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Oh toi visiteur, amateur de poésie,

Que ta curiosité a mené jusqu’ici,
Laisse-toi naviguer au gré de tes envies
Parcours tout ce qui gravite autour de ma vie.
  Ce ne sont que des essais couchés sur papier,
Une partie de moi qui voulait s’exprimer,
Des mots que je ne pouvais laisser enfermés,
C’est tellement beau de les entendre chanter…
  Flotte sur les méandres de mes sentiments,
Partage rires et peines, vole à mes vents,
Vogue sur mes larmes lourdes comme une enclume
  Pour que ton cœur palpite au rythme de ma plume.


15 juillet 2016 5 15 /07 /juillet /2016 00:55

Le livre de poche de la collection Folio théâtre que j'ai acheté est plus que complet. Il débute par une longue préface d'Yves Bonnefoy qui analyse certaines parties de l'histoire à l'aide d'autres de Shakespeare. Le roman, quant à lui est bilingue ici : l'oeuvre originale à gauche, l'oeuvre traduite en français par Bonnefoy à droite. Ceci est très intéressant d'ailleurs car on se demande d'abord pourquoi les vers en français ont cette coupe un peu aléatoire, mais on se rend compte qu'elle est identique en anglais et que ce n'est pas à cause des rimes car il n'y en a pas. Un dossier complet finit le livre, Bonnefoy y relate la bibliographie de Shakespeare, les sources et références ainsi que de nombreuses notes sur les représentations de la pièce à l'époque de Shakespeare mais aussi sur les choix des traductions qu'il a faits.

Résumé : L'ancien duc de Milan Prospéro et sa petite fille ont été exilés sur une île déserte. Prospéro a été trahi par son propre frère qui lui a volé son poste. Il survit pendant de nombreuses années sur cette île avec sa fille Miranda et un esprit Ariel doté de pouvoirs magiques. Prospéro va alors utiliser plusieurs sortilèges pour faire échouer le bateau transportant ses ennemis et les ramener sur l'île afin d'assouvir sa vengeance.

Cette histoire est plus qu'originale pour Shakespeare pour plusieurs raisons.

Si le terrible naufrage n'est pas une nouveauté puisqu'il a déjà été exploité dans "le soir des rois", il est ici bien plus malveillant, plus sombre car les rescapés se retrouvent sur une île déserte où ils doivent survivre, dispersés, pensant que les autres sont tous morts. C'est d'ailleurs un judicieux parallèle avec ce qui s'était passé des années auparavant pour Prospéro et sa fille Miranda.

Le rôle de la seule femme est ici mineure alors que bien souvent Shakespeare met les femmes de ses romans en avant.

La magie est employée dans toute sa splendeur, les sortilèges sont le sang de cette histoire. C'était le seul moyen pour Prospéro, perdu sur une île déserte, d'assouvir sa vengeance, de faire payer aux responsables son exil forcé avec sa fille. Par quel autre moyen aurait-il pu accéder aux vies humaines sur le bateau lointain pour leur tendre son piège machiavélique ?

Il est difficile au début de retrouver toute la beauté et la malice de Shakespeare. Mais plus on avance dans la lecture, plus les monologues deviennent subtils et beaux, certaines répliques sont vraiment drôles et dans mes choix pour les extraits ci-dessous j'ai essayé de vous mettre un joli panachage de ce qui m'a plu. J'ai trouvé que par rapport aux autres oeuvres lues, l'histoire mettait plus de temps à se mettre en place et à passionner le lecteur mais le milieu et la fin sont vraiment intéressants, donc soyez patients et laissez-vous sublimer par les pouvoirs de Prospéro. Bon spectacle !

Extraits :

Acte I Scène 2 :

Prospéro à Miranda :

Mon art, repose ici.

Et toi, essuie tes yeux, console-toi,

Car l'horrible spectacle de ce naufrage

Qui éveilla ta compassion, si vertueuse,

Mon art, ma clairvoyance l'ont réglé

Si précautionneusement que pas une âme

N'en a pâti ; et que sur ce vaisseau

Où l'on criait si fort et que tu vis sombrer

Personne n'a perdu pas même un cheveu.

Ton oncle, quand un jour il fut passé maître

Dans l'art de satisfaire ou de rejeter les requêtes,

Favorisant un tel, empêchant tel autre

De se pousser trop haut, eh bien, il fit siens mes hommes,

Il les changea, il en fit d'autres êtres,

Il eut la clef du clerc comme du bureau,

Il fit de tous les coeurs, partout dans l'Etat,

Les cordes de sa musique, bref, il devint

Li lierre qui couvrit mon tronc princier,

Et en tarit la sève...

[...]

Fais bien attention, je te prie !

Comme je négligeais les choses du monde,

Tout à cette retraite dont j'attendais

Le perfectionnement de mon esprit

Par cette science qui, d'être trop secrète,

Passe certes l'entendement des gens du commun,

J'éveillai dans mon frère, ce déloyal,

Sa mauvaise nature ; ma confiance même,

Comme celle d'un trop bon père, fit naître en lui

En sens inverse, une traîtrise égale

A cette fois qui n'avait pas de bornes,

Hélas, non, pas de bornes ! Et lui, le maître

Ainsi de tout, prérogatives, revenus,

Et qui mentait si bien qu'à force de mentir

Il corrompit sa mémoire elle-même

Qui l'assura qu'était vrai son mensonge,

Lui, donc, ne douta plus qu'il était le duc

Donc il avait les dehors, le pouvoir,

Et, ambitieusement, de plus en plus...

[...]

Miranda

Mais comment se fait-il

Qu'on ne nous ait pas tués, cette nuit-là ?

Prospéro

Bonne question, ma fille. Mon récit

Y incite, c'est sûr. Ils n'osèrent pas, mon aimée,

Mon peuple m'aimait trop. Ils se gardèrent

De teindre leur méfait de sang, ils voulurent peindre

Un horrible projet de belles couleurs,

Bref, ils nous ont jetés dans une barque

Et conduit à des lieues au large, où attendait

Par leurs soins un rafiot, coque pourrie,

Sans voilure, sans mâts, et que les rats même

Avaient abandonnée, d'instinct. Là ils nous laissèrent

A pleurer dans la mer qui, en retour,

Nous hurlait ses clameurs ; à gémir dans les vents

Dont la pitié, c'était de gémir de même

Mais sans trop nous secouer, comme avec amour.

Miranda

Las, quelle gêne

Je dus être pour vous !

Prospéro

Tu fus un ange,

C'est toi qui me sauvas. Tu souriais,

Forte d'une assurance venue des cieux,

Alors que moi j'agrémentais la mer

D'un supplément de sel avec les larmes

Que mon fardeau m'arrachait. C'est toi

Qui me mis coeur au ventre, qui me donnas

L'énergie d'affronter ce qui allait suivre.

Acte II Scène 1

Alonso

Tais-toi, de grâce ! Tes discours ne me sont de rien.

Gonzalo

J'en crois aisément Votre Grandeur. Et je ne parlais de la sorte que pour donner occasion de plaisanter à ces gentilshommes, qui ont la rate si sensible et primesautière que c'est leur habitude de rire à propos de rien.

Antonio

De rien, en effet, puisque c'est de vous que nous rions.

Gonzalo

De moi qui ne suis rien auprès de vous pour le persiflage, en effet. Si bien que vous pouvez continuer de rire à propos de rien.

Antonio

Voilà qui est porter un bon coup !

[...]

Ariel qui chante à l'oreille de Gonzalo

Pendant que tu dors ici

D'autres veillent, qui ont ourdi

Un complot contre ta vie.

Si tu tiens à ton existence

Réveille-toi, prends conscience.

Debout, debout !

Acte II Scène 2

Stéphano

Si tu es bien Trinculo, sors de là-dessous. Je vais te tirer par tes jambes les plus courtes... Si jambes de Trinculo il y a, il faut que ce soit celles-là. (Il le tire de sous le manteau) Trinculo ! Du pur Trinculo, ma parole ! Comment t'y es-tu pris pour te faire l'étron de ce rejeton de la lune ? Est-ce qu'il chierait des Trinculos ?

Acte III Scène 1

Ferdinand

Il est des exercices bien éprouvants

Mais dont pourtant la durée rehausse

Un plaisir qu'on y trouve ; des abaissements

Que l'on endure sans déchoir ; et d'extrêmes misères

Qui peuvent enrichir. Cette basse besogne

Me serait aussi accablante qu'odieuse

Si la maîtresse que je sers ne donnait vie

A la mort même, et ne transformait mon épreuve

En véritables délices.

[...]

Ferdinand

Miranda admirable ! La cime

De mon pouvoir d'admirer ! Miranda l'égale

De tout ce qui au monde a le plus de prix !

J'ai regardé bien des dames avec faveur,

Et bien des fois mon oreille trop prompte

S'est asservie à la musique de leur voix.

Pour diverses vertus j'ai aimé plusieurs femmes,

Jamais pourtant d'un coeur assez comblé

Pour ne pas voir que tel défaut, tel autre,

En combattraient, en désarmaient la grâce.

Mais vous, mais vous ! Parfaite, incomparable,

Vous êtes faite du meilleur de tous les êtres.

Miranda

Je n'en connais aucun autre.

D'aucun visage de femme je n'ai mémoire

Si ce n'est du mien, en miroir. Et je n'ai vu non plus

Aucun être que je puisse nommer un homme

Sauf vous, mon doux ami, et mon cher père.

A quoi ressemble-t-on ailleurs qu'ici,

Je n'en sais rien ; mais ma virginité

En soit témoin, qui est mon seul joyau,

Je ne voudrais d'autre compagnon, dans ce monde,

Que vous ; et je n'imagine aucune figure

Que je puisse aimer, sauf la vôtre... Mais j'ai parlé

Trop impulsivement, et j'en ai oublié

Les prescriptions de mon père.

Ferdinand

De mon état je suis prince, Miranda,

Et je crois même, bien à regret,

Que je suis roi maintenant ; et pas davantage

Fait pour souffrir cette corvée de bois

Que garder sur ma bouche la mouche à viande.

Mais écoute ce que mon âme te déclare.

Dès le premier instant où je t'ai vue

Mon coeur fut à tes pieds. C'est pour te servir

Qu'il m'y retient, ton esclave. Et c'est pour toi

Que je suis ce patient déplaceur de bûches.

Miranda

M'aimez-vous donc ?

Ferdinand

O ciel, ô terre, soyez témoins de ma parole

Et donnez-lui fortune aussi favorable

Que sa pensée est sincère ! Mentirais-je,

Que meurent mes plus hautes espérances !

Oui, je vous aime, je vous estime, je vous honore

Par-dessus tout ce qui existe au monde.

Miranda

Quelle folle je suis !

Pleurer à ce qui me fait tant plaisir !

Prospéro à part

Belle, heureuse rencontre

De coeurs de la qualité la plus rare !

Puisse le Ciel verser toutes ses grâces

Sur ce qui prend naissance entre ces deux êtres !

Acte IV Scène 1

Prospéro

Si j'ai châtié avec trop de rigueur,

Te voici bien dédommagé ! Car moi,

C'est un tiers de ma vie que je te donne,

Sinon sa raison d'être : bien, reçois-la

De mes mains, à nouveau. Toutes ces vexations

N'étaient que pour sonder ton amour, et tu as

Supporté l'épreuve à merveille. Devant le Ciel

Je te confirme donc mon précieux présent.

Oh, Ferdinand,

Ne souris pas que j'aie tant de fierté d'elle !

Tu le découvriras, Miranda passe toutes louanges,

Sa perfection les essouffle.

Acte V Scène 1

Prospéro

Mon entreprise en est à son point critique,

Car mes charmes ne flanchent pas ; et les esprits

M'obéissent ; et le temps porte son fardeau

Sans broncher... Où en est-il, le temps ?

[...]

Ariel

[...] Le roi de Naples

Et son frère et le vôtre continuent

Tous trois de délirer, au grand dam des autres

Qui débordent d'angoisse et de désarroi ;

Et parmi eux surtout

Celui que vous avez appelé, mon maître,

"Le bon vieux seigneur Gonzalo". Celui-là,

Ses pleurs trempent se barbe comme en hiver

L'eau de la pluie ruisselle des toits de chaume.

Vos enchantements les travaillent

Si puissamment que vous en auriez compassion

Si vous pouviez les voir en cette minute.

Prospéro

C'est vraiment là ta pensée, mon esprit ?

Ariel

Ce le serait si j'étais un être humain, monseigneur.

Prospéro

Soit, ce sera la mienne !

Car toi, qui n'es qu'une forme de l'air,

Tu es ému, leur affliction te touche ; et moi

Qui suis de leur espèce et ressens la souffrance

Aussi durement qu'eux, je n'aurais pas

Davantage de compassion ? C'est vrai qu'ils m'ont blessé

Au plus vif, de par leurs grands torts à mon égard,

Mais la part la plus noble de ma raison

Doit vaincre ma colère. Il est plus grand

D'être vertueux que de tirer vengeance.

Pour peu qu'ils se repentent je n'irai pas

Plus loin dans mon dessein, je ne froncerai pas

Le sourcil davantage. Et toi, Ariel,

Tu vas les libérer. Je désamorce mes sortilèges,

Je leur restitue la raison. A nouveau

Ils pourront être eux-mêmes.

Ariel

Je vais les chercher, mon maître.

Prospéro

Mes témoins soyez-vous, elfes des collines,

Des ruisseaux, des étangs paisibles, des bosquets,

Et vous autres aussi qui sans marquer le sable

Pourchassez Neptune en reflux, mais vous enfuyez

Dès que la marée monte ; vous, mes gracieux pantins

Qui tracez sous la lune ces cercles d'herbes

Que les brebis estiment trop amères ; vous qui aimez

Faire croître, à minuit, les champignons

Heureux d'avoir enfin entendu sonner l'heure

Solennelle du couvre-feu ! Fort de votre aide,

Aussi faibles chacun soyez-vous, petits princes,

J'ai éteint le soleil à midi, j'ai sommé

La révolte des vents de porter la guerre

Et son fracas entre le bleu du ciel et la mer verte,

Mettant à feu les voix terribles du tonnerre,

Fendant de Jupiter le plus noueux des chênes

Avec sa propre foudre ; et secouant

Le promontoire le plus massif, et déracinant

Cèdres et pins ! Les tombes, sur mon ordre,

Ont réveillé leurs morts, se sont ouvertes,

Les ont laissé sortir : tel fut mon Art,

Mon Art si redoutable. Et pourtant, voyez-le,

Cette magie primaire, je l'abjure,

Et quand j'aurai requis la musique du ciel,

Ce que je fais, en cet instant, afin

Qu'elle plie sous le charme de ses arpèges

Leurs sens à mon vouloir, je briserai

Ma baguette de magicien, je l'enfouirai

A des coudées sous terre ; et je noierai mon livre

Plus profond que ne peut atteindre aucune sonde.

Prospéro

Qu'une solennelle musique, le grand remède

De l'esprit qui s'égare, te guérisse,

Cerveau qui bout pour rien dans cette tête !

Et vous, encore sous le charme, restez-là, tous...

Vertueux Gonzalo, homme d'honneur,

Mes yeux, qu'émeut le spectacle des tiens,

Versant leurs larmes de l'amitié... L'enchantement

Qui le retient se dissipe,

Et comme le matin pénètre la nuit

Pour en chasser les ténèbres, leurs sens s'éveillent

Et la raison se lève dans ces fumées

Pour dissiper les fantasmes. Bon Gonzalo,

Toi qui fus mon salut, et restas fidèle

A ton seigneur, je récompenserai

Dûment, et en actions autant qu'en paroles,

Tes services et ta vertu. Alonso ?

Toi, c'est bien durement que tu nous traitas,

Ma fille et moi, assisté par ton frère,

Ce Sébastien que le remords tracasse, n'est-ce pas ?

Et toi, mon frère à moi, toi ma chair et mon sang,

Mais qui as sacrifié à ton ambition

Les voix de la nature et de ta conscience,

Et avec Sébastien, qui n'en souffre que davantage,

Aurais voulu tuer ton roi, et ici même !

Toi... Soit, je te pardonne,

Aussi dénaturé sois-tu... Leur entendement

S'accroît comme une marée monte, qui bientôt

Va recouvrir la plage de leur raison,

Boueuse pour l'instant, fétide. Mais aucun

Ne me regarde encore, aucun d'entre eux

Ne me reconnaîtrait. Ariel, va dans ma chambre,

Rapporte-m'en mon chapeau, mon épée.

Je veux me dépouiller de ce qui me cache

Je veux paraître

Comme jadis je fus : Milan lui-même.

Fais vite, esprit !

Avant qu'il soit long temps tu seras libre.

Epilogue dit par Prospéro

J'ai renoncé tous mes charmes

Et n'ai donc plus d'autres armes

Que ma pauvre humanité.

Vais-je ici rester confiné

Par vous, pourrai-je partir

Pour Naples ? Veuillez souffrir,

Mon duché m'étant restitué,

Le traître étant pardonné,

Que je quitte ce banc de sable

Et que vos mains secourables

Désenchevêtrent mes liens.

Faites à mes voiles le bien

De votre souffle, sinon

Mon projet ne fut rien de bon

Qui ne voulait que vous plaire.

Et il faut que je désespère,

N'ayant plus ni magie ni art

Si me manque aussi le rempart

De la prière qui prime

Sur la justice et rédime

Par le pardon toute offense.

Vous voulez, vous, cette indulgence

Pour vos propres fautes ? Soit !

Mais d'abord délivrez-moi.

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1 septembre 2014 1 01 /09 /septembre /2014 01:46

C'est flatteur d'être contactée par un éditeur qui souhaite avoir votre avis sur un ouvrage. Un petit mail qui égaie votre journée, voilà ce qui m'est arrivé il y a quelques mois. Pourquoi moi ? Parce que j'aime les écrits de Shakespeare et car j'en fais part sur mon blog et sur Babelio.

Le titre de l'ouvrage proposé ? Roméo et Juliette avant Shakespeare, les éditions Aux Forges de Vulcain.

Comment résister ? Ben c'est tout simplement impossible donc on achète le livre et on le lit.

 

Commençons par une citation des éditions elles-mêmes à la fin de l'ouvrage : "Les Editions Aux forges de Vulcain forgent patiemment les outils de demain. Elles produisent des textes. Elles ne croient pas au génie, elles croient au travail. Elles ne croient pas à la solitude de l'artiste, mais à la bienveillance mutuelle des artisans. Elles espèrent plaire et instruire. Elles souhaitent changer la figure du monde."

Ben c'est réussi ! Shakespeare est en fait un copieur ! J'en tombe des nues et je ne serai pas la seule, croyez-moi sur parole. Mais comment cela est-il possible ?

C'est très simple et c'est le thème principal de l'ouvrage : Shakespeare s'est appuyé sur des romans existants pour écrire certaines de ses oeuvres. Du pompage pur et simple ? Non quand même pas, il ne faut pas exagérer ! Il a gardé les trames, les noms des personnages parfois et les a mixés à sa sauce. J'entends par là qu'il a ajouté ses plus beaux verbes et vers, son humour, son engagement auprès de la cause féminine bref tout son talent indéniable pour enjoliver les romans originaux.

Et le livre le prouve pour six oeuvres en tout cas puisqu'il met en lumière ces romans oubliés, volés à William Painter, Geoffrey Fenton, Richard Tarlton, George Whestone et Barnabe Rich des auteurs du XVIème siècle.

J'ai tout dévoré avec curiosité, cherchant les similitudes et les variantes d'avec les oeuvres de Shakespeare et je dois avouer que c'était un travail très intéressant. Jusqu'où Shakespeare a-t-il été dans le plagiat si je peux appeler ça ainsi, c'est un peu fort peut-être... Pour Roméo et Juliette par exemple de William Painter, c'est absolument déconcertant et effarant. Ce roman représente le tiers de l'ouvrage et c'est clairement la même histoire, le même titre, les mêmes prénoms mais les noms des familles sont Capellet et Montesque, ça change beaucoup... Ca m'a poignardé mon petit coeur, une petite déception envers mon seigneur et maître, je l'admets. Heureusement, les cinq autres oeuvres (La Joyeuse Epouse, le Capitaine jaloux, Tout est bien qui finit bien, Mesure pour mesure et Apolonius et Silla) sont quand même bien différentes de celles de Shakespeare, nettement plus courtes déjà, rudement moins intéressantes car il y a peu de dialogues, beaucoup trop de descriptions ce qui rend l'ensemble long, mou et moins accrocheur. L'humour de Shakespeare est aussi absent et c'est dommage mais je reconnais que les trames sont parfois quasi-identiques.

 

Alors Shakespeare dans tout ça... Pour Roméo et Juliette, il s'est énormément inspiré du roman publié ici mais il a ajouté sa petite touche personnelle, ses rimes, ses phrases souples et suaves, lourdes de sentiments et de métaphores et c'est pour cela que j'ai choisi l'extrait qui va suivre. Painter avait du talent, c'est sûr et j'ai aimé le lire ; mais il n'avait pas la beauté irréprochable de Shakespeare comme vous pourrez vous en rendre compte par vous-même.

La joyeuse Epouse de Richard Tarlton était agréable à lire. Un humour un peu loupé de nos jours mais sûrement drôle à l'époque. C'était léger et rapide. Shakespeare s'en est peut-être un peu inspiré pour "les joyeuses commères de Windsor".

Le capitaine jaloux de Geoffrey Fenton était franchement laborieux. Je me suis ennuyée, les phrases sont longues, lourdes et freinent vraiment le rythme de l'histoire. On est bien loin d'Othello...

Pour Tout est bien qui finit bien, on retrouve le talent de Painter et c'est à nouveau plaisant à lire. Il parvient encore à capter notre attention et à nous émouvoir du début à la fin. Shakespeare a conservé le titre de cette oeuvre mais a procédé à pas mal de changements quand même.

Mesure pour mesure de George Whestone est une histoire captivante car pleine de rebondissements. La lecture est fluide mais il y a trop de remarques inutiles dans la marge. Mêmes remarques que précédemment pour l'utilisation qu'en a fait Shakespeare.

Pour finir, Apolonius et Silla de Barnabe Rich se lit avec aisance et légèreté, les émotions sont présentes et je reconnais une certaine beauté dans les dialogues. Shakespeare a pu s'en inspirer pour "la nuit des rois".

 

En résumé, à l'exception de Roméo et Juliette, Shakespeare a quand même fait son job. Certes, il a utilisé quelques idées, des bribes par ci, par là mais ses oeuvres sont quand même un bon cran au-dessus. En privilégiant les dialogues aux descriptions, il a su donner un rythme à ses romans, ajouter une touche d'humour souvent présente, bien évidemment beaucoup de beautés et de poésie dans ses textes mais surtout et c'est ce qui manque cruellement dans les cinq derniers ouvrages cités, la femme n'y est pas mise à l'honneur comme Shakespeare sait le faire...

Pour finir, je remercie les Editions "Aux forges de Vulcain" de m'avoir informée de cette parution étrange et surprenante. J'ai vraiment eu plaisir à lire ces romans apparemment "motivateurs", c'était une sympathique découverte que je vous invite à partager.

 

Extrait 1 : Roméo et Juliette : premiers échanges :

"Mercutio, toujours audacieux avec les femmes, tel un lion parmi les agneaux, s'empara soudain de la main de Juliette - Juliette aux mains froides comme glace de montagne, été comme hiver, même à proximité du feu. Assis à la gauche de Juliette, Roméo s'aperçut que Mercutio la tenait par la main droite et, pour éviter d'être supplanté dans son intention, lui prit l'autre main et la serra un peu ; ému par cette faveur singulière, il demeura interdit, incapable de s'exprimer. Lorsqu'elle le vit changer de couleur, elle comprit que la faute en revenait à la force de son amour et, désireuse de lui parler, elle se tourna vers lui et lui dit, d'une voix tremblante où se mêlaient la pudeur virginale et une certaine timidité :

- Béni soit l'instant où vous vous êtes approché.

Elle allait poursuivre sur le même tom mais l'amour lui scella les lèvres et elle ne put achever son propos. Alors le jeune homme, transporté par une joyeuse satisfaction, lui demanda en soupirant à quoi il devait cette heureuse chance ; Juliette, que les regards poignants et l'abord souriant de Roméo avaient enhardie, lui dit alors :

- Monsieur, rien d'étonnant à ce que je me réjouisse de votre venue, quand messire Mercutio, qui me tient la main depuis un moment, m'a transmis le gel de ses mains glacées, alors que par votre courtoisie vous l'avez réchauffée.

Ce à quoi Roméo rétorqua :

 

- Madame, si les cieux m'accordent la faveur de vous rendre service, moi que le hasard a conduit ici en compagnie d'autres messieurs, je m'estime heureux et je ne réclame d'autre récompense pour me combler de satisfaction dans ce monde que de vous servir, vous obéir et vous honorer aussi longtemps que durera ma vie, ce que l'expérience vous prouvera amplement quand vous souhaiterez éprouver mon dévouement. En outre, si ma main en touchant la vôtre a pu vous transmettre la moindre chaleur, sachez que ces flammes sont mortes en comparaison des étincelles jaillissantes que jettent vos beaux yeux quand ils émettent ce feu violent qui a si farouchement enflammé les parties les plus sensibles de mon corps : si vos bonnes grâces ne se portent pas à mon secours, je ne peux manquer de me consumer complètement.

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2 mars 2013 6 02 /03 /mars /2013 11:27

hamlet.jpg

 

 

 

Kenneth Branagh a fait du bon boulot, personne ne pourra contredire cela. A travers ce film, on sent sa passion pour Shakespeare ; il le joue et le parle avec aisance comme si ce langage riche et poétique était le sien. Par respect pour l’auteur, il a refusé de couper ou de modifier le texte intégral, aussi sachez-le si l’aventure vous tente, ce film dure 4 heures.

 

 

 

 

Ce qui perturbe immédiatement c’est l’époque. En effet, Branagh a fait le choix de transposer l’histoire au 19ème siècle. Les personnages évoluent donc dans un magnifique palais aux dorures et aux couleurs éclatantes. Moi qui ai adoré la version cinématographique de Franco Zeferelli avec Mel Gibson et Glenn Close, j’avoue que cela m’a choquée et peut-être même déçue. Pourquoi notre puriste a-t-il fait ce choix ? Pour montrer que les écrits de Shakespeare sont intemporels ? Et c’est vrai, les tirades de notre auteur sont universelles et finalement on se fait assez facilement à ce changement d’époque.


hamlet-1.jpgBranagh n’a pas lésiné sur les moyens. Les décors sont somptueux, les costumes d’une grande qualité et pour cause, le film a été tourné dans le château du duc de Malborough qui a d’ailleurs un petit rôle. La salle du trône offre un espace immense qui donne beaucoup de liberté à la caméra et la profondeur de champ est accentuée par des portes à miroir sans tain tout autour de cette salle. Branagh les utilise à merveille notamment lorsque Hamlet se fait passer pour fou et qu’il est épié à son insu par son oncle et le père d’Ophélie. De longs plans séquences se déroulent à cet endroit et certains sont vraiment étonnants, on a du coup l’impression d’être au théâtre, même quand une troupe de comédiens évolue dans cette salle et qu’on y place une scène et une centaine de places assises en pallier.

 

Le choix des acteurs est aussi une réussite. Kenneth Branaghophelie.jpg s’octroie le rôle principal et l’interprète avec brio, Derek Jacobi et Julie Christie (qui a mis entre parenthèses sa retraite pour le rôle) excellent en beau-père et mère coupables, Kate Winslet en Ophélie est toujours aussi merveilleuse et les costumes d’époque lui vont à ravir. C’est sur le tournage de ce film qu’elle a appris qu’elle serait Rose dans Titanic.

heston.jpgEt puis il y a quelques surprises tout au long du film, tout d’abord Charlton Heston qui joue un comédien de la troupe de théâtre, sa voix ténébreuse, caverneuse lui permet d’illuminer la scène et d’envahir l’espace comme nul autre, Gérard Depardieu a un petit rôle d’espion pour le père d’Ophélie, son accent anglais est plutôt bon, Robin Williams est l’arbitre du duel entre Laerte et Hamlet, avec sa bouille ronde couverte d’une moustache énorme il est la touche humoristique du film avec Billy Cristal en fossoyeur plutôt original. Ce dernier a d’ailleurs plutôt du mal à s’intégrer dans l’époque, son visage est trop contemporain.billy.jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Avec de tels décors et de tels acteurs de talent, le film devrait être un chef d’œuvre et pourtant il n’atteint pas ce niveau. Plusieurs choses m’ont dérangée à commencer par le texte et ça me coûte de le dire, moi qui adore la langue de Shakespeare empreinte d’une beauté et d’une profondeur inégalées. Certains dialogues et monologues sont franchement trop longs, Shakespeare place parfois tant de métaphores et d’images qu’on se perd dans le sens même de la tirade. Certains acteurs ne savent plus comment varier leur interprétation. A force, cela devient lourd, épuisant, oppressant et on est franchement soulagés quand l’entracte arrive au bout de 2 h 40 nous offrant l’excuse d’un repos pour notre cerveau, d’une bouffée d’air frais. Par rapport au livre ou au film de Zeferelli, le texte ajouté n’a rien de révolutionnaire ni de transcendant. Les plus belles phrases et les plus importantes sont déjà dans les versions courtes.

La seconde partie est plus légère, il y a moins de monologues, plus d’échanges entre les personnages, plus d’humour aussi et notre attention, notre intérêt reprennent le dessus aisément.

 

L’autre erreur à mon sens est la richesse des décors. Le film de Zeferelli m’avait marquée parce qu’il était sombre, gris, brumeux et froid. On ressentait alors davantage la peine, la haine de Hamlet, la tristesse et la folie d’Ophélie. Le roman est à la base une tragédie, ce que vivent nos deux amoureux est un cauchemar déchirant et placer cela dans un palais lumineux, somptueux aux couleurs vives et aux dorures aveuglantes freine notre compassion.

spectre.jpgA l’inverse les apparitions du spectre du père d’Hamlet sont une totale réussite. Branagh utilise la contre-plongée et une musique profonde et forte pour le rendre imposant et impressionnant. Lorsqu’il dévoile la vérité à son fils, les deux acteurs sont dans une forêt sombre et froide, aux arbres dénudés et resserrés, la neige recouvre le sol, la terre tremble et se fissure crachant de la fumée, les yeux du spectre sont d’un bleu pâle effrayant, sa voix vient d’outre-tombe, là on est dans la tragédie qui nous prend aux tripes et nous ancre dans le récit.

 

Pour finir, je dirais que ce film est réservé aux puristes. Je suis contente de l’avoir vu, mais je ne renouvellerai pas l’expérience. Il est beau à voir, Branagh y a mis tout son talent de réalisateur mais le texte est souvent trop lourd et étouffant. Si vous voulez découvrir Hamlet, choisissez une autre version cinématographique ou alors mieux, lisez le livre.

 

 

A découvrir aussi : le roman Hamlet

                               la biographie de Shakespeare

                               Othello

                               Mac Beth

                               Antoine et Cléopâtre

                               le film Shakespeare in love

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15 août 2012 3 15 /08 /août /2012 00:18

Cette comédie met en lumière le pouvoir de l’amour, son inévitabilité, sa nécessité. Elle est pleine de poésies, d’élans amoureux mais aussi bien sûr de ruses. Elle montre la difficulté pour les gentilshommes de suivre des études avec les sacrifices qu’ils doivent faire pour réussir. C’est aussi une ode à la tolérance puisque l’un d’entre eux va tomber amoureux d’une femme de couleur.

Une pièce de toute beauté.

 

peines.jpgRésumé : Les seigneurs Biron, Longueville et De Maine acceptent de suivre le roi Ferdinand de Navarre dans son étude. Aussi pour rester concentrés, ils se refusent toute distraction : femme, bonne chère, loisirs… pendant trois ans. La princesse de France, porteuse d’une lettre de son père le roi d’Aquitaine, arrive avec ses suivantes, elles vont perturber leur vœu…

 

Acte I Scène 1 :

Le Roi : Voulez-vous écouter cette lettre avec attention ?

Biron : Comme nous écouterions un oracle.

Trogne (le berger) : Quelle simplicité à l’homme d’écouter la chair !

Le Roi, lisant : « Grand député, vice-gérant du ciel et seul dominateur de la Navarre, dieu terrestre de mon âme, patron nourricier de mon corps… »

Trogne : Pas encore question de Trogne !

Le Roi, lisant : « Voici la chose… »

Trogne : Soit ! mais, quelle que soit la chose, s’il l’a dit, c’est un pas-grand-chose.

Le Roi : Paix !

Trogne : A tout homme qui, comme moi, n’ose pas se battre !

Le Roi : Silence !

Trogne : Sur les secrets d’autrui, je vous en conjure !

 

Acte I Scène 2 :

Armado : Comment peux-tu séparer la tristesse de la mélancolie, mon tendre jouvenceau ?

Phalène (son page) : Par une démonstration familière de leurs effets, mon raide ci-devant.

Armado : Pourquoi raide ci-devant ? Pourquoi raide ci-devant ?

Phalène : Pourquoi tendre jouvenceau ? Pourquoi tendre jouvenceau ?

Armado : J’ai dit  « tendre jouvenceau », parce que telle est l’épithète congrue qui sied à tes jeunes jours que nous pouvons appeler tendres.

Phalène : Et moi, « raide ci-devant », parce que tel est le titre qui convient à votre âge antique que nous pouvons qualifier de raide.

Armado : Joli et à propos !

Phalène : Qu’entendez-vous par là monsieur ? Est-ce moi qui suis joli et ma répartie à propos ? Ou moi qui suis à propos, et ma répartie jolie ?

Armado : Tu es joli, parce que tu n’es pas grand.

Phalène : Je ne suis pas grandement joli, puisque je ne suis pas grand. Mais pourquoi à propos ?

Armado : Parce que tu es vif.

[…]

Phalène, chantant :    Si votre belle est teinte de blanc et de rouge,

                                   Jamais ses fautes ne seront connues ;

                                   Car la rougeur des joues est produite par les fautes,

                                   Et les craintes se décèlent par une blanche pâleur.

                                   Aussi, qu’elle ait des craintes ou qu’elle soit coupable,

                                   Vous ne la connaîtrez plus par son teint.

                                   Car elle a sans cesse sur les joues les couleurs

                                   Qu’elle doit n’avoir que naturellement.

 

Acte III Scène 1 :

Biron : Oh ! mon pauvre petit cœur ! Me voir réduit à être son aide de camp, et à porter ses couleurs comme le cerceau enrubanné d’un saltimbanque ! Quoi donc ! Moi, aimer ! Moi, faire la cour ! Moi, chercher une épouse ! une femme, véritable horloge d’Allemagne, toujours à réparer, toujours dérangée, allant toujours mal, quelque soin qu’on prenne pour la faire aller bien ! Que dis-je ? Me parjurer, ce qui est le pire de tout, et, entre trois femmes, aimer la pire de toutes, une coquette au sourcil de velours, ayant deux boules noires en guise d’yeux ! Oui, et par le ciel ! une gaillarde qui fera des siennes, quand Argus serait son eunuque et son gardien ! Et je soupire pour elle ! Je perds le sommeil pour elle ! Je prie pour l’obtenir ! Allons ! c’est un châtiment que Cupidon m’inflige pour avoir méconnu sa toute-puissante et redoutable petite puissance. Soit ! je vais aimer, écrire, soupirer, prier, implorer et gémir. Il faut que les hommes aiment soit une madame, soit une Jeanneton.

 

Acte IV Scène 2 :

Nathaniel (le curé), lisant :

Si l’amour me rend parjure, comment puis-je jurer d’aimer ?

Ah ! les serments ne sont valables qu’adressés à la beauté !

Bien qu’à moi-même parjure, à toi je serai fidèle.

L’idée qui pour moi est un chêne, devant toi plie comme un roseau.

 

L’étude cessant de s’égarer fait son livre dans tes yeux

Qui recèlent toutes les jouissances accessibles à l’art.

Si la connaissance est le but, te connaître doit suffire.

Bien savante est la langue qui sait bien te louer !

 

Bien ignorante l’âme qui te voit sans surprise !

Il suffit à ma gloire d’admirer tes mérites.

L’éclair de Jupiter est dans ton regard ; sa foudre, dans ta voix

Qui, quand elle est sans colère, est musique et douce flamme.

 

Divine comme tu l’es, mon amour, oh ! pardonne

Si je chante le ciel dans une langue si terrestre.

 

 

Acte IV Scène 3 :

Le Roi, lisant :

Le soleil d’or ne donne pas un baiser aussi doux

A la rose encore humide des pleurs de la fraîche aurore

Que ton regard, quand il darde ses frais rayons

Sur mes joues que la nuit inonde de rosée.

 

La lune d’argent ne brille pas à beaucoup près

A travers le sein transparent de l’onde

Autant que ta beauté luit à travers mes pleurs :

Elle resplendit dans tous ceux que je verse.

 

Chacune de mes larmes la porte comme un char

D’où elle domine triomphalement ma douleur.

Regarde seulement les pleurs qui gonflent mes yeux

Et tu y verras ta gloire à travers ma détresse.

 

Va ! ne réponds pas à mon amour, et tu pourras toujours

Te mirer dans mes larmes, en me faisant pleurer sans cesse.

O reine des reines, combien tu es sublime !

La pensée ne peut le concevoir ni la langue humaine le dire.

 

[…]

 

Biron : En promettant de ne pas regarder un visage de femme, vous aviez abjuré l’emploi de vos yeux et l’étude même, objet de vos serments. Car quel est l’auteur au monde qui vous enseignera la beauté aussi bien qu’un regard de femme ? La science n’est qu’accessoire à nous-mêmes ; et partout où nous sommes, notre science est avec nous. Si donc nous nous voyons dans les yeux d’une femme, est-ce que nous n’y voyons pas aussi notre science ? Oh ! nous avons fait le vœu d’étudier, messeigneurs, et par ce vœu nous avons abjuré nos vrais livres.

 

 

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15 juin 2012 5 15 /06 /juin /2012 05:23

Cette pièce parut pour la première fois en 1623, sept ans après la mort de Shakespeare. Mais on peut se poser des questions sur son origine. En effet, en 1594, un auteur anonyme publia à Londres une pièce intitulée « Une mégère apprivoisée ». Le titre est quasiment identique, l’intrigue aussi mais les lieux, les prénoms et les relations entre les personnages diffèrents. Aussi peut-on faire des hypothèses : Shakespeare est-il cet auteur anonyme qui par la suite a amélioré sa pièce initiale en l’étoffant davantage ou bien est-ce qu’il s’est inspiré de cette pièce ?

C’est la seule fois que Shakespeare met en scène une femme acariâtre. Même si le titre de la pièce révèle le dénouement de l’histoire, on peut être surpris par cet écart. Par ailleurs, la pièce s’ouvre sur un prologue quelque peu étrange. Le duc et ses serviteurs décident de faire passer un ivrogne pour le duc. Ainsi ils lui font croire qu’il a perdu la mémoire et lui proposent de regarder une pièce de théâtre qui n’est autre que la pièce que nous lisons.

Si les répliques de la mégère et de son prétendant Petruchio font parfois sourire, il est cependant regrettable que des phrases en italien ou en latin n’aient pas été traduites. On ne peut aussi s’empêcher de penser à « La belle au bois dormant » même si les raisons de l’isolement ne sont pas identiques. Les personnages sont attachants surtout les prétendants de Bianca qui se lancent sans hésitation dans un imbroglio pour la séduire.

 

megere.jpgRésumé : Baptista, un riche gentilhomme de Padoue, refuse de marier sa cadette Bianca avant son aînée Catharina. Malheureusement celle-ci n’a pas la langue dans sa poche et ne plaît à aucun homme. Ainsi les deux prétendants de Bianca Hortensio et Grumio décident d’unir leurs efforts pour trouver un mari à Catharina. Baptista enferme Bianca pour lui éviter toute rencontre et se met à la recherche de professeurs pour ses filles. Quand Vincentio entend cela, il met au point un stratagème : il se portera volontaire pour donner des leçons à la jolie Bianca afin de la séduire et il fait passer son valet Tranio pour lui. D’autres jeunes garçons dont Hortensio acceptent aussi d’être des professeurs.

Petruchio rejoint son ami Hortensio et lui dit qu’il veut faire un mariage d’argent. Hortensio compte alors lui présenter Catharina…

 

Acte I Scène 2 :

Petruchio : Signor Hortensio, entre des amis tels que nous, quelques mots suffisent ; si donc tu connais une personne assez riche pour être la femme de Petruchio, comme l’argent est le refrain de ma chanson matrimoniale, fût-elle aussi laide que l’amoureuse de Florent, aussi vieille que la Sibylle, aussi bourrue et aussi acariâtre que la Xantippe de Socrate, ou pire encore, fût-elle aussi rude que la mer Adriatique en fureur, elle n’altérera pas, elle n’émoussera pas en moi le tranchant de la passion ! Je viens à Padoue faire un riche mariage ; s’il est riche, il est heureux.

Grumio : Voyez vous monsieur, il vous dit tout bonnement ce qu’il pense. Donnez-lui de l’or suffisamment, et mariez-le à une poupée, à une figurine ou à une vieille stryge édentée, ayant autant d’infirmités que cinquante-deux chevaux ! Tout est bien, s’il y a apport d’argent.

[…]

Petruchio : Pourquoi suis-je venu ici, sinon dans ce but ? Croyez-vous qu’un peu de tapage puisse effaroucher mes oreilles ? Est-ce que je n’ai pas dans mon temps entendu les lions rugir ? Est-ce que je n’ai pas entendu la mer, soulevée par les vents, faire rage, toute suante d’écume, comme un sanglier furieux ? Est-ce que je n’ai pas entendu gronder les grandes batteries dans les plaines, et l’artillerie du ciel dans les nuages ? Est-ce que je n’ai pas, dans une bataille rangée, entendu les bruyantes alarmes, le hennissement des coursiers et le cri des trompettes ? Et vous venez me parler de la langue d’une femme, qui frappe bien moins l’oreille qu’une châtaigne éclatant dans l’âtre d’un fermier ! Bah ! Bah ! Gardez vos épouvantails pour faire peur aux enfants.

 

Acte II Scène 1 :

Hortensio (parlant de Catharina) : Certes, non ; car c’est elle qui a rompu le luth sur moi. Je lui disais simplement qu’elle se trompait de touches, et je lui pliais la main pour lui apprendre le doigté, quand, dans un accès d’impatience diabolique : Des touches, s’écrie-t-elle, vous appelez ça des touches ? Eh bien, je vais les faire jouer ! Et, à ces mots, elle m’a frappé si fort sur la tête que mon crâne a traversé l’instrument. Et ainsi, je suis resté quelque temps pétrifié, comme un homme au pilori, ayant un luth pour carcan, tandis qu’elle me traitait de misérable racleur, de musicien manqué, et de vingt autres noms injurieux, comme si elle avait appris une leçon pour mieux m’insulter.

[…]

Petruchio : Ayant entendu dans toutes les villes vanter ta douceur, célébrer tes vertus et chanter ta beauté, bien moins cependant qu’elles ne le méritent, j’ai été porté à te rechercher pour femme.

Catharina : Porté !... à merveille ! Eh bien, que le diable qui vous a porté vous remporte ! Vous m’avez tout de suite eu l’air d’un meuble transportable.

Petruchio : Qu’est-ce à dire, d’un meuble…

Catharina : Oui, d’une chaise percée !

Petruchio : Tu as dit juste : assieds-toi donc sur moi.

Catharina : Les ânes sont faits pour porter, et vous aussi.

 

 

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1 juin 2012 5 01 /06 /juin /2012 18:27

anonymous1.jpgEnfin un film sur un des mes auteurs favoris pour ne pas dire le plus prestigieux, le plus talentueux ! J’avais hâte de le voir mais en même temps un peu peur. Mes craintes se portaient uniquement sur le fait que le film avance la théorie suivante : Shakespeare n’est pas l’homme qui a écrit les poèmes et les pièces de théâtre que nous connaissons tous. Certes cette hypothèse est plus que plausible puisque l’on sait que William Shakespeare n’était pas un noble, ni même un bourgeois. Fils d’un gantier, comment aurait-il pu manier la langue anglaise avec autant de brio ? Comme le réalisateur l’évoque dans les bonus (très intéressants d’ailleurs), dès le XVIIIème siècle, les érudits ont eu des doutes sur les capacités et les connaissances de Shakespeare. Mais on ne pouvait pas à l’époque remettre en cause un tel prodige, on ne pouvait salir le prestige d’un auteur si élogieux sans finalement s’attaquer à l’Angleterre elle-même si fière de son dramaturge.

 

C’est d’ailleurs ce qui est mis en lumière dès le début du film. Le narrateur, sur une scène de théâtre actuelle, raconte qu’aucun écrit, aucune lettre, aucune œuvre de Shakespeare n’a été retrouvée. On ne peut même pas prouver qu’il savait écrire ; d’ailleurs, il épelait son nom de la sorte : SHAKSPER. Certes il lisait puisqu’il était un comédien plutôt renommé. Son père et les deux filles de Shakespeare étaient eux-mêmes illettrés. Alors comment tout cela est-il possible ? Le doute est posé, les arguments sont énoncés pour justifier le film qui suivra.

 

Shakespeare est un comédien qui joue une scène de théâtre devant une foule assez conséquente. Le comte d’Oxford, Edouard de Vere, assiste à cette pièce et est impressionné par le nombre de spectateurs. Il trouve que c’est la meilleure façon finalement de toucher une multitude de personnes et de faire passer un message. C’est alors que le côté politique entre en scène. A cette époque, la reine Elisabeth n’a toujours pas nommé d’héritier et le temps presse vu son âge avancé. De Vere souhaiterait voir sur le trône le fils bâtard de la reine le comte d’Essex mais le conseiller personnel de la reine de puis plusieurs décennies, le comte Cecil, met plutôt en avant le roi James d’Ecosse. Or les Anglais ne veulent pas d’un Ecossais au pouvoir.


de-Vere.jpgDe Vere a toujours été attiré par l’écriture. Petit, déjà, il jouait devant la jeune reine Elisabeth et écrivait des pièces. Cette dernière, d’ailleurs, appréciait son talent et la beauté de son verbe. Malheureusement, à la mort de ses parents, de Vere est recueilli par le comte Cecil qui lui interdit formellement d’écrire de la poésie sous son toit. Cela empire lorsqu’il est contraint d’épouser la fille de son bienfaiteur. Du coup, toutes ses œuvres écrites en cachette n’ont jamais pu voir le jour.


Jonson, l’auteur de la pièce jouée par Shakespeare, reçoit alors uneshakes proposition du comte d’Oxford. En échange d’argent, il devra donner vie aux  œuvres de de Vere et les faire passer pour les siennes car un noble n’a pas le droit d’écrire de la sorte. Jonson hésite et en parle à William Shakespeare. A la fin de la représentation de la première pièce du comte d’Oxford, Henri V, le public acclame l’auteur mais c’est finalement Shakespeare qui monte sur scène et s’empare de la gloire qui ne finira pas de croître par la suite.


De Vere place ainsi ses pions et profite enfin de la mise en lumière de ses pièces même si le succès ne lui est pas attribué personnellement. Shakespeare se fait un nom, se montre gourmand et fait jaser d’autres dramaturges notamment Kit Marlowe qui ne croit pas Shakespeare capable d’écrire de telles œuvres. D’autre part, Cecil déteste les pièces de théâtre et s’offusque du fait que la reine y reine.jpgreprend goût. Les pièces du comte d’Oxford mettent en avant des nobles, des assassinats, des ruses politiques qui sont loin de plaire à Cecil mais qui éveillent davantage l’intérêt du peuple. C’est donc à travers le théâtre et les messages cachés dans les pièces que va s’achever la fin de l’époque élisabéthaine.

 

 

 

 

Ce film est réalisé à mon sens avec brio. Tout d’abord, les costumes et les décors sont magnifiques. Le scénario est un bijou, c’est avec une grande joie que je me suis replongée dans le langage shakespearien surtout qu’on a le privilège d’assister à plusieurs extraits d’œuvres. Les chassés croisés entre la jeunesse, l’adolescence et la vie « actuelle » d’Oxford sont faits judicieusement. Chaque retour en arrière est de courte durée, juste assez pour nous expliquer sa vie, ses choix au moment opportun. On apprend d’ailleurs à travers lui beaucoup d’informations intéressantes sur la reine Elisabeth. Les acteurs sont absolument remarquables surtout Rhys Ifans qui incarne le comte d’Oxford et Vanessa Redgrave la reine Elisabeth. L’histoire en elle-même se tient parfaitement même si elle égratigne un peu notre héros dépeint ici comme un ivrogne sans scrupules. Plus les minutes passent et plus l’hypothèse prend toute sa place, tout son sens. En effet, de Vere était un noble érudit qui a passé du temps en Italie. Il parlait le latin, le grec, le français et connaissait les lois élisabéthaines du XVIème siècle. Comme on le précise dans les bonus, toutes ces qualités étaient plus que nécessaires à l’auteur des œuvres de Shakespeare car les pièces mettent en scène des nobles, beaucoup se déroulent en Italie, plusieurs langues y sont parfois citées et les lois de l’époque sont utilisées. Il ne faut pas non plus se leurrer, Shakespeare n’avait aucune de ces capacités. Alors que ce soit le comte d’Oxford le père de ses œuvres somptueuses ou un groupe de dramaturges qui est l’autre hypothèse évoquée, qu’importe, l’essentiel c’est qu’elles aient subsisté à travers les temps et qu’elles nous enchantent encore aujourd’hui.

 

 

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1 mai 2012 2 01 /05 /mai /2012 08:22

gentilhomme.jpgNouvelle comédie de Shakespeare qui se passe comme son nom l’indique en Italie. Mais celui-ci a commis une erreur dans cette pièce, en effet Valentin qui habite à Vérone doit aller à Milan et pour ce faire, il se dirige au port et prend un bateau. Or il n’y a pas de fleuve ou de mer entre ces deux villes. Mais peu importe ce détail, l’essentiel est l’histoire.

Celle-ci n’est pas très originale, deux amis vont se disputer une femme, il y aura traîtrise bien évidemment, ce qui va semer le chaos dans l’amitié mais aussi dans l’amour. On y retrouve un peu de « La belle au bois dormant » puisque la femme en question est enfermée dans une tour par son père qui refuse de la voir épouser un autre que celui qu’il a choisi pour elle.

Le rôle de la femme qui se déguise en homme est ici moins subtil voire moins nécessaire que le rôle de Portia dans « Le marchand de Venise » ou que le rôle de Rosalinde dans « Comme il vous plaira ».

J’ai aussi été déçue par la fin qui est bien précipitée et trop facile à mon goût et par le manque de répliques drôles.

 

Résumé : Valentin doit quitter Vérone pour aller à la cour de l’empereur de Milan. Son ami Protée refuse de le suivre car il est fou amoureux de Julia, mais son père Antonio décide qu’il doit aussi aller suivre une formation à Milan. Lorsque Protée rejoint Valentin, celui-ci lui dévoile son amour pour la fille du duc Silvia et son projet de s’enfuir avec elle afin de lui éviter un mariage forcé avec Thurio. Malheureusement Protée succombe à la beauté de Silvia et dévoile le secret au duc. Le duc utilise une ruse pour faire avouer Valentin, le bannit et enferme sa fille dans une tour. A Vérone, Julia décide de rejoindre Protée et pour cela, elle se déguise en page. Elle découvre ainsi son amour épris d’une autre et qui tente par tous ses efforts de la séduire…

 

Acte I Scène 3 :

Protée : Ainsi ai-je évité le feu par crainte de me brûler, et je me suis plongé dans la mer où je me noie. Je n’ai pas voulu montrer à mon père la lettre de Julia, de peur qu’il n’objectât à mes amours ; et du prétexte donné par moi il a fait la plus puissante objection à mes amours. Oh comme ce printemps d’amour ressemble, par son incertaine splendeur, à la journée d’avril, qui naguère montrait toute la beauté du soleil et qui maintenant la laisse dérober par un nuage !

 

Acte II Scène 2 :

Protée : Voici ma main pour gage de ma royale constance. Si je laisse échapper une heure du jour sans soupirer pour toi, Julia, puisse dès l’heure suivante, quelque affreux accident mes faire expier cet oubli de mes amours ! Mon père m’attend ; ne réponds pas. C’est l’heure pour la marée, mais non pour la marée des larmes. Cette marée-là me retiendra plus que de temps qu’il ne faut. Julia, adieu ! (Julia sort précipitamment.) Quoi ! partie sans un mot ? Oui, voilà bien l’amour vrai ; il ne peut rien dire. Sa sincérité se distingue par les actes bien mieux que par les paroles.

 

Acte II Scène 4 :

Valentin, à Silvia, parlant de Protée : C’est là ce gentilhomme, je l’ai dit à votre Grâce, qui serait venu avec moi, si sa maîtresse n’avait tenu ses yeux captifs dans ses regards de cristal.

Silvia : Elle les a sans doute mis en liberté, sous la caution de quelque autre gage.

Valentin : Non, je suis sûr qu’elle les tient toujours prisonniers.

Silvia : Non, car il serait aveugle ; et, étant aveugle, comment pourrait-il voir son chemin pour vous retrouver ?

Valentin : Madame, c’est que l’Amour a vingt façons d’y voir.

[…]

Valentin : Ah ! Protée, ma vie a tout à fait changée depuis lors. J’ai été bien mortifié pour avoir méprisé l’amour. Son impérieuse autorité m’en a puni par des jeûnes amers, par des gémissements de pénitence, par des larmes, toutes les nuits, et , tous les jours, par de déchirants soupirs. Oui, pour se venger de mes mépris, l’amour a chassé le sommeil de mes yeux asservis et fait d’eux les gardes-malades de mon cœur. O gentil Protée ! L’Amour est un seigneur puissant, et il m’a humilié à ce point que, je le confesse, il n’est pas sur terre de souffrance égale à ses rigueurs, ni de joie comparable à ses faveurs ! Désormais, plus de causeries, si ce n’est sur l’Amour ! Désormais, pour avoir déjeuné, dîné, soupé et dormi, il me suffit de ce mot tout sec : Amour !

 

Acte II Scène 7 :

Lucette (servante de Julia qui vient de lui faire part de son intention de rejoindre Protée) : Mieux vaut attendre qu’il revienne.

Julia : Oh ! Tu ne sais donc pas que sa vue est l’aliment de mon âme ? Plais-moi de la disette où je languis, affamée de lui depuis si longtemps. Si tu connaissais seulement l’impression profonde de l’amour, tu songerais autant à allumer du feu avec de la neige qu’à éteindre le feu de l’amour avec des mots.

Lucette : Je ne songe pas à éteindre le feu ardent de votre amour, mais à en tempérer l’extrême fureur, pour qu’il ne brûle pas au-delà des bornes de la raison.

Julia : Plus tu veux le contenir, plus il brûle. Le courant qui glisse avec un doux murmure, tu le sais, pour peu qu’on l’arrête, s’impatiente et s’irrite. Mais quand son cours naturel n’est pas empêché, il fait une suave musique sur les cailloux émaillés, en donnant un doux baiser à chaque roseau qu’il dépasse dans son pèlerinage ; et ainsi, par mille sinueux méandres, il va s’évanouir, avec une folâtre complaisance, dans les solitudes de l’Océan. Laisse-moi donc aller et n’empêche pas ma course ; je serai aussi patiente qu’un doux ruisseau, et je me ferai un passe-temps de fatiguer mes pas, pourvu que le dernier m’amène à mes amours ! Là, je me reposerai, comme, après de longs tourments, une âme élue dans l’Elysée !

 

Acte III Scène 2 :

Lance (page de Protée) : Plus de cheveux que de cervelle… Ca se peut. Je vais le démontrer. Le couvercle de la salière cache le sel, il est donc plus volumineux que le sel ; de même, les cheveux, couvrant la cervelle, sont plus volumineux que la cervelle : le contenu est moindre que le contenant.

 

 

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                               Comme il vous plaira

                               beaucoup de bruit pour rien

                               le marchand de Venise

                               Roméo et Juliette

                               Jules César

                               Les sonnets de Shakespeare

                               Les joyeuses commères de Windsor

                               Songe d'une nuit d'été

                               Le soir des rois

                               le film Hamlet avec Mel Gibson

                                         le film Hamlet de K. Branagh

                               le film Anonymous

                               la mégère apprivoisée

                               peines d'amours perdues

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15 mars 2012 4 15 /03 /mars /2012 03:06

LeSoirDesRois.jpg

 

 

C’est une comédie sympathique mais qui est moins drôle que les précédentes. Il faut en effet attendre les dernières pages où les imbroglios sont géniaux pour enfin sourire. Il n’en est pas moins un bon récit aux déclarations d’amour joliment tournées, la lecture est fluide et apaisante et on tourne les pages avec ardeur pour découvrir comment notre héroïne Viola va pouvoir atteindre son dessein.



Résumé : L’histoire débute par un naufrage. Viola et Sébastien deux jumeaux qui se ressemblent comme deux gouttes d’eau croient chacun que l’autre a péri en mer. Viola se retrouve sans sou dans une contrée lointaine d’Illyrie. Elle décide alors de tenter sa chance auprès du duc Orsino et peut-être de le faire tomber amoureux d’elle. Pour pouvoir l’approcher, elle demande au capitaine du navire, rescapé lui aussi, de la déguiser en homme et de la faire entrer au service du duc. Ce dernier est follement épris de la comtesse Olivia qui n’a aucun sentiment pour lui. Son oncle Sir Tobie Belch veut la faire épouser Sir André Aguecheek son ami aussi ivrogne que lui. Le duc décide d’envoyer Viola qui se fait appeler Césarion comme messager afin qu’il déclare à Olivia tout son amour pour elle. Mais Viola est beau et parle avec le cœur et la poésie d’une femme, Olivia va donc contre son gré s’en éprendre. Des quiproquos vont s’en suivre d’autant plus que Sébastien fera son retour et sèmera le trouble car on le croit être Césarion.

 

Place aux extraits :

 

Acte I Scène 1 :

Le Duc : Si la musique est l’aliment de l’amour, jouez toujours, donnez-m’en à l’excès, que ma passion saturée en soit malade et expire ! Cette mesure encore une fois ! Elle avait une cadence mourante. Oh ! elle a effleuré mon oreille comme le suave zéphyr qui souffle sur un banc de violettes, dérobant et emportant un parfum… Assez ! pas davantage ! Ce n’est plus aussi suave que tout à l’heure. O esprit d’amour, que tu es sensible et mobile ! Quoique ta capacité soit énorme comme la mer, elle n’admet rien de si exquis et de si rare qui ne soit dégradé et déprécié au bout d’une minute, tant est pleine de caprices la passion, cette fantaisie suprême !

 

Acte II Scène 4 :

Le Duc : Que la femme prenne toujours un plus âgé qu’elle ! Elle n’en sera que mieux assortie, et que mieux en équilibre dans le cœur de son mari. Car, page, nous avons beau nous vanter, nos affections sont plus mobiles, plus instables, plus vives, plus vacillantes, plus tôt égarées et usées que celles des femmes.

Viola (se faisant passer pour Césarion) : Je le crois monseigneur.

Le Duc : Ainsi, que ta bien-aimée soit plus jeune que toi-même ! ou ton affection ne saurait garder le pli. Car les femmes sont comme les roses : leur fleur de beauté est à peine épanouie qu’elle s’étiole.

Viola : Elles sont ainsi en effet. Hélas ! pourquoi faut-il qu’elles soient ainsi, condamnées à dépérir alors même qu’elles atteignent la perfection ?

[…]

Le Duc : Encore une fois, Césario, retourne auprès de cette cruelle souveraine ; dis-lui que mon amour, plus noble que l’univers, ne fait aucun cas d’une quantité de terrains fangeux ; ces biens dont l’a comblée la fortune, dis-lui que je les traite aussi légèrement que la fortune elle-même ; mais ce qui attire mon âme, c’est cette merveille, cette perle-reine dont l’a parée la nature.

[…]

Le Duc : Le sein d’une femme ne saurait supporter les élans de la passion violente que l’amour m’a mise au cœur ; nul cœur de femme n’est assez grand pour contenir tant d’émotions ; nul n’est assez vaste. Hélas ! leur amour peut bien s’appeler un appétit : ce qui ému en elles, ce n’est pas le foie, c’est la palais, sujet à la satiété, à la répulsion, au dégoût. Mon cœur, au contraire, est affamé comme la mer et peut digérer autant qu’elle. Ne fais pas de comparaison entre l’amour que peut me porter une femme et celui que j’ai pour Olivia.

 

Acte V Scène 1 :

Feste ( bouffon d’Olivia) : Ma foi, monsieur, je me trouve mieux de mes ennemis, mais moins bien de mes amis.

Le Duc : Juste le contraire ! tu veux dire mieux de tes amis.

Feste : Non, monsieur, moins bien.

Le Duc : Comment est-ce possible ?

Feste : Dame, monsieur, mes amis me vantent et font de moi un âne ; mes ennemis au contraire me disent franchement que je suis un âne ; si bien que par mes ennemis, monsieur, j’arrive à mieux me connaître moi-même, et que par mes amis je suis abusé. Si donc, en fait de raisonnement comme ne fait de baisers, quatre négations valent deux affirmations, j’ai raison de dire que je me trouve moins bien de mes amis et mieux de mes ennemis.

Le Duc : Ah ! voilà qui est excellent.

Feste : Ma foi non, monsieur, bien qu’il vous plaise d’être de mes amis.

Le Duc : Tu ne t’en trouveras pas plus mal : voici de l’or.

Feste : Si ce n’était vous engager à la duplicité, monsieur, je vous prierais de faire récidive.

 

 

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15 janvier 2012 7 15 /01 /janvier /2012 18:02

Comédie absolument renommée de Shakespeare, j’avais hâte de la découvrir. Ici le rire ne se fait pas par l’intermédiaire du verbe mais par la dérision de certaines situations. C’est la première pièce de Shakespeare qui fait appel au monde féerique des fées, des Lutins, des Amazones… On y retrouve un méli-mélo amoureux sous un soupçon de poudre magique malencontreusement mal utilisée et qui va provoquer des quiproquos plus que rigolos.


 

songe-nuit.jpg

 

Résumé : Tout commence à nouveau par un mariage forcé : Egée veut marier sa fille Hermia à Démétrius alors qu’elle est amoureuse de Lysandre. Démétrius auparavant avait fait des promesses à Héléna la grande amie de Hermia. Hermia et Lysandre décident de se marier en cachette dans la forêt et font part de leur projet à Héléna qui, jalouse et rancunière envers Hermia, décide de révéler ce secret à Démétrius. Ils décident alors tous deux de les chercher dans les bois où leurs disputes à ce sujet parviennent aux oreilles d’Obéron, le roi des fées. Ce dernier charge Puck, son lutin, de trouver une fleur magique dont le suc posé sur les paupières entraîne un amour puissant pour la première personne entrevue au réveil. C’est ainsi que le suc est déposé sur les paupières de Titania (l’épouse d’Obéron) qui refuse de lui céder un enfant et sur les paupières de Lysandre au lieu des paupières de Démétrius. Lysandre va ainsi tomber amoureux d’Héléna et Titania d’un âne. C’est ainsi que finit la poésie et que commencent l’humour et les situations cocasses. Les rires seront aussi produits par une troupe d’artisans qui décident de faire une pièce de théâtre plus que ridicule pour le mariage de Thésée.

 

 

C’est une pièce de toute beauté tant par sa poésie que par la magie du monde féerique. On y voyage, on y rêve, on y rit, je vous la conseille vivement.

 


Acte I Scène 1 :

Hermia : Je supplie votre Grâce de me pardonner. J’ignore quelle puissance m’enhardit, ou combien ma modestie se compromet à déclarer mes sentiments devant un tel auditoire. Mais je conjure votre Grâce de me faire connaître ce qui peut m’arriver de pire dans le cas où je refuserais d’épouser Démétrius.

Thésée (duc d’Athènes) : C’est, ou subir la mort, ou d’abjurer pour toujours la société des hommes. Ainsi, belle Hermia, interrogez vos goûts, consultez votre jeunesse, examinez bien vos sens. Pourrez-vous, si vous ne souscrivez pas au choix de votre père, endurer la livrée d’une religieuse, à jamais enfermée dans l’ombre d’un cloître, et vivre toute votre vie en sœur stérile, chantant des hymnes défaillants à la froide lune infructueuse ? Trois fois saintes celles qui maîtrisent assez leurs sens pour accomplir ce pèlerinage virginal ! Mais le bonheur terrestre est à la rose qui se distille, et non à celle qui, se flétrissant sur son épine vierge, croît, vit et meurt dans une solitaire béatitude.

Hermia : Ainsi je veux croître, vivre et mourir, Monseigneur, plutôt que d’accorder mes virginales faveurs à ce seigneur dont le joug m’est répulsif et à qui mon âme ne veut pas conférer de souveraineté.

 

Acte III Scène 2 :

Héléna : Tenez, elle aussi, elle est de ce complot. Je le vois maintenant, ils se sont concertés, tous trois, pour arranger à mes dépens cette comédie. Injurieuse Hermia ! fille ingrate ! conspirez-vous, êtes-vous liguée avec ces hommes pour me harceler de cette affreuse dérision ? Avez-vous oublié toutes les confidences dont nous nous faisions part l’une à l’autre, nos serments d’être sœurs, les heures passées ensemble, alors que nous grondions le temps au pied hâtif de nous séparer ? Oh ! avez-vous tout oublié ? notre amitié des jours d’école, notre innocence enfantine ? Que de fois, Hermia, vraies déesses d’adresse, nous avons créé toutes deux avec nos aiguilles une même fleur, toutes deux sur le même modèle, assises sur le même coussin, toutes deux fredonnant le même chant, sur le même ton toutes deux, comme si nos mains, nos flancs, nos voix, nos âmes eussent été confondues ! Ainsi on nous a vues croître ensemble, comme deux cerises, apparemment séparées, mais réunies par leur séparation même, fruits charmants moulés sur une seule tige : deux corps visibles n’ayant qu’un seul cœur, deux jumelles aînées ayant droit à un écusson unique, couronné d’un unique cimier ! Et vous voulez déchirer notre ancienne affection en vous joignant à des hommes pour narguer votre pauvre amie ? Cette action n’est ni amicale, ni virginale ; notre sexe, aussi bien que moi, peut vous la reprocher, quoique je suis seule à ressentir l’outrage.

 

[…]

 

Puck ou Robin Bonenfant : Mon féerique seigneur, ceci doit être fait en hâte ; car les rapides dragons de la nuit fendent les nuages à plein vol, et là-bas brille l’avant coureur de l’aurore. A son approche, les spectres errant ça et là regagnent en troupe leurs cimetières : tous les esprits damnés, qui ont leur sépulture dans les carrefours et dans les flots, sont déjà retournés à leurs lits véreux. Car, de crainte que le jour ne luise sur leurs fautes, ils s’exilent volontairement de la lumière et sont à jamais fiancés de la nuit au front noir.

Obéron : Mais nous, nous sommes des esprits d’un autre ordre : souvent j’ai fait une partie de chasse avec l’amant de la matinée, et, comme un garde forestier, je puis marcher dans les halliers même jusqu’à l’instant où la porte de l’Orient, toute flamboyante, s’ouvrant sur Neptune avec de divins et splendides rayons, change en or jaune le sel vert de ses eaux. Mais, pourtant, hâte-toi ; ne perds pas un instant ; nous pouvons encore terminer cette affaire avant le jour.

 

Acte V Scène 1 :

Obéron chantant :

Maintenant jusqu’à la pointe du jour,

Chaque fée erre dans le palais de Thésée.

Nous irons, nous, au plus beau lit nuptial,

Et nous le bénirons,

Et la famille engendrée là

Sera toujours heureuse.

Désormais ces trois couples

S’aimeront toujours fidèlement ;

Et les stigmates de la nature

Ne s’attacheront pas à leur famille.

Ni verrue, ni bec-de-lièvre, ni cicatrice,

Nulle de ces marques néfastes qui

Flétrissent la nativité,

Ne sera sur leurs enfants.

Fées, répandez partout

La rosée sacrée des champs ;

Et bénissez chaque chambre,

En remplissant ce palais de la paix la plus douce.

Que la sécurité y règne à jamais

Et que le maître en soit béni ;

Filons ;

Ne nous arrêtons pas ;

Et retrouvons-nous à la pointe du jour.

 

Puck (aux spectateurs) : Ombres que nous sommes, si nous avons déplu, figurez-vous seulement (et tout sera réparé) que vous n’avez fait qu’un somme, pendant que ces visions vous apparaissaient. Ce thème faible et vain, qui ne contient pas plus qu’un songe, gentils spectateurs, ne le condamnez pas ; nous ferons mieux, si vous pardonnez. Oui, foi d’honnête Puck, si nous avons la chance imméritée d’échapper aujourd’hui au sifflet du serpent, nous ferons mieux avant longtemps, ou tenez Puck pour un menteur. Sur ce, bonsoir, vous tous. Donnez-moi toutes vos mains, si nous sommes amis, et Robin prouvera sa reconnaissance.

 

Cette dernière tirade ne vous rappelle-t-elle pas un film très connu ? L’acteur qui dit cette réplique n’est autre que Robert Sean Leonard celui qui joue actuellement le Docteur James Wilson dans Dr House. Non, toujours pas ? Il s’agissait de son tout premier film avec le jeune Ethan Hawke et l’inoubliable Robin Williams qui interprétait leur professeur un peu farfelu dans un collège très strict. Oui vous y êtes, « le cercle des poètes disparus ».

 

 

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2 décembre 2011 5 02 /12 /décembre /2011 18:12

commeres.jpgCette pièce aurait été composée en quatorze jours à la demande de la reine Elisabeth, qui, apparemment, se serait prise d’affection pour le personnage de Falstaff dans Henri IV et aurait fait la requête à Shakespeare de le faire revenir dans une pièce où il tomberait amoureux.

  

Résumé : Cette comédie parle évidemment d’amour mais place cette fois-ci la jalousie et l’avidité au premier plan. Deux familles vont se côtoyer et les épouses auront du fil à retordre pour contrecarrer les élans vils et vicieux de Falstaff. En effet, Mistress Page et Mistress Gué se rendent compte qu’elles ont reçu chacune une lettre d’amour absolument identique de ce gros personnage répugnant. Gué étant d’une jalousie maladive, les deux femmes décident de lui tendre des pièges afin de remettre Falstaff à sa place et de calmer le comportement abusif de Gué. En parallèle à cette histoire, il y aura aussi la question du mariage forcé qui sera soulevée avec la fille Page en première ligne.

 

 

J’ai pris beaucoup de plaisir à lire cette comédie où le personnage de Falstaff est vraiment tourné en ridicule, les mistresses lui font passer de mauvais moments et la jalousie de Gué est tellement disproportionnée qu’elle le fait passer pour un sot. Je vous recommande vivement cette comédie qui ne vous laissera pas de marbre même si le verbe de Shakespeare est moins mis en avant ici.

Sans attendre quelques extraits :

 

Acte II Scène 2 :

Gué se faisant passer pour Monsieur Fontaine amoureux éperdu de Mistress Gué : Je l’aime depuis longtemps, et je vous proteste que j’ai beaucoup fait pour elle : je l’ai suivie avec l’assiduité la plus passionnée ; j’ai saisi tous les moyens favorables pour la rencontrer ; j’ai payé chèrement la plus mince occasion de l’entrevoir, fût-ce un instant. Non seulement j’ai acheté pour elle bien des présents, mais j’ai donné beaucoup à bien des gens pour savoir quels dons elle pouvait souhaiter. Bref, je l’ai poursuivie, comme l’amour me poursuivait moi-même, c’est-à-dire sur les ailes de toute occasion. Mais, quoi que j’aie pu mériter, soit par mes sentiments, soit par mes procédés, je suis bien sûr de n’en avoir retiré aucun bénéfice, à moins que l’expérience ne soit un trésor ; pour celui-là, je l’ai acheté à un taux exorbitant, et c’est ce qui m’a appris à dire ceci : « l’amour fuit comme une ombre d’amour réel qui le poursuit, poursuivant qui le fuit, fuyant qui le poursuit. »

Falstaff : N’avez-vous reçu d’elle aucune promesse encourageante ?

Gué : Aucune.

Falstaff : L’avez-vous pressée à cet effet ?

Gué : Jamais.

Falstaff : De quelle nature était donc votre amour ?

Gué : Comme une belle maison bâtie sur le terrain d’un autre. En sorte que j’ai perdu l’édifice pour m’être trompé d’emplacement.

 

Acte III Scène 2 :

L’Hôte (par la ruse a permis l’évitement d’un duel entre le docteur français Caïus et le prêtre Sir Hugh Evans) : Paix, dis-je ! Ecoutez mon hôte de la Jarretière. Suis-je politique ? Suis-je subtil ? Suis-je un Machiavel ? Voudrais-je perdre mon docteur ? Non : il me donne des potions et des lotions. Voudrais-je perdre mon pasteur ? mon prêtre ? mon Sir Hugh ? Non : il me donne le verbe et les proverbes… Donne-moi ta main, savant terrestre… Donne-moi ta main, savant céleste. Ainsi, ainsi ! Enfants de la science, je vous ai trompé tous deux : je vous ai indiqué des rendez-vous différents. Vos cœurs sont grands, vos peaux sont intactes ; que le vin chaud termine cette affaire ! Allons mettre leurs épées en gage… Suis-moi, gars de paix ! Suivez, suivez, suivez !

 

Acte III Scène 5 :

Falstaff : […] Les marauds m’ont versé dans la rivière avec aussi peu de remords que s’ils avaient noyé les quinze aveugles petits d’une chienne ! Et vous pouvez voir par ma corpulence que j’ai une certaine propension à enfoncer ; quand le fond eût atteint jusqu’à l’enfer, j’y serais dégringolé. J’aurais été noyé si la rivière n’avait été basse et pleine d’écueils… Une mort que j’abhorre ! car l’eau enfle un homme. Et quelle figure j’aurais faite, ainsi enfilé ! J’aurais été une momie-montagne.

[…]

Allons ! versons un peu de vin dans l’eau de la Tamise. J’ai le ventre glacé comme si j’avais avalé des boules de neige en guise de pilules pour me rafraîchir les entrailles…

[ …]

Mistress Gué ! J’en ai eu assez, de gué ! J’ai été jeté dans le gué ! J’ai du gué plein le ventre !

 

 

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