Ma cousine m’a prêté le CD de Renan Luce « Repenti », je voulais vous faire découvrir le texte d’une de ses chansons que j’ai trouvé joli. La personnification de la feuille est originale et troublante à la fois.
Que doivent penser les miennes ?
Aurais-je imaginé que je me trouverais là
Une mine de stylo plantée là sur ma peau ?
Les yeux de mon bourreau qui ne me quittent pas
Ma blancheur lui fait peur, je sais qu’il cherche ses mots.
Je suis une feuille blanche, je ne demandais rien
Qu’à rester sur mon arbre et attendre la fin
Moi j’aimais le vent se perdant dans les feuilles
Le murmure de la sève qui me donnait la vie
Moi j’aimais la hauteur que j’avais sur les choses
Je n’ai pas vu venir la lame qui m’a trahie.
Si au moins je servais de papier officiel
Pour signer les traités et protéger les faibles
Ou être dans les mains d’un poète oublié
Qui me jetterait ses vers comme on cherche un ami.
J’aurais pu être pressée sur le cœur d’une enfant
Ecoutant dans mes lignes la voix de son amant
Ou être le pliage d’un gamin de huit ans
Et voler dans les airs sous les rires des enfants
Ou être dans les pages d’un livre d’histoire
Qui dit que le chemin est encore tellement long.
Mais voilà que je sens que la plume me frôle
Et les lettres se forment comme l’encre tourbillonne
Je n'ai jamais vu plus lourd que le poids de ces mots
C’est la misère d’un homme que je sens sur mon dos.
Il dit « je veux finir d’avec ma vie
Pardonne-moi mon amour mais je m’arrête ici
Ce n’est pas de ta faute si je baisse les bras
Mais j’ai perdu ma chance de gagner ici-bas. »
Et moi c’était mon rôle de porter tous ces mots
Et les larmes d’une femme tomberont sur moi bientôt.
J’aurais pu être pressée sur le cœur d’une enfant
Ecoutant dans mes lignes la voix de son amant
Ou être le pliage d’un gamin de huit ans
Et voler dans les airs sous les rires des enfants
Mais je tourne la page d’une triste histoire
Qui dit que le chemin n’était pas tellement long…
Pas tellement long…