ne sent plus luire en son coeur triomphant
Ni l'aube, ni le lys, ni l'ange, ni l'enfant,
Ni l'âme, ce rayon fait de lumière pure,
Ni la création, cette immense figure !

De là vient que souvent je rêve et que je dis :
-- Est-ce que nous serions condamnés et maudits ?
Est-ce que ces vivants, chétivement prospères,
Seraient déshérités du souffle de leurs pères ?
Ô Dieu ! considérez les hommes de ce temps,
Aveugles, loin de vous sous tant d'ombres flottants.
Éteignez vos soleils, ou rallumez leur flamme !
Reprenez votre monde, ou donnez-leur une âme !

 

                                   17 juin 1839

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1 octobre 2014 3 01 /10 /octobre /2014 18:45

Ce livre m’a été conseillé par un ami avec lequel je partage beaucoup de goûts littéraires. Et quand la quatrième de couverture débute ainsi : « Un véritable aboutissement du genre. Des fanfares devraient saluer l’arrivée d’un thriller de cette ambition, de cette puissance et de cette maîtrise. » the Guardian, on se dit qu’on a tout intérêt à se laisser séduire.

Même si je n’ai pas lu les deux premiers livres de l’auteur « Seul le silence » et « Vendetta », ce n’est pas grave, ce troisième ouvrage n’a aucun rapport avec les autres…

 telechargement-copie-2.jpg

Quatrième de couverture :

Washington. Quatre meurtres. Quatre modes opératoires identiques. Tout laisse à penser qu'un serial killer est à l'oeuvre. Enquête presque classique pour l'inspecteur Miller. Jusqu'au moment où il découvre qu'une des victimes vivait sous une fausse identité, fabriquée de toutes pièces. Qui était-elle réellement ? Ce qui semblait être une banale enquête de police prend alors une ampleur toute différente et va conduire Miller jusqu'aux secrets les mieux gardés du gouvernement américain.

 

Ce livre n’est pas la résolution d’une enquête. Préparez-vous à être embarqué dans plusieurs missions, soyez prêts à poursuivre de multiples quêtes, rentrez dans la vie réelle, découvrez les mystères cachés par les gouvernements, certaines horreurs sont parfois vraiment arrivées.

Comment résoudre une enquête quand on n’a aucun indice ?

Comment identifier un coupable qui ne laisse aucune trace de son passage ?

Comment découvrir le nom des victimes quand leur identité première est complètement fausse ?

C’est à cette impasse que sont confrontés Miller et son équipe.

Je ne vous cache pas que c’est un thriller surprenant car durant les cents premières pages, ben clairement, on nage autant que les enquêteurs. On est perdus, on ne sait pas quoi faire ni comment avancer, créer des liens entre les victimes, émettre des suppositions sur les suspects, dresser un profil du tueur en série… Pourquoi ces femmes ? Pourquoi un tel acharnement contre elles ?

Puis arrive un premier témoignage. Enfin ! Mais pourtant, peut-on l’utiliser vraiment ? A-t-il réellement un lien avec les meurtres ? Peut-on s’y fier ? Et c’est reparti pour l’embrouille.

Un homme. Bizarre. Etrange. Un autre témoignage. Se drogue-t-il ? A-t-il toute sa raison ? Son comportement est agaçant. Ces propos nous freinent, nous perturbent. Que veut-il ? Qu’attend-il de nous ?

 

Voilà un rapide résumé de ce que vous réserve cet ouvrage. Original. Inédit. Enervant mais passionnant. Frustrant mais intéressant. Lent et parfois compliqué mais le final vaut le détour et comme moi vous resterez scotchés.

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15 septembre 2014 1 15 /09 /septembre /2014 05:09

Ce recueil est un petit bijou. Pour l’instant c’est celui que je préfère et pour lequel le choix des extraits a été rude. Sur les 44 poèmes présentés, je vous en propose 10. Certains seront en entier (les plus courts), pour d’autres il n’y aura que des extraits.

Le premier poème par exemple est absolument magnifique, Hugo y parle de son métier avec tant de passion et d’enthousiasme qu’il s’étale sur 39 strophes, je ne vous en ai sélectionnées que 10.

En espérant que mes choix vous satisferont, bonne lecture !

 

Fonction du poëte

 

[…]

Le poëte en des jours impies

Vient préparer des jours meilleurs.

Il est l’homme des utopies,

Les pieds ici, les yeux ailleurs.

C’est lui qui sur toutes les têtes,

En tout temps, pareil aux prophètes,

Dans sa main, où tout peut tenir,

Doit, qu’on l’insulte ou qu’on le loue,

Comme une torche qu’il secoue,

Faire flamboyer l’avenir !

 

Il voit, quand les peuples végètent !

Ses rêves, toujours pleins d’amour,

Sont faits des ombres que lui jettent

Les choses qui seront un jour.

On le raille. Qu’importe ! il pense.

Plus d’une âme inscrit en silence

Ce que la foule n’entend pas.

Il plaint ses contempteurs frivoles ;

Et maint faux sage à ses paroles

Rit tout haut et songe tout bas !

 

[…]

O générations ! courage !

Vous qui venez comme à regret,

Avec le bruit que fait l’orage

Dans les arbres de la forêt !

 

Douteurs errant sans but ni trêve,

Qui croyez, étendant la main,

Voir les formes de votre rêve

Dans les ténèbres du chemin !

 

Philosophes dont l’esprit souffre,

Et qui, pleins d’un effroi divin,

Vous cramponnez au bord du gouffre,

Pendus aux ronces du ravin !

 

[…]

Courage ! _ Dans l’ombre et l’écume

Le but apparaîtra bientôt !

Le genre humain dans une brume,

C’est l’énigme et non pas le mot !

 

Assez de nuit et de tempête

A passé sur vos fronts penchés.

Le vez les yeux ! levez la tête !

La lumière est là-haut ! marchez !

 

Peuples ! écoutez le poëte !

Ecoutez le rêveur sacré !

Dans votre nuit, sans lui complète,

Lui seul a le front éclairé.

Des temps futurs perçants les ombres,

Lui seul distingue en leurs flancs sombres

Le germe qui n’est pas éclos.

Homme, il est doux comme une femme.

Dieu parle à voix basse à son âme

Comme aux forêts et comme aux flots.

 

C’est lui qui, malgré les épines,

L’envie et la dérision,

Marche, courbé dans vos ruines,

Ramassant la tradition.

De la tradition féconde

Sort tout ce qui couvre le monde,

Tout ce que le ciel peut bénir.

Toute idée, humaine ou divine,

Qui prend le passé pour racine

A pour feuillage l’avenir.

 

Il rayonne ! il jette sa flamme

Sur l’éternelle vérité !

Il la fait resplendir pour l’âme

D’une merveilleuse clarté.

Il inonde de sa lumière

Ville et désert, Louvre et chaumière,

Et les plaines et les hauteurs ;

A tous d’en haut il la dévoile ;

Car la poésie est l’étoile

Qui mène à Dieu rois et pasteurs !

 

                                   25 mars – 1er avril 1839

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1 septembre 2014 1 01 /09 /septembre /2014 01:46

C'est flatteur d'être contactée par un éditeur qui souhaite avoir votre avis sur un ouvrage. Un petit mail qui égaie votre journée, voilà ce qui m'est arrivé il y a quelques mois. Pourquoi moi ? Parce que j'aime les écrits de Shakespeare et car j'en fais part sur mon blog et sur Babelio.

Le titre de l'ouvrage proposé ? Roméo et Juliette avant Shakespeare, les éditions Aux Forges de Vulcain.

Comment résister ? Ben c'est tout simplement impossible donc on achète le livre et on le lit.

 

Commençons par une citation des éditions elles-mêmes à la fin de l'ouvrage : "Les Editions Aux forges de Vulcain forgent patiemment les outils de demain. Elles produisent des textes. Elles ne croient pas au génie, elles croient au travail. Elles ne croient pas à la solitude de l'artiste, mais à la bienveillance mutuelle des artisans. Elles espèrent plaire et instruire. Elles souhaitent changer la figure du monde."

Ben c'est réussi ! Shakespeare est en fait un copieur ! J'en tombe des nues et je ne serai pas la seule, croyez-moi sur parole. Mais comment cela est-il possible ?

C'est très simple et c'est le thème principal de l'ouvrage : Shakespeare s'est appuyé sur des romans existants pour écrire certaines de ses oeuvres. Du pompage pur et simple ? Non quand même pas, il ne faut pas exagérer ! Il a gardé les trames, les noms des personnages parfois et les a mixés à sa sauce. J'entends par là qu'il a ajouté ses plus beaux verbes et vers, son humour, son engagement auprès de la cause féminine bref tout son talent indéniable pour enjoliver les romans originaux.

Et le livre le prouve pour six oeuvres en tout cas puisqu'il met en lumière ces romans oubliés, volés à William Painter, Geoffrey Fenton, Richard Tarlton, George Whestone et Barnabe Rich des auteurs du XVIème siècle.

J'ai tout dévoré avec curiosité, cherchant les similitudes et les variantes d'avec les oeuvres de Shakespeare et je dois avouer que c'était un travail très intéressant. Jusqu'où Shakespeare a-t-il été dans le plagiat si je peux appeler ça ainsi, c'est un peu fort peut-être... Pour Roméo et Juliette par exemple de William Painter, c'est absolument déconcertant et effarant. Ce roman représente le tiers de l'ouvrage et c'est clairement la même histoire, le même titre, les mêmes prénoms mais les noms des familles sont Capellet et Montesque, ça change beaucoup... Ca m'a poignardé mon petit coeur, une petite déception envers mon seigneur et maître, je l'admets. Heureusement, les cinq autres oeuvres (La Joyeuse Epouse, le Capitaine jaloux, Tout est bien qui finit bien, Mesure pour mesure et Apolonius et Silla) sont quand même bien différentes de celles de Shakespeare, nettement plus courtes déjà, rudement moins intéressantes car il y a peu de dialogues, beaucoup trop de descriptions ce qui rend l'ensemble long, mou et moins accrocheur. L'humour de Shakespeare est aussi absent et c'est dommage mais je reconnais que les trames sont parfois quasi-identiques.

 

Alors Shakespeare dans tout ça... Pour Roméo et Juliette, il s'est énormément inspiré du roman publié ici mais il a ajouté sa petite touche personnelle, ses rimes, ses phrases souples et suaves, lourdes de sentiments et de métaphores et c'est pour cela que j'ai choisi l'extrait qui va suivre. Painter avait du talent, c'est sûr et j'ai aimé le lire ; mais il n'avait pas la beauté irréprochable de Shakespeare comme vous pourrez vous en rendre compte par vous-même.

La joyeuse Epouse de Richard Tarlton était agréable à lire. Un humour un peu loupé de nos jours mais sûrement drôle à l'époque. C'était léger et rapide. Shakespeare s'en est peut-être un peu inspiré pour "les joyeuses commères de Windsor".

Le capitaine jaloux de Geoffrey Fenton était franchement laborieux. Je me suis ennuyée, les phrases sont longues, lourdes et freinent vraiment le rythme de l'histoire. On est bien loin d'Othello...

Pour Tout est bien qui finit bien, on retrouve le talent de Painter et c'est à nouveau plaisant à lire. Il parvient encore à capter notre attention et à nous émouvoir du début à la fin. Shakespeare a conservé le titre de cette oeuvre mais a procédé à pas mal de changements quand même.

Mesure pour mesure de George Whestone est une histoire captivante car pleine de rebondissements. La lecture est fluide mais il y a trop de remarques inutiles dans la marge. Mêmes remarques que précédemment pour l'utilisation qu'en a fait Shakespeare.

Pour finir, Apolonius et Silla de Barnabe Rich se lit avec aisance et légèreté, les émotions sont présentes et je reconnais une certaine beauté dans les dialogues. Shakespeare a pu s'en inspirer pour "la nuit des rois".

 

En résumé, à l'exception de Roméo et Juliette, Shakespeare a quand même fait son job. Certes, il a utilisé quelques idées, des bribes par ci, par là mais ses oeuvres sont quand même un bon cran au-dessus. En privilégiant les dialogues aux descriptions, il a su donner un rythme à ses romans, ajouter une touche d'humour souvent présente, bien évidemment beaucoup de beautés et de poésie dans ses textes mais surtout et c'est ce qui manque cruellement dans les cinq derniers ouvrages cités, la femme n'y est pas mise à l'honneur comme Shakespeare sait le faire...

Pour finir, je remercie les Editions "Aux forges de Vulcain" de m'avoir informée de cette parution étrange et surprenante. J'ai vraiment eu plaisir à lire ces romans apparemment "motivateurs", c'était une sympathique découverte que je vous invite à partager.

 

Extrait 1 : Roméo et Juliette : premiers échanges :

"Mercutio, toujours audacieux avec les femmes, tel un lion parmi les agneaux, s'empara soudain de la main de Juliette - Juliette aux mains froides comme glace de montagne, été comme hiver, même à proximité du feu. Assis à la gauche de Juliette, Roméo s'aperçut que Mercutio la tenait par la main droite et, pour éviter d'être supplanté dans son intention, lui prit l'autre main et la serra un peu ; ému par cette faveur singulière, il demeura interdit, incapable de s'exprimer. Lorsqu'elle le vit changer de couleur, elle comprit que la faute en revenait à la force de son amour et, désireuse de lui parler, elle se tourna vers lui et lui dit, d'une voix tremblante où se mêlaient la pudeur virginale et une certaine timidité :

- Béni soit l'instant où vous vous êtes approché.

Elle allait poursuivre sur le même tom mais l'amour lui scella les lèvres et elle ne put achever son propos. Alors le jeune homme, transporté par une joyeuse satisfaction, lui demanda en soupirant à quoi il devait cette heureuse chance ; Juliette, que les regards poignants et l'abord souriant de Roméo avaient enhardie, lui dit alors :

- Monsieur, rien d'étonnant à ce que je me réjouisse de votre venue, quand messire Mercutio, qui me tient la main depuis un moment, m'a transmis le gel de ses mains glacées, alors que par votre courtoisie vous l'avez réchauffée.

Ce à quoi Roméo rétorqua :

 

- Madame, si les cieux m'accordent la faveur de vous rendre service, moi que le hasard a conduit ici en compagnie d'autres messieurs, je m'estime heureux et je ne réclame d'autre récompense pour me combler de satisfaction dans ce monde que de vous servir, vous obéir et vous honorer aussi longtemps que durera ma vie, ce que l'expérience vous prouvera amplement quand vous souhaiterez éprouver mon dévouement. En outre, si ma main en touchant la vôtre a pu vous transmettre la moindre chaleur, sachez que ces flammes sont mortes en comparaison des étincelles jaillissantes que jettent vos beaux yeux quand ils émettent ce feu violent qui a si farouchement enflammé les parties les plus sensibles de mon corps : si vos bonnes grâces ne se portent pas à mon secours, je ne peux manquer de me consumer complètement.

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15 août 2014 5 15 /08 /août /2014 10:24

Dernière partie des voix intérieures. De jolies déclarations d'Hugo à ses enfants qu'il aimait tant...
A venir des rayons et des ombres.

 

 

A des oiseaux envolés

 

Enfants ! – oh ! revenez ! Tout à l’heure, imprudent,
Je vous ai de ma chambre exilés en grondant,
Rauque et tout hérissé de paroles moroses.
Et qu’aviez-vous donc fait, bandits aux lèvres roses ?
Quel crime ? quel exploit ? quel forfait insensé ?
Quel vase du Japon en mille éclats brisé ?
Quel vieux portrait crevé ? quel beau missel gothique
Enrichi par vos mains d’un dessin fantastique ?
Non, rien de tout cela. Vous aviez seulement,
Ce matin, restés seuls dans ma chambre un moment,
Pris, parmi ces papiers que mon esprit colore,
Quelques vers, groupe informe, embryons près d’éclore,
Puis vous les aviez mis, prompts à vous accorder,
Dans le feu, pour jouer, pour voir, pour regarder
Dans une cendre noire errer des étincelles,
Comme brillent sur l’eau de nocturnes nacelles,
Ou comme, de fenêtre en fenêtre, on peut voir
Des lumières courir dans les maisons le soir.
Voilà tout. Vous jouiez et vous croyiez bien faire.

Belle perte, en effet ! beau sujet de colère !
Une strophe, mal née au doux bruit de vos jeux,
Qui remuait les mots d’un vol trop orageux !
Une ode qui chargeait d’une rime gonflée
Sa stance paresseuse en marchant essoufflée !
De lourds alexandrins l’un sur l’autre enjambant
Comme des écoliers qui sortent de leur banc !
[…]
 

J’ai donc eu tort. C’est dit. Mais c’est assez punir,
Mais il faut pardonner, mais il faut revenir.
Voyons, faisons la paix, je vous prie à mains jointes.
Tenez, crayons, papiers, mon vieux compas sans pointes,
Mes laques et mes grès, qu’une vitre défend,
Tous ces hochets de l’homme enviés par l’enfant,
Mes gros chinois ventrus faits comme des concombres,
Mon vieux tableau, trouvé sous d’antiques décombres,
Je vous livrerai tout, vous toucherez à tout !
Vous pourrez sur ma table être assis ou debout,
Et chanter, et traîner, sans que je me récrie,
Mon grand fauteuil de chêne et de tapisserie,
Et sur mon banc sculpté jeter tous à la fois
Vos jouets anguleux qui déchirent le bois !
[…]
 

Je vous dirais : _ Enfants, ne touchez que des yeux
A ces vers qui demain s’envoleront aux cieux.
Ces papiers, c’est le nid, retraite caressée,
Où du poëte ailé rampe encor la pensée.
Oh ! n’en approchez pas ! car les vers nouveau-nés,
Au manuscrit natal encore emprisonnés,
Souffrent entre vos mains innocemment cruelles.
Vous leur blessez le pied, vous leur froissez les ailes,
Et, sans vous en douter, vous leur faites ces maux
Que les petits enfants font aux petits oiseaux._
 
Mais qu’importe les miens ! _ Toute ma poésie,
C’est vous, et mon esprit suit votre fantaisie.
Vous êtes les reflets et les rayonnements
Dont j’éclaire mon vers si sombre par moments.
[…]

  •                                    23 avril 1837

 

XXIII

 

A quoi je songe ? _ Hélas ! loin du toit où vous êtes,
Enfants, je songe à vous ! à vous, mes jeunes têtes,
Espoir de mon été déjà penchant et mûr,
Rameaux dont, tous les ans, l’ombre croît sur mon mur !
Douces âmes à peine au jour épanouies,
Des rayons de votre aube encor tout éblouies !
Je songe aux deux petits qui pleurent en riant,
Et qui font gazouiller sur le seuil verdoyant,
Comme deux jeunes fleurs qui se heurtent entre elles,
Leurs jeux charmants mêlés de charmantes querelles !
Et puis, père inquiet, je rêve aux deux aînés
Qui s’avancent déjà de plus de flot baignés,
Laissant pencher parfois leur tête encor naïve,
L’un déjà curieux, l’autre déjà pensive !
 
Seul et triste au milieu des chants des matelots,
Le soir, sous la falaise, à cette heure où les flots,
S’ouvrant et se fermant comme autant de narines,
Mêlent au vent des cieux mille haleines marines,
Où l’on entend dans l’air d’ineffables échos
Qui viennent de la terre ou qui viennent des eaux,
Ainsi je songe ! _ à vous, enfants, maison, famille,
A la table qui rit, au foyer qui pétille,
A tous les soins pieux que répandent sur vous
Votre mère si tendre et votre aïeul si doux !
Et tandis qu’à mes pieds s’étend, couvert de voiles,
Le limpide océan, ce miroir des étoiles,
Tandis que les nochers laissent errer leurs yeux
De l’infini des mers à l’infini des cieux,
Moi, rêvant à vous seuls, je contemple et je sonde
L’amour que j’ai pour vous dans mon âme profonde,
Amour doux et puissant qui toujours m’est resté,
Et cette grande mer est petite à côté !

                                   15 juillet 1837 à Fécamp au bord de la mer

 

Tentanda via est

 

Ne vous effrayez pas, douce mère inquiète
Dont la bonté partout dans la maison s’émiette,
De le voir si petit, si grave et si pensif.
Comme un pauvre oiseau blanc qui, seul sur un récif,
Voit l’océan vers lui monter du fond de l’ombre,
Il regarde déjà la vie immense et sombre.
Il rêve de la voir s’avancer pas à pas.
O mère au cœur divin, ne vous effrayez pas,
Vous en qui, _ tant votre âme est un charmant mélange !
L’ange voit un enfant et l’enfant voit un ange.

Allons, mère, sans trouble et d’un air triomphant
Baisez-moi le grand front de ce petit enfant.
Ce n’est pas un savant, ce n’est pas un prodige,
C’est un songeur ; tant mieux. Soyez fière, vous dis-je !
La méditation du génie est la sœur,
Mère, et l’enfant songeur fait un homme penseur,
Et la pensée est tout, et la pensée ardente
Donne à Milton le ciel, donne l’enfer à Dante !
 

Un jour il sera grand. L’avenir glorieux
Attend, n’en doutez pas, l’enfant mystérieux
Qui veut savoir comment chaque chose se nomme
Et questionne tout, un mur autant qu’un homme.
Qui sait si, ramassant à terre sans effort
Le ciseau colossal de Michel-Ange mort,
Il ne doit pas, livrant au granit des batailles,
Faire au marbre étonné de superbes entailles ?
Ou, comme Bonaparte ou bien François premier,
Prendre, joueur d’échecs, l’Europe pour damier ?
Qui sait s’il n’ira point, voguant à toute voile,
Ajoutant à son œil, que l’ombre humaine voile,
L’œil du long télescope au regard effrayant
Ou l’œil de la pensée encor plus clairvoyant,
Saisir, dans l’azur vaste ou dans la mer profonde,
Un astre comme Herschell, comme Colomb un monde ?
 
Qui sait ? Laissez grandir ce petit sérieux.
Il ne voit même pas nos regards curieux.
Peut-être que déjà ce pauvre enfant fragile
Rêve, comme rêvait l’enfant qui fut Virgile,
Au combat que poursuit le poëte éclatant ;
Et qu’il veut, aussi lui, tenter, vaincre, et sortant
Par un chemin nouveau de la sphère où nous sommes,
Voltiger, nom ailé, sur les bouches des hommes.

 

  •                                    9 juin 1837
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1 août 2014 5 01 /08 /août /2014 10:49

Je vous avais déjà parlé de cet auteur néo-zélandais qui m’avait scotchée avec son premier thriller : un employé modèle. Il réussit à nouveau ici à nous tenir en haleine mais en jouant cette fois-ci avec une palette d’émotions plus étendue. Son héros est un bon père de famille qui va traverser de sombres périodes et ses sentiments de colère, de haine et ses profondes tristesses vont nous traverser aussi, nous ne serons pas épargnés.

 

pere-ideal-copie-2.jpg  Quatrième de couverture : Jack Hunter a longtemps été un bon époux et un père idéal. Un homme bien sous tous rapports, hormis cette petite manie secrète et discutable : le meurtre violent de prostituées. Aussi son fils Edward ne s'attendait-il pas à ce que la police vienne un jour frapper à la porte de leur maison si tranquille pour arrêter le premier serial killer de l'histoire de Christchurch, Nouvelle-Zélande. Vingt ans plus tard, Edward est à son tour devenu un citoyen modèle. Comptable sans histoire dans un cabinet d'avocats de la ville, il a tout fait pour oublier et faire oublier ses sombres origines. Mais le jour où sa femme est sauvagement assassinée, c'est vers son père, toujours derrière les barreaux, qu'il va se tourner pour prendre conseil. Pourra-t-il faire autrement que de marcher sur ses traces ? L'instinct de tueur est-il vraiment héréditaire ? Autant de questions qu'Edward va devoir affronter durant une folle semaine qui verra sa vie bien rangée basculer dans l'horreur.

 

Dès le départ, la question est posée et nous turlupine. La folie d’un père, ses envies de meurtre, sa violence sont-elles héréditaires ? Toute la ville en est persuadée et Edward en paiera les frais durant toutes ses jeunes années. Il sera sans cesse épié, on parlera de lui en de mauvais termes, bref on ne le laissera pas tranquille alors qu’il n’est en aucun responsable des faits et gestes de son malade de père, un père qu’il déteste aujourd’hui, un père monstrueux qui lui en fait encore baver alors qu’il est en prison depuis des années, un père qui le rend malheureux, différent aux yeux de tous, un père qui le fait rejeter dans sa propre ville et dans les villes voisines. Comment trouver sa voie, comment s’en sortir quand on fait face au quotidien à toute cette méfiance et cette haine sourde et malsaine ? L’amour. Sa femme, la mère de sa petite fille lui a fait confiance, l’a aimé, l’a épousé et l’a rendu heureux dans cette jolie maison de banlieue où sa fille adorable s’épanouit.

Mais tout bascule. Tout chavire. Tout le passé va resurgir quand sa femme se fait tuer lors d’un cambriolage de banque. Ils auraient pu ne pas s’y trouver, il aurait dû se taire, elle aurait dû être encore en vie et maintenir cet équilibre qu’il chérissait tant.

La vengeance. Inévitable. Compréhensible. Dangereuse. Edward ne pense qu’à ça. Elle l’obsède, lui fait tourner la tête, lui rappelle des flashs enfouis dans sa mémoire. Ses beaux-parents et sa fille ne pèsent pas beaucoup dans la balance. L’envie est trop forte, le besoin de soigner sa peine et sa colère doit être assouvi. Il en sera ainsi. Qu’importent les inspecteurs qui tournent autour de lui et de son passé, le psychiatre de son père qui est persuadé qu’Edward va basculer, le danger, la prison, les risques, la peur, Edward ne peut qu’écouter la Voix et lui obéir comme son père l’avait fait. Ce père qui reprend soudain contact avec lui, ce paternel qui l’encourage à céder et qui va l’aider dans sa quête de sang et de meurtres…

 

A lire, à comprendre ou pas, à subir en tout cas car ce thriller est aussi bon que le premier. Nous sommes des espions, nous voulons qu’il s’occupe de sa fille et qu’il résiste mais en même temps son inépuisable chagrin nous émeut terriblement et on comprend sa vengeance sans pour autant la pardonner.

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