Comédie absolument renommée de Shakespeare, j’avais hâte de la découvrir. Ici le rire ne se fait pas par l’intermédiaire du verbe mais par la dérision de certaines situations. C’est la première pièce de Shakespeare qui fait appel au monde féerique des fées, des Lutins, des Amazones… On y retrouve un méli-mélo amoureux sous un soupçon de poudre magique malencontreusement mal utilisée et qui va provoquer des quiproquos plus que rigolos.
Résumé : Tout commence à nouveau par un mariage forcé : Egée veut marier sa fille Hermia à Démétrius alors qu’elle est amoureuse de Lysandre. Démétrius auparavant avait fait des promesses à Héléna la grande amie de Hermia. Hermia et Lysandre décident de se marier en cachette dans la forêt et font part de leur projet à Héléna qui, jalouse et rancunière envers Hermia, décide de révéler ce secret à Démétrius. Ils décident alors tous deux de les chercher dans les bois où leurs disputes à ce sujet parviennent aux oreilles d’Obéron, le roi des fées. Ce dernier charge Puck, son lutin, de trouver une fleur magique dont le suc posé sur les paupières entraîne un amour puissant pour la première personne entrevue au réveil. C’est ainsi que le suc est déposé sur les paupières de Titania (l’épouse d’Obéron) qui refuse de lui céder un enfant et sur les paupières de Lysandre au lieu des paupières de Démétrius. Lysandre va ainsi tomber amoureux d’Héléna et Titania d’un âne. C’est ainsi que finit la poésie et que commencent l’humour et les situations cocasses. Les rires seront aussi produits par une troupe d’artisans qui décident de faire une pièce de théâtre plus que ridicule pour le mariage de Thésée.
C’est une pièce de toute beauté tant par sa poésie que par la magie du monde féerique. On y voyage, on y rêve, on y rit, je vous la conseille vivement.
Acte I Scène 1 :
Hermia : Je supplie votre Grâce de me pardonner. J’ignore quelle puissance m’enhardit, ou combien ma modestie se compromet à déclarer mes sentiments devant un tel auditoire. Mais je conjure votre Grâce de me faire connaître ce qui peut m’arriver de pire dans le cas où je refuserais d’épouser Démétrius.
Thésée (duc d’Athènes) : C’est, ou subir la mort, ou d’abjurer pour toujours la société des hommes. Ainsi, belle Hermia, interrogez vos goûts, consultez votre jeunesse, examinez bien vos sens. Pourrez-vous, si vous ne souscrivez pas au choix de votre père, endurer la livrée d’une religieuse, à jamais enfermée dans l’ombre d’un cloître, et vivre toute votre vie en sœur stérile, chantant des hymnes défaillants à la froide lune infructueuse ? Trois fois saintes celles qui maîtrisent assez leurs sens pour accomplir ce pèlerinage virginal ! Mais le bonheur terrestre est à la rose qui se distille, et non à celle qui, se flétrissant sur son épine vierge, croît, vit et meurt dans une solitaire béatitude.
Hermia : Ainsi je veux croître, vivre et mourir, Monseigneur, plutôt que d’accorder mes virginales faveurs à ce seigneur dont le joug m’est répulsif et à qui mon âme ne veut pas conférer de souveraineté.
Acte III Scène 2 :
Héléna : Tenez, elle aussi, elle est de ce complot. Je le vois maintenant, ils se sont concertés, tous trois, pour arranger à mes dépens cette comédie. Injurieuse Hermia ! fille ingrate ! conspirez-vous, êtes-vous liguée avec ces hommes pour me harceler de cette affreuse dérision ? Avez-vous oublié toutes les confidences dont nous nous faisions part l’une à l’autre, nos serments d’être sœurs, les heures passées ensemble, alors que nous grondions le temps au pied hâtif de nous séparer ? Oh ! avez-vous tout oublié ? notre amitié des jours d’école, notre innocence enfantine ? Que de fois, Hermia, vraies déesses d’adresse, nous avons créé toutes deux avec nos aiguilles une même fleur, toutes deux sur le même modèle, assises sur le même coussin, toutes deux fredonnant le même chant, sur le même ton toutes deux, comme si nos mains, nos flancs, nos voix, nos âmes eussent été confondues ! Ainsi on nous a vues croître ensemble, comme deux cerises, apparemment séparées, mais réunies par leur séparation même, fruits charmants moulés sur une seule tige : deux corps visibles n’ayant qu’un seul cœur, deux jumelles aînées ayant droit à un écusson unique, couronné d’un unique cimier ! Et vous voulez déchirer notre ancienne affection en vous joignant à des hommes pour narguer votre pauvre amie ? Cette action n’est ni amicale, ni virginale ; notre sexe, aussi bien que moi, peut vous la reprocher, quoique je suis seule à ressentir l’outrage.
[…]
Puck ou Robin Bonenfant : Mon féerique seigneur, ceci doit être fait en hâte ; car les rapides dragons de la nuit fendent les nuages à plein vol, et là-bas brille l’avant coureur de l’aurore. A son approche, les spectres errant ça et là regagnent en troupe leurs cimetières : tous les esprits damnés, qui ont leur sépulture dans les carrefours et dans les flots, sont déjà retournés à leurs lits véreux. Car, de crainte que le jour ne luise sur leurs fautes, ils s’exilent volontairement de la lumière et sont à jamais fiancés de la nuit au front noir.
Obéron : Mais nous, nous sommes des esprits d’un autre ordre : souvent j’ai fait une partie de chasse avec l’amant de la matinée, et, comme un garde forestier, je puis marcher dans les halliers même jusqu’à l’instant où la porte de l’Orient, toute flamboyante, s’ouvrant sur Neptune avec de divins et splendides rayons, change en or jaune le sel vert de ses eaux. Mais, pourtant, hâte-toi ; ne perds pas un instant ; nous pouvons encore terminer cette affaire avant le jour.
Acte V Scène 1 :
Obéron chantant :
Maintenant jusqu’à la pointe du jour,
Chaque fée erre dans le palais de Thésée.
Nous irons, nous, au plus beau lit nuptial,
Et nous le bénirons,
Et la famille engendrée là
Sera toujours heureuse.
Désormais ces trois couples
S’aimeront toujours fidèlement ;
Et les stigmates de la nature
Ne s’attacheront pas à leur famille.
Ni verrue, ni bec-de-lièvre, ni cicatrice,
Nulle de ces marques néfastes qui
Flétrissent la nativité,
Ne sera sur leurs enfants.
Fées, répandez partout
La rosée sacrée des champs ;
Et bénissez chaque chambre,
En remplissant ce palais de la paix la plus douce.
Que la sécurité y règne à jamais
Et que le maître en soit béni ;
Filons ;
Ne nous arrêtons pas ;
Et retrouvons-nous à la pointe du jour.
Puck (aux spectateurs) : Ombres que nous sommes, si nous avons déplu, figurez-vous seulement (et tout sera réparé) que vous n’avez fait qu’un somme, pendant que ces visions vous apparaissaient. Ce thème faible et vain, qui ne contient pas plus qu’un songe, gentils spectateurs, ne le condamnez pas ; nous ferons mieux, si vous pardonnez. Oui, foi d’honnête Puck, si nous avons la chance imméritée d’échapper aujourd’hui au sifflet du serpent, nous ferons mieux avant longtemps, ou tenez Puck pour un menteur. Sur ce, bonsoir, vous tous. Donnez-moi toutes vos mains, si nous sommes amis, et Robin prouvera sa reconnaissance.
Cette dernière tirade ne vous rappelle-t-elle pas un film très connu ? L’acteur qui dit cette réplique n’est autre que Robert Sean Leonard celui qui joue actuellement le Docteur James Wilson dans Dr House. Non, toujours pas ? Il s’agissait de son tout premier film avec le jeune Ethan Hawke et l’inoubliable Robin Williams qui interprétait leur professeur un peu farfelu dans un collège très strict. Oui vous y êtes, « le cercle des poètes disparus ».
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