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  • : Le blog de Satine
  • : Ecoutez les battements de mon coeur, laissez-vous bercer par sa musique et partagez ma passion pour la poésie.
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Coucher-de-soleil.jpg
Oh toi visiteur, amateur de poésie,

Que ta curiosité a mené jusqu’ici,
Laisse-toi naviguer au gré de tes envies
Parcours tout ce qui gravite autour de ma vie.
  Ce ne sont que des essais couchés sur papier,
Une partie de moi qui voulait s’exprimer,
Des mots que je ne pouvais laisser enfermés,
C’est tellement beau de les entendre chanter…
  Flotte sur les méandres de mes sentiments,
Partage rires et peines, vole à mes vents,
Vogue sur mes larmes lourdes comme une enclume
  Pour que ton cœur palpite au rythme de ma plume.


29 novembre 2017 3 29 /11 /novembre /2017 14:45

Chers lecteurs et lectrices,

Je vous informe qu'à partir d'aujourd'hui mon blog sera transféré chez eklablog. Vous pourrez dorénavant me suivre à l'adresse suivante :

http://raison-et-sentiment.eklablog.com

N'hésitez pas à vous abonner à mon nouveau blog.

Cordialement

Satine

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15 novembre 2017 3 15 /11 /novembre /2017 00:59

L'amour paternel dans toute sa splendeur ! De joyeux souvenirs bercés par tant de mélancolie mais aussi de bonheur... 

 

 

 

VI

 

Quand nous habitions tous ensemble

Sur nos collines d'autrefois,

Où l'eau court, où le buisson tremble,

Dans la maison qui touche aux bois,

 

Elle avait dix ans, et moi trente ;

J'étais pour elle l'univers.

Oh ! comme l'herbe est odorante

Sous les arbres profonds et verts !

 

Elle faisait mon sort prospère,

Mon travail léger, mon ciel bleu.

Lorsqu'elle me disait : Mon père,

Tout mon coeur s'écriait : Mon Dieu !

 

A travers mes songes sans nombre,

J'écoutais son parler joyeux,

Et mon front s'éclairait dans l'ombre

A la lumière de ses yeux.

 

Elle avait l'air d'une princesse

Quand je la tenais par la main. 

Elle cherchait des fleurs sans cesse

Et des pauvres dans le chemin.

 

Elle donnait comme on dérobe,

En se cachant aux yeux de tous.

Oh ! la belle petite robe

Qu'elle avait, vous rappelez-vous ?

 

Le soir, auprès de ma bougie,

Elle jasait à petit bruit,

Tandis qu'à la vitre rougie

Heurtaient les papillons de nuit.

 

Les anges se miraient en elle.

Que son bonjour était charmant !

Le ciel mettait dans sa prunelle

Ce regard qui jamais ne ment.

 

Oh! je l'avais, si jeune encore,

Vue apparaître en mon destin !

C'était l'enfant de mon aurore,

Et mon étoile du matin !

 

Quand la lune claire et sereine

Brillait aux cieux, dans ces beaux mois,

Comme nous allions dans la plaine !

Comme nous courions dans les bois !

 

Puis, vers la lumière isolée

Etoilant le logis obscur,

Nous revenions par la vallée

En tournant le coin du vieux mur ;

 

Nous revenions, coeurs pleins de flamme,

En parlant des splendeurs du ciel.

Je composais cette jeune âme

Comme l'abeille fait son miel.

 

Doux ange aux candides pensées,

Elle était gaie en arrivant... -

Toutes ces choses sont passées

Comme l'ombre et comme le vent !

                                   Villequier 4 septembre 1844.

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1 novembre 2017 3 01 /11 /novembre /2017 18:52

Titre accrocheur non ? Spécial Halloween ! 

 

La quatrième de couverture l'est tout autant :

New York, mai 2009. Six morts violentes se succèdent en quelques jours. Les modes opératoires sont différents, les victimes n'ont aucun point commun, hormis celui d'avoir reçu quelque temps plus tôt une carte postale de Las Vegas, avec une simple date, celle du jour de leur mort. 
Très vite, la presse s'empare de l'affaire et celui qu'elle surnomme le " tueur de l'Apocalypse " a tôt fait de semer la psychose dans la ville. Les autorités, désorientées par l'absence d'indices, se tournent vers Will Piper, ancien profileur d'élite dont la carrière a été brutalement interrompue à la suite d'un drame personnel. 
Lorsque de nouvelles cibles reçoivent à leur tour des cartes postales leur indiquant le jour de leur mort, Will va tout mettre en oeuvre pour empêcher le tueur d'agir à nouveau. Mais les noms des victimes sont déjà dans Le Livre des morts...
L'enquête de Will ne va pas tarder à prendre un tournant complètement imprévu pour le mener au cœur des secrets les mieux gardés du gouvernement américain. Une mission confidentielle de Churchill en 1947 auprès du président Truman, un monastère sur l'île de Wight, la zone 51 : autant de pièces d'un puzzle machiavélique que Will devra résoudre pour faire triompher la vérité. 


Avec cet ouvrage à la construction remarquable et à l'intensité dramatique époustouflante, vendu à plus d'un million d'exemplaires et best-seller dans de nombreux pays européens, Glenn Cooper manipule le lecteur et nous offre un thriller envoûtant, idéal pour les amateurs de suspense et les passionnés d'histoire. 

 

Amateurs de thrillers, vous en aurez pour votre argent. L'enquête est réellement intéressante, les crimes différents les uns des autres, on ne comprend pas comment c'est possible, bref l'auteur nous balade avec élégance d'une victime à l'autre.

Amateurs d'histoire, il y a une petite partie que vous allez adorer et qui est essentielle au bon déroulement du roman. Un petit mystère dans le style du "Nom de la rose" d'Umberto Eco, ça vous tente ? Attention, ne vous faites pas piéger par le titre, ce livre n'a rien à voir avec "le livre des morts" égyptien qui traite du passage vers l'au-delà...

 

Je ne m'étendrais pas trop sur l'intrigue, je ne peux pas vous donner des informations supplémentaires car la quatrième de couverture est déjà bien suffisante pour vous mettre ou non l'eau à la bouche. J'ajouterai juste que ce roman m'a plu, qu'il n'y a pas trop de descriptions inutiles, on se concentre sur l'enquête, les chapitres se lisent vite et le dénouement est vraiment original.

A lire tout simplement.

 

Extrait : Les faits se résumaient à ça : les victimes, quatre hommes et deux femmes, étaient âgées de 18 à 82 ans. Trois avaient été tuées à Manhattan, une à Brooklyn, une à Staten Island, et une dans le Queens. Le modus operandi était toujours le même : une personne recevait une carte postale représentant le dessin d'un cercueil, affichant la date du lendemain, ou du surlendemain. Chacune était morte à la date indiquée. Deux par arme blanche ; une par balle ; une par overdose d'héroïne ; une fauchée par une voiture qui était montée sur le trottoir avant de prendre la fuite ; la dernière victime, enfin, était passée par la fenêtre.

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15 octobre 2017 7 15 /10 /octobre /2017 01:45

Deux textes poignants sur la souffrance d'un père qui a perdu sa fille...

 

 

 

IV

 

Oh ! je fus comme fou dans le premier moment,

Hélas ! et je pleurai trois jours amèrement.

Vous tous à qui Dieu prit votre chère espérance,

Pères, mères, dont l'âme a souffert ma souffrance,

Tout ce que j'éprouvais, l'avez-vous éprouvé ?

Je voulais me briser le front sur le pavé ;

Puis je me révoltais, et, par moments, terrible,

Je fixais mes regards sur cette chose horrible,

Et je n'y croyais pas, et je m'écriais : Non !

- Est-ce que Dieu permet de ces malheurs sans nom

Qui font que dans le coeur le désespoir se lève ? -

Il me semblait que tout n'était qu'un affreux rêve,

Qu'elle ne pouvait pas m'avoir ainsi quitté,

Que je l'entendais rire en la chambre à côté,

Que c'était impossible enfin qu'elle fût morte,

Et que j'allais la voir entrer par cette porte !

 

Oh ! que de fois j'ai dit : Silence ! elle a parlé !

Tenez ! voici le bruit de sa main sur la clé !

Attendez ! elle vient ! laissez-moi, que j'écoute !

Car elle est quelque part dans la maison sans doute !

                                   Jersey, Marine-Terrace, 4 septembre 1852.

 

V

 

Elle avait pris ce pli dans son âge enfantin

De venir dans ma chambre un peu chaque matin ;

Je l'attendais ainsi qu'un rayon qu'on espère ;

Elle entrait et disait : Bonjour, mon petit père ;

Prenait ma plume, ouvrait mes livres, s'asseyait

Sur mon lit, dérangeait mes papiers, et riait,

Puis soudain s'en allait comme un oiseau qui passe.

Alors, je reprenais, la tête un peu moins lasse,

Mon oeuvre interrompue, et, tout en écrivant,

Parmi mes manuscrits je rencontrais souvent

Quelque arabesque folle et qu'elle avait tracée,

Et mainte page blanche entre ses mains froissée

Où, je ne sais comment, venaient mes plus doux vers

Elle aimait Dieu, les fleurs, les astres, les prés verts,

Et c'était un esprit avant d'être une femme.

Son regard reflétait la clarté de son âme.

Elle me consultait sur tout à tous moments.

Oh ! que de soirs d'hiver radieux et charmants,

Passés à raisonner langue, histoire et grammaire,

Mes quatre enfants groupés sur mes genoux, leur mère

Tout près, quelques amis causant au coin du feu !

J'appelais cette vie être content de peu !

Et dire qu'elle est morte ! hélas ! que Dieu m'assiste !

Je n'étais jamais gai quand je la sentais triste ;

J'étais morne au milieu du bal le plus joyeux

Si j'avais, en partant, vu quelque ombre en ses yeux.

                                   Novembre 1846, jour des morts.

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1 octobre 2017 7 01 /10 /octobre /2017 01:36

C'est par un pur hasard que j'ai eu la chance de tomber sur ce livre et l'auteur en personne lors d'une sortie aux Livres sur la place à Nancy. En parcourant les allées, ce livre m'a tout de suite intéressée, j'ai lu la quatrième de couverture fort captivante, puis j'en ai pris quatre autres dans le même style dont je vous parlerai plus tard. Lorsque j'ai voulu payer, on m'a demandé si je souhaitais une dédicace de l'auteur assis juste à côté. Bien évidemment j'ai accepté, mes cinq livres ont donc cinq dédicaces sympathiques dans le genre "Avec mes amitiés les plus sanglantes"... Stéphane Bourgoin est abordable, il m'a signalé qu'il avait une page Facebook sur laquelle il publie souvent des informations sur les tueurs en série qu'il interviewe. Bref un moment convivial et inattendu.

 

Parlons du livre en lui-même à présent. Vous savez que j'adore les thrillers et que plus ils sont sanglants, plus j'aime. Avec ce livre, je n'ai pas été déçue car on rentre vraiment dans la tête, dans l'intimité des serial killers interviewés ou étudiés. Comme le précise la quatrième de couverture :

 

Plongeon abyssal dans la tête des tueurs en série.

Stéphane Bourgoin a rencontré plus d'une soixantaine de tueurs en série à travers le monde. Il relate ici l'histoire, établit le profil psychologique et analyse la personnalité de six d'entre eux. Et non des moindres. Du Vampire de Düsseldorf à l'Ogre de Santa Cruz, en passant par le Cannibale de Milwaukee, ce sont à chaque fois de véritables monstres auxquels il nous confronte.

Ames sensibles s'abstenir !

 

Les six tueurs en série étudiés ici ont tous des points communs : une enfance difficile, des relations compliquées avec les femmes en particulier, une soudaine crise qui appelle un meurtre, une pleine conscience des horreurs commises et une envie d'y remédier, des victimes choisies au hasard d'où la difficulté pour les policiers d'identifier les responsables. Ce qui m'a le plus déboussolée, c'est que certains demandaient à rester enfermés en asile ou en prison car ils savaient pertinemment qu'une fois libres ils recommenceraient leurs massacres.

 

Stéphane Bourgoin maintient notre attention par l'utilisation de plusieurs outils : il relate l'enfance des tueurs, les relations avec leurs familles ou leurs amis, les crimes (parfois mis en parallèle avec le récit des éventuels survivants - chose très intéressante pour savoir si le criminel exagère les faits), leur état mental lors des agressions mais aussi leurs pulsions qui motivent le passage à l'acte, leur manque de compassion pour les victimes ou de dégoût dans l'atrocité de leurs gestes, leurs formidables capacités à se souvenir du moindre détail de la scène de crime pour prouver leur culpabilité, les allusions à éviter lors des interviews pour ne pas les mettre en colère et ainsi les interroger le plus sereinement possible...

 

Pour conclure, Stéphane Bourgoin ne nous épargne rien. C'est pour cela que les personnes sensibles doivent vraiment passer leur chemin car la plupart des crimes décrits sont vraiment ignobles. Certains diraient même que ce livre est malsain. Au contraire, je pense qu'il est utile pour comprendre le fonctionnement de certains tueurs en série et c'est ce qui est largement spécifié dans ce livre. On a utilisé les témoignages, la psychologie, le mode de fonctionnement des premiers serial killers pour tenter de cerner leur pathologie psychique et éviter d'autres carnages. Les descriptions des crimes par les responsables eux-mêmes sont à glacer le sang, on a l'impression qu'ils nous racontent une histoire, qu'ils sont en dehors de la réalité sanglante, ils n'ont aucune émotion, aucune retenue.

Seul petit bémol, en nous livrant les interviews dans leur intégralité et en mettant en parallèle les récits des tueurs et des survivants, cela amène parfois des répétitions dont l'auteur est tout à fait conscient puisqu'il le précise lui-même.

 

Extrait : " A cette époque, je n'avais que seize ans, et je ne pensais qu'à tirer un coup avec la première femme venue ou des pédés. Je pensais tout le temps au sexe et j'avais des besoins énormes. Si seulement quelqu'un avait pu s'apercevoir de mon problème et me dire que je n'étais pas normal, même malade ;  et qu'on pouvait faire quelque chose pour m'aider... mais personne n'a jamais rien fait et j'étais moi-même trop ignorant pour agir en conséquence. Je n'ai jamais rien fait, jusqu'à ce qu'il soit trop tard..."

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15 septembre 2017 5 15 /09 /septembre /2017 01:29

Place à deux poèmes dédiés à sa fille disparue, ils sont aussi touchant l'un que l'autre, bonne lecture. Le premier devrait ravir tous les pères et les réconforter en même temps....

 

 

15 février 1843

Aime celui qui t'aime, et sois heureuse en lui.

- Adieu! - sois son trésor, ô toi qui fus le nôtre!

Va, mon enfant béni, d'une famille à l'autre.

Emporte le bonheur et laisse-nous l'ennui !

 

Ici, l'on te retient ; là-bas, on te désire.

Fille, épouse, ange, enfant, fais ton double devoir.

Donne-nous un regret, donne-leur un espoir,

Sors avec une larme ! entre avec un sourire !

                                   Dans l'église, 15 février 1843.

 

Trois ans après

 

Il est temps que je me repose ;

Je suis terrassé par le sort.

Ne me parlez pas d'autre chose

Que des ténèbres où l'on dort !

 

Que veut-on que je recommence ?

Je ne demande désormais

A la création immense

Qu'un peu de silence et de paix!

 

Pourquoi m'appelez-vous encore ?

J'ai fait ma tâche et mon devoir.

Qui travaillait avant l'aurore,

Peut s'en aller avant le soir.

 

A vingt ans, deuil et solitude !

Mes yeux, baissés vers le gazon,

Perdirent la douce habitude

De voir ma mère à la maison.

 

Elle nous quitta pour la tombe ;

Et vous savez bien qu'aujourd'hui

Je cherche, en cette nuit qui tombe,

Un autre ange qui s'est enfui !

 

Vous savez que je désespère,

Que ma force en vain se défend,

Et que je souffre comme père,

Moi qui souffris tant comme enfant !

 

Mon oeuvre n'est pas terminée,

Dites-vous. Comme Adam banni,

Je regarde ma destinée

Et je vois bien que j'ai fini.

 

L'humble enfant que Dieu m'a ravie

Rien qu'en m'aimant savait m'aider ;

C'était le bonheur de ma vie

De voir ses yeux me regarder.

 

Si ce Dieu n'a pas voulu clore

L'oeuvre qu'il me fit commencer,

S'il veut que je travaille encore,

Il n'avait qu'à me la laisser !

 

Il n'avait qu'à me laisser vivre

Avec ma fille à mes côtés,

Dans cette extase où je m'enivre

De mystérieuses clartés !

 

Ces clartés, jour d'une autre sphère,

O Dieu jaloux, tu nous les vends !

Pourquoi m'as-tu pris la lumière

Que j'avais parmi les vivants ?

 

As-tu donc pensé, fatal maître,

Qu'à force de te contempler,

Je ne voyais plus ce doux être,

Et qu'il pouvait bien s'en aller ?

 

T'es-tu dit que l'homme, vaine ombre,

Hélas ! perd son humanité

A trop voir cette splendeur sombre

Qu'on appelle la vérité ?

 

Qu'on peut le frapper sans qu'il souffre,

Que son coeur est mort dans l'ennui,

Et qu'à force de voir le gouffre,

Il n'a plus qu'un abîme en lui ?

 

Qu'il va, stoïque, où tu l'envoies,

Et que désormais, endurci,

N'ayant plus ici-bas de joies,

Il n'a plus de douleurs aussi ?

 

As-tu pensé qu'une âme tendre

S'ouvre à toi pour se mieux fermer,

Et que ceux qui veulent comprendre

Finissent par ne plus aimer ?

 

O Dieu ! vraiment, as-tu pu croire

Que je préférais, sous les cieux,

L'effrayant rayon de ta gloire

Aux douces lueurs de ses yeux !

 

Si j'avais su tes lois moroses,

Et qu'au même esprit enchanté

Tu ne donnes point ces deux choses,

Le bonheur et la vérité,

 

Plutôt que de lever tes voiles,

Et de chercher, coeur triste et pur,

A te voir au fond des étoiles,

O Dieu sombre d'un monde obscur,

 

J'eusse aimé mieux, loin de ta face,

Suivre, heureux, un étroit chemin,

Et n'être qu'un homme qui passe

Tenant son enfant par la main !

 

Maintenant, je veux qu'on me laisse !

J'ai fini ! le sort est vainqueur.

Que vient-on rallumer sans cesse

Dans l'ombre qui m'emplit le coeur ?

 

Vous qui me parlez, vous me dites

Qu'il faut, rappelant ma raison,

Guider les foules décrépites

Vers les lueurs de l'horizon ;

 

Qu'à l'heure où les peuples se lèvent,

Tout penseur suit un but profond ;

Qu'il se doit à tous ceux qui rêvent,

Qu'il se doit à tous ceux qui vont !

 

Qu'une âme, qu'un feu pur anime,

Doit hâter, avec sa clarté,

L'épanouissement sublime

De la future humanité ;

 

Qu'il faut prendre part, coeurs fidèles,

Sans redouter les océans,

Aux fêtes des choses nouvelles,

Aux combats des esprits géants !

 

Vous voyez des pleurs sur ma joue,

Et vous m'abordez mécontents,

Comme par le bras on secoue

Un homme qui dort trop longtemps.

 

Mais songez à ce que vous faites !

Hélas ! cet ange au front si beau,

Quand vous m'appelez à vos fêtes,

Peut-être a froid dans son tombeau.

 

Peut-être, livide et pâlie,

Dit-elle dans son lit étroit :

- Est-ce que mon père m'oublie

Et n'est plus là, que j'ai si froid ?-

 

Quoi ! lorsqu'à peine je résiste

Aux choses dont je me souviens,

Quand je suis brisé, las et triste,

Quand je l'entends qui me dit : Viens!

 

Quoi! vous voulez que je souhaite,

Moi, plié par un coup soudain,

La rumeur qui suit le poëte,

Le bruit que fait le paladin !

 

Vous voulez que j'aspire encore

Aux triomphes doux et dorés !

Que j'annonce aux dormeurs l'aurore !

Que je crie: Allez ! espérez !

 

Vous voulez que, dans la mêlée,

Je rentre ardent parmi les forts,

Les yeux à la voûte étoilée... -

Oh ! l'herbe épaisse où sont les morts !

                                   10 novembre 1846.

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1 septembre 2017 5 01 /09 /septembre /2017 01:25

 

Frédéric Vitoux est né en 1944, romancier, essayiste et chroniqueur littéraire au Nouvel Observateur, il est l'auteur de nombreux ouvrages parmi lesquels figurent Bébert, le chat de Louis-Ferdinand Céline (1976), La Comédie de Terracina (1994), Grand Prix du roman de l'Académie française, Chats (2007) ou encore Clarisse (2008). En 2001, il a été élu à l'Académie française.

 

Frédéric Vitoux est un passionné des chats, d'ailleurs il dédie son livre de la façon suivante : "A la mémoire des cinq ou six chattes sauvages de l'espèce Felis silvestris libyca - elles n'étaient pas plus nombreuses ! - qui, il y a dix mille ans environ, décidèrent pour la première fois de se rapprocher des hommes devenus depuis peu sédentaires, quelque part au Moyen-Orient, et de vivre en bonne intelligence auprès d'eux... Avec ma reconnaissance un peu émerveillée. Et à Zelda..."

 

Avant de vous livrer quelques extraits de ce livre offert par une de mes amies (merci Marie-France), autant préciser son fonctionnement... Comme tout dictionnaire qui se respecte, il y a un ordre alphabétique. Pour chaque lettre, l'auteur aborde plusieurs thèmes : une race de chat, un titre de livre ou de film, un personnage célèbre, un comportement, une émotion, une fête, une ville... Ce dictionnaire traite donc du sujet "chat" dans toute sa splendeur, dans toute son immensité et nous révèle tant de mystères qu'on s'y love avec bonheur. Quand par chance en lisant cet ouvrage, on a notre propre chat qui ronronne à nos côtés sous nos caresses agiles, on est vraiment au paradis de nos amis mini-félins... En résumé c'est un livre très intéressant pour ceux qui aiment les chats, on y apprend vraiment beaucoup de choses dans plein de domaines différents mais surtout la relation homme-chat est mise à l'honneur avec beaucoup d'amour, de sincérité, de tendresse.

 

Bébert

Adopté tout d'abord par Robert le Vigan, fils de vétérinaire, qui parlait chat avec lui, Bébert souffrit des disputes entre Robert et sa compagne Tinou à tel point qu'il grossissait ou maigrissait à vue d'oeil en fonction des humeurs du couple. A leur séparation, Lucette, l'épouse de Louis-Ferdinand Céline recueillit le chat contre l'avis de son mari. Mais elle tint bon et quelques jours plus tard, le chat devint l'indispensable compagnon de l'écrivain. [...]

Bébert a été le compagnon de l'écrivain Louis-Ferdinand Céline (1894 - 1961). Il l'a escorté dans les épisodes les plus mouvementés de sa vie. Avec lui et avec son épouse Lucette, il a partagé la bohème de Montmartre, tutoyé  l'écrivain Marcel Aymé, le peintre Gen Paul et l'acteur Robbert le Vigan, il a connu l'exode, il a observé l'Allemagne hitlérienne noyée sous les bombes et les incendies dans les derniers mois de la guerre, il a pris le train, il a déraillé, il a toisé des officiers supérieurs de la Wehrmacht et le maréchal Pétain dans les coulisses du château de Sigmarigen, il s'est réfugié au Danemark, il s'est caché... dans une prison, il a trempé ses pattes dans l'eau peu clémente de la Baltique, il a connu l'exil, il a pris l'avion, il a retrouvé la France en juillet 1951, il a villégiaturé à Menton, sur la Riviera, avant de finir ses jours dans le pavillon du Bas-Meudon, route des Gardes, où ils s'installèrent à la fin de cette année-là. C'est un destin. Ou, mieux, une odyssée.

 

Cabaret du Chat noir

Je tiens à ce Chat noir-là, qui fut bien plus qu'un cabaret mais devint une légende, un lieu emblématique de la bohème des années 1880-1900 à Paris et même, soyons plus précis, à Montmartre.

L'établissement ouvrit ses portes en 1881. Maurice Donnay, dramaturge et académicien français en écrivait : "La mode était alors aux cabarets artistiques et le Chat noir avait un air de "vieux Paris" grâce à des vitraux de couleurs, grâce à des pots d'étain, des vaisseaux de cuivre, des bancs et des chaises de bois massif, le tout du plus pur style Louis XIII. [...] Chaque soir on se réunissait, on récitait des vers, on chantait des chansons ; la renommée des ces fêtes étonnantes se répandit bientôt dans Paris ; bientôt la grosse finance, la politique nantie, la noce dorée vinrent rendre visite à l'insouciante bohème et, le vendredi surtout qui devint le jour chic, on vit au Chat noir des femmes de l'aristocratie, de la grande bourgeoisie et aussi des horizontales, comme on disait en ces temps verticaux..."

L'enseigne du Chat noir représentant l'animal dans un croissant de lune fut peinte par Adolphe Willette. Que de monde a pu défiler dessous ! [...] Ce qui n'empêchait pas d'y rencontrer aussi le vieux Paul Verlaine qui évoquait, entre deux absinthes, Arthur Rimbaud "Il est parti pour des Egyptes ! " s'écriait-il avec une gravité désolée. Claude Debussy dirigeait les choeurs des convives pour des chansons... peu debussyennes ! [...] Un nom n'a été cité qu'en passant, celui d'Aristide Bruant. [...] Il n'empêche que son morceau le plus connu reste bien la Ballade du Chat noir, créée en 1884 : "Je cherche fortune, Autour du Chat noir, Au clair de la lue, A Montmartre le soir."

[...]

Une question se pose, par laquelle, à vrai dire on aurait dû commencer cet article : pourquoi "Le Chat noir', pourquoi le chat de ce nom et de cette enseigne adoptés par Rodolphe Salis ? Je n'ai pas trouvé de réponses explicites. Mieux vaut donc en revenir au vraisemblable, à l'image symbolique véhiculée par cet animal, ce chat diabolique et nocturne dont le Moyen Age avait popularisé l'image, ce chat chargé de tous les défauts du monde, l'hypocrisie, la ruse, le vol, la sexualité débridée, la lubricité, la gloutonnerie. Au XIXème siècle, tout basculait. Le chat redevenait à la mode, un peu pour ces mêmes raisons. Déjà, au tout début des années 1820, le romantisme s'était tourné vers l'époque médiévale pour mieux rompre avec le classicisme. Que vive donc le chat noir comme emblème provocateur, ce chat noir censé porté malheur et que Rodolphe Salis affichait à la porte de son cabaret en signe de complicité affectueuse et insolente !

 

Citations

Chaque chat est un chef-d'oeuvre, Léonard de Vinci

Ne jamais laisser seuls un chaton et un arbre de Noël que l'on vient de décorer. Dave Atkins

Il n'y a pas de condition si humble et si vile qui arrive à le dégrader, parce qu'il n'y consent pas et qu'il garde toujours la seule liberté qui puisse être accordée aux créatures, c'est-à-dire la volonté et la résolution arrêtée d'être libre. Théodore de Banville

Le chat est beau ; il révèle des idées de luxe, de propreté, de volupté... Chat séraphique, chat étrange, en qui tout est, comme en en un ange, aussi subtil qu'harmonieux. Charles Baudelaire

Vous direz, un chat c'est une peau ! Pas du tout ! Un chat c'est l'ensorcellement même, le tact en ondes. Louis-Ferdinand Céline

Parfois il lui arrive de tenir en l'air une patte molle et de la contempler d'un air pensif. Ma femme pense que c'est parce qu'elle voudrait qu'on lui achète une montre-bracelet ; elle n'en a pas un besoin particulier - elle devine l'heure mieux que moi - mais il faut bien avoir quelques bijoux. Raymond Chandler

Même le chat le plus stupide semble en savoir plus long que n'importe quel chien. Eleanor Clark

Il n'y a pas de chats ordinaires. Colette

Le chat est une bête philosophique, rangée, tranquille, tenant à ses habitudes, amie de l'ordre et de la propreté et qui ne place pas ses affections à l'étourdie : il veut bien être votre ami si vous en êtes digne, mais non pas votre esclave. Théophile Gautier

Dans un incendie, entre un Rembrandt et un chat, je sauverais le chat. Alberto Giacometti

Dès qu'on a commencé à caresser le dos d'un chat, on n'a pas le droit de s'arrêter. Witold Gombrowicz

Faire la preuve que le chat a trois queues. Réponse : Aucun chat n'a deux queues. Un chat a une queue de plus qu'un aucun chat. Donc un chat a trois queues. Darwin A. Hindman

Le chat signe chacune de ses pensées avec sa queue. Ramon Gomez de la Serna

Tous les chats sont mortels, Socrate est mortel, donc Socrate est un chat. Eugène Ionesco

Le chat est le seul animal qui soit arrivé à domestiquer l'homme. Marcel Mauss

Dieu a fait le chat pour donner à l'homme le plaisir de caresser le tigre. Joseph Méry

Les chats sont incompris parce qu'ils dédaignent de s'expliquer ; ils ne sont énigmatiques que pour ceux qui ignorent le pouvoir expressif du silence. Paul Morand

Chat échaudé craint l'eau chaude, ceux qui ébouillantent les chats devraient être refroidis. Jacques Prévert

L'idéal du calme est dans un chat assis. Jules Renard

Le chat ne nous caresse pas, il se caresse à nous. Antoine de Rivard

Il y a deux moyens d'oublier les tracas de la vie : la musique et les chats. Albert Schweitzer

J'ai beaucoup étudié les philosophes et les chats. La sagesse des chats est infiniment supérieure. Hippolyte Taine

Je crois que les chats sont des esprits venus sur terre. Un chat, j'en suis convaincu, pourrait marcher sur un nuage. Jules Verne

 

Lovecraft

"A la lumière de cette révélation, nous contemplons désormais dans toute sa splendeur une idole dressée sur un trône idéal de soie et d'or recouvert par un dôme chryséléphantin. Cette idole à la grâce  immortelle dont les pauvres humains n'ont pas toujours su reconnaître les qualités, cet être majestueux, insoumis, mystérieux, voluptueux, babylonien, détaché, cet éternel compagnon des artistes supérieurs, ce parangon de beauté, ce frère de la poésie, doux, sérieux, au caractère de patricien : le chat."

Pour de telles lignes, comment ne pas rendre le plus vibrant des hommages à Howard Philips Lovecraft ?

 

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15 août 2017 2 15 /08 /août /2017 08:27

Un premier poème totalement poignant dont la fin ne vous laissera pas de marbre, donc même si la tristesse s'empare de vous, trouvez le courage de le lire jusqu'au bout... Le second est plus subtil. Bonne lecture !

 

 

Le revenant

 

Mères en deuil, vos cris là-haut sont entendus. 
Dieu, qui tient dans sa main tous les oiseaux perdus, 
Parfois au même nid rend la même colombe. 
Ô mères ! le berceau communique à la tombe. 
L'éternité contient plus d'un divin secret. 

La mère dont je vais vous parler demeurait 
À Blois ; je l'ai connue en un temps plus prospère ; 
Et sa maison touchait à celle de mon père. 
Elle avait tous les biens que Dieu donne ou permet. 
On l'avait mariée à l'homme qu'elle aimait. 
Elle eut un fils ; ce fut une ineffable joie. 

Ce premier-né couchait dans un berceau de soie ; 
Sa mère l'allaitait ; il faisait un doux bruit 
À côté du chevet nuptial ; et, la nuit, 
La mère ouvrait son âme aux chimères sans nombre, 
Pauvre mère, et ses yeux resplendissaient dans l'ombre 
Quand, sans souffle, sans voix, renonçant au sommeil, 
Penchée, elle écoutait dormir l'enfant vermeil. 
Dès l'aube, elle chantait, ravie et toute fière. 

Elle se renversait sur sa chaise en arrière, 
Son fichu laissant voir son sein gonflé de lait, 
Et souriait au faible enfant, et l'appelait 
Ange, trésor, amour ; et mille folles choses. 
Oh ! comme elle baisait ces beaux petits pieds roses ! 
Comme elle leur parlait ! L'enfant, charmant et nu, 
Riait, et par se mains sous les bras soutenu, 
Joyeux, de ses genoux montait jusqu'à sa bouche. 

Tremblant comme le daim qu'une feuille effarouche, 
Il grandit. Pour l'enfant, grandir, c'est chanceler. 
Il se mit à marcher, il se mit à parler. 
Il eut trois ans ; doux âge, où déjà la parole, 
Comme le jeune oiseau, bat de l'aile et s'envole. 
Et la disait :  Mon fils ! - et reprenait : 
- Voyez comme il est grand ! Il apprend ; il connaît 
Ses lettres. C'est un diable ! Il veut que je l'habille 
En homme ; il ne veut plus de ses robes de fille. 
C'est déjà très méchant, ces petits hommes-là ! 
C'est égal, il lit bien ; il ira loin ; il a 
De l'esprit ; je lui fais épeler l'Évangile.- 
Et ses yeux adoraient cette tête fragile, 
Et, femme heureuse, et mère au regard triomphant, 
Elle sentait son coeur battre dans son enfant. 

Un jour, - nous avons tous de ces dates funèbres ! - 
Le croup, monstre hideux, épervier des ténèbres, 
Sur la blanche maison brusquement s'abattit, 
Horrible, et, se ruant sur le pauvre petit, 
Le saisit à la gorge. O noire maladie ! 
De l'air par qui l'on vit sinistre perfidie ! 
Qui n'a vu se débattre, hélas, ces doux enfants 
Qu'étreint le croup féroce en ses doigts étouffants ! 
Ils luttent ; l'ombre emplit lentement leurs yeux d'ange, 
Et de leur bouche froide il sort un râle étrange, 
Et si mystérieux, qu'il semble qu'on entend, 
Dans leur poitrine, où meurt le souffle haletant, 
L'affreux coq du tombeau chanter son aube obscure. 
Tel qu'un fruit qui du givre a senti la piqûre, 
L'enfant mourut. La mort entra comme un voleur 
Et le prit. - Une mère, un père, la douleur, 
Le noir cercueil, le front qui se heurte aux murailles, 
Les lugubres sanglots qui sortent des entrailles, 
Oh ! la parole expire où commence le cri ; 
Silence aux mots humains ! 

                                   La mère au coeur meurtri, 
Pendant qu'à ses côtés pleurait le père sombre, 
Resta trois mois sinistre, immobile dans l'ombre, 
L'oeil fixe, murmurant on ne sait quoi d'obscur, 
Et regardant toujours le même angle du mur. 
Elle ne mangeait pas ; sa vie était sa fièvre ; 
Elle ne répondait à personne ; sa lèvre 
Tremblait ; on l'entendait, avec un morne effroi, 
Qui disait à voix basse à quelqu'un : Rends-le moi ! 
Et le médecin dit au père : Il faut distraire 
Ce coeur triste, et donner à l'enfant mort un frère.-
Le temps passa ; les jours, les semaines, les mois. 

Elle se sentit mère une seconde fois. 

Devant le berceau froid de son ange éphémère, 
Se rappelant l'accent dont il disait : - Ma mère,-
Elle songeait, muette, assise sur son lit. 
Le jour où, tout à coup, dans son flanc tressaillit 
L'être inconnu promis à notre aube mortelle, 
Elle pâlit. - Quel est cet étranger ? dit-elle. 
Puis elle cria, sombre et tombant à genoux : 
- Non, non, je ne veux pas ! non ! tu serais jaloux ! 
Ô mon doux endormi, toi que la terre glace, 
Tu dirais : On m'oublie ; un autre a pris ma place ; 
Ma mère l'aime, et rit ; elle le trouve beau, 
Elle l'embrasse, et, moi, je suis dans mon tombeau ! 
Non, non !-

                        Ainsi pleurait cette douleur profonde. 

Le jour vint ; elle mit un autre enfant au monde, 
Et le père joyeux cria : C'est un garçon. 
Mais le père était seul joyeux dans la maison ; 
La mère restait morne, et la pâle accouchée, 
Sur l'ancien souvenir tout entière penchée, 
Rêvait ; on lui porta l'enfant sur un coussin ; 
Elle se laissa faire et lui donna le sein ; 
Et tout à coup, pendant que, farouche, accablée, 
Pensant au fils nouveau moins qu'à l'âme envolée, 
Hélas ! et songeant moins aux anges qu'au linceul, 
Elle disait : Cet ange en son sépulcre est seul ! 
- Ô doux miracle ! ô mère au bonheur revenue !- 
Elle entendit, avec une voix bien connue, 
Le nouveau-né parler dans l'ombre entre ses bras, 
Et tout bas murmurer : C'est moi. Ne le dis pas.

                                   Août 1843

 

 

I

Pure Innocence ! Vertu sainte !

O les deux sommets d'ici-bas !

Où croissent, sans ombre et sans crainte,

Les deux palmes des deux combats !

 

Palme du combat Ignorance !

Palme du combat Vérité !

L'âme, à travers sa transparence,

Voit trembler leur double clarté.

 

Innocence ! Vertu ! sublimes

Même pour l'oeil mort du méchant !

On voit dans l'azur ces deux cimes,

L'une au levant, l'autre au couchant.

 

Elles guident la nef qui sombre ;

L'une est phare, et l'autre est flambeau ;

L'une a le berceau dans son ombre,

L'autre en son ombre a le tombeau.

 

C'est sous la terre infortunée

Que commence, obscure à nos yeux,

La ligne de la destinée ;

Elles l'achèvent dans les cieux.

 

Elles montrent, malgré les voiles

Et l'ombre du fatal milieu,

Nos âmes touchant les étoiles

Et la candeur mêlée au bleu.

 

Elles éclairent les problèmes ;

Elles disent le lendemain ;

Elles sont les blancheurs suprêmes

De tout le sombre gouffre humain.

 

L'archange effleure de son aile

Ce faîte où Jéhovah s'assied ;

Et sur cette neige éternelle

On voit l'empreinte d'un seul pied.

 

Cette trace qui nous enseigne,

Ce pied blanc, ce pied fait de jour,

Ce pied rose, hélas ! car il saigne,

Ce pied nu, c'est le tien, amour !

                                   Janvier 1843.

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1 août 2017 2 01 /08 /août /2017 08:23

 

Un choix plus professionnel que personnel pour une fois, merci à Babelio pour cet envoi encore une fois.

 

 

 

Ne pas faire de fautes lorsqu'on écrit un texte... Aujourd'hui pour de plus en plus de personnes, ceci tient du miracle. La faute à l'Education Nationale, à ses programmes trop lourds, aux enseignants de primaire ou de collège trop laxistes ou trop sévères, aux parents de moins en moins présents auprès de leurs enfants ou aux enfants eux-mêmes moins motivés, moins concentrés ? Qui pourrait le dire ?

Y aurait-il une solution pour stopper net les fautes lors des rédactions ?

 

L'auteur du livre dont nous allons parler est Anne-Marie Gaignard. Pédagogue et formatrice, elle reçoit des enfants en difficulté au sein de son centre de formation "Plus jamais zéro". Elle connaît donc son sujet.

Sa méthode repose sur une histoire, dans laquelle les enfants pourront se projeter aisément, puisqu'il s'agit d'un petit garçon, Hugo, qui a régulièrement des zéros à ses dictées et qui subit les brimades de ses camarades de classe. Il va alors être aidé par la fée Nina qui lui fournira des conseils, des techniques divers et variés pour ne plus faire de fautes ainsi qu'une mission : gagner cinq clefs magiques qu'il obtiendra au fur et à mesure de ses progrès.

 

L'histoire, les illustrations sont effectivement sympa. Le récit utilise un vocabulaire simple, compréhensible, il y a de multiples exemples pour mieux appréhender les notions étudiées, ainsi que des petits exercices (avec corrections) pour s'entraîner à la fin de chaque conseil donné. Ce livre peut être lu rapidement, il est attractif et éducatif. C'est un bon point. Un départ intéressant. Un support utile.

 

Maintenant qu'en est-il des conseils donnés ?

1) Le premier chapitre évoque l'accord du participe passé avec être qui est loin d'être évident, on doit bien l'avouer. La technique est originale, elle consiste à faire attention aux mots qui se terminent en -é, -i, -u (sans toutefois préciser le mot verbe ou participe passé, ce qui est dommage) et à regarder l'auxiliaire qui est devant. Si c'est le roi Etre qui est gentil et s'intéresse à ses sujets, il faudra se demander "qui est-ce qui ?" pour trouver le sujet et accorder le participe passé correctement.

Personnifier l'auxiliaire être de la sorte est une bonne idée, repérer les trois sons des participes passés aussi, mais encore faut-il que les enfants soulignent bien les participes passés au départ et pas n'importe quel nom se terminant par -é, -i ou -u. Ensuite la conjugaison de l'auxiliaire être est si difficile car différente en fonction des sujets ne serait-ce qu'au présent, que certains enfants ont du mal à le repérer dans une phrase. Peut-être sera-t-il plus facile de l'identifier avec cette aide supplémentaire qu'est le repérage des trois sons précités....

 

2) Le second chapitre est sensiblement identique sauf que cette fois-ci le roi Etre joue à cache-cache et n'apparaît pas dans la phrase (les bonnets enfoncés, les joues rougies). En trouvant à nouveau le sujet, on accorde correctement. Ce chapitre me semble plus évident et plus facilement applicable.

 

3) Le chapitre trois, plus difficile, traite des participes passés se terminant en -s, -t ou des adjectifs finissant par une lettre muette. Ici l'utilisation d'un féminin est préconisée avec à nouveau la recherche du sujet pour accorder les participes passés associés à l'auxiliaire être. Le conseil est judicieux, les exemples nombreux et utiles, par contre les exercices d'application sont pauvres et c'est dommage.

 

4) Le chapitre 4 est très court. Il mêle les deux auxiliaires avec un participe passé : les chasseurs ont été poursuivis. Ici le roi gentil gagne la bataille sur le roi méchant donc on accorde avec le sujet. Ca se comprend vite et bien avec les aides précédentes. Ce n'était effectivement pas la peine de s'étaler sur cette difficulté.

 

5) Le roi méchant n'est traité qu'au chapitre 5. L'auxiliaire avoir est un roi d'humeur changeante qui défie les petits malins. Le challenge est lancé !

Ca commence gentiment par l'accord de l'auxiliaire avec ses sujets pour rappeler que lui aussi à une conjugaison difficile. Puis le défi devient réel et il est de taille, de la taille d'un mur même ! Un mur qui se dresse après le participe passé. La question à poser est alors qui ou quoi. Si la réponse à cette question est après le mur, on n'accorde pas le participe passé mais si elle est avant le mur on doit faire l'accord. (Les jaguars ont gagné (mur : quoi ?) la course./ La gazelle que le lion a attendue (mur : quoi ?) dort encore.)

Je ne connaissais pas du tout cette technique du mur et je la trouve véritablement intéressante car elle illustre davantage la question du quoi,  la place du COD par rapport à l'auxiliaire. C'est une idée que je vais utiliser dorénavant en classe en espérant qu'elle sera plus facilement applicable par mes élèves.

Seul regret, la quantité d'exercices d'application est bien pauvre alors que la notion est plutôt complexe.

 

6) Le chapitre 6 a été pour moi une véritable surprise. Il aborde les différentes graphies du son é en -é, -er, -ez. On a l'habitude de remplacer le verbe de la phrase par vendre, vendu, vendait pour savoir s'il s'agit d'un infinitif, d'un participe passé ou du verbe conjugué. A partir du moment où les enfants prennent le temps de cette réflexion, les résultats sont plutôt bons, c'est pourquoi j'ai gardé cette technique.

Ici je trouve que c'est plus compliqué. En résumé, quand deux verbes se suivent, le second est en costume d'infinitif sauf si le premier verbe est un auxiliaire, dans ce cas c'est le costume du participe passé. Mais il y a une escorte aux verbes (à, de, pour, sans) qui appelle un infinitif. Ce n'est pas un mauvais conseil, loin de là, l'escorte est d'ailleurs sympa mais je trouve que le cheminement est trop long et le repérage difficile des auxiliaires demeure.

 

7) La bête noire se cache au chapitre 7. Elle s'intitule l'accord du participe passé avec un verbe pronominal. Pour nous les adultes c'est déjà compliqué, alors pour les enfants...

Ici on doit utiliser plusieurs questions qui est-ce qui pour trouver le sujet puis à qui/pour qui pour savoir si le roi avoir est caché et ainsi utiliser le mur dressé précédemment.

(Ma soeur s'est acheté (à qui ?) des bonbons → elle a acheté (mur : quoi ?) des bonbons)

Si la question à qui/pour qui ne marche pas, c'est l'auxiliaire être et donc on accorde.

(Alice s'est levée tôt)

C'est toujours aussi complexe pour moi malgré les nombreux exemples et exercices fournis. Personnellement je préfère utiliser ma technique qui est de trouver la question pour le "se" : à qui pas d'accord, qui : accord

(ils se sont adressé un mot (ils ont adressé à qui) et elle s'est couchée tôt (elle a couché qui))

 

8) Le chapitre 8 évoque la recherche des sujets longs ou complexes : aucun des habitants du royaume ne souhaitait voir Hugo.

Il faut poser la question qui est-ce qui et réfléchir à la signification des mots comme aucun, rien, n'importe quel, tout, chacun, ceux, certains... pour savoir si le verbe doit être mis au singulier ou au pluriel. Ce chapitre est vraiment très bien expliqué, il est clair et bien illustré.

 

9) Le chapitre 9 aborde le féminin des noms en -é et explique que tous les noms féminins en rapport avec une durée (matinée) ou une heure précise (marée, tournée) ou une scène réelle qu'on peut toucher sans risque (bouée, poignée mais saleté) s'écrivent -ée. Le problème se pose pour cheminée, épée qui peuvent poser des risques...

 

Le livre se termine par un épilogue évidemment heureux avec des clés et un mur détachables.

 

En résumé, l'expérience m'a beaucoup plu. Il y a des outils intéressants que j'ai envie de tester en classe. Les enfants prendront le conseil qu'ils préfèrent, celui qu'ils manipulent le plus facilement. Par contre, cet album concerne les élèves de CM1 au plus tôt, de toute façon l'accord du participe passé n'est traité qu'au CM2 surtout avec l'auxiliaire avoir (en tout cas pour l'instant).

J'admets qu'il y a des notions difficiles, que le chapitre 7 est vraiment compliqué mais les pistes proposées sont originales, attractives et je pense sincèrement qu'il serait judicieux de tester certains outils notamment celui du mur et des trois sons à repérer.

 

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15 juillet 2017 6 15 /07 /juillet /2017 16:28

Encore un texte poignant de notre illustre Hugo....

Certes ce n'est pas le printemps, certes il fait beau et chaud mais même si ce texte prend aux tripes, il vaut le coup d'être lu et vécu...

 

 

 

Chose vue un jour de printemps

 

Entendant des sanglots, je poussai cette porte.


Les quatre enfants pleuraient et la mère était morte.
Tout dans ce lieu lugubre effrayait le regard.
Sur le grabat gisait le cadavre hagard ;
C’était déjà la tombe et déjà le fantôme.
Pas de feu ; le plafond laissait passer le chaume.
Les quatre enfants songeaient comme quatre vieillards.
On voyait, comme une aube à travers des brouillards,
Aux lèvres de la morte un sinistre sourire ;
Et l’aîné, qui n’avait que six ans, semblait dire :
Regardez donc cette ombre où le sort nous a mis !

Un crime en cette chambre avait été commis.
Ce crime, le voici : – Sous le ciel qui rayonne,
Une femme est candide, intelligente, bonne ;
Dieu, qui la suit d’en haut d’un regard attendri,
La fit pour être heureuse. Humble, elle a pour mari
Un ouvrier ; tous deux, sans aigreur, sans envie,
Tirent d’un pas égal le licou de la vie.
Le choléra lui prend son mari ; la voilà
Veuve avec la misère et quatre enfants qu’elle a.
Alors, elle se met au labeur comme un homme.
Elle est active, propre, attentive, économe ;
Pas de drap à son lit, pas d’âtre à son foyer ;
Elle ne se plaint pas, sert qui veut l’employer,
Ravaude de vieux bas, fait des nattes de paille,
Tricote, file, coud, passe les nuits, travaille
Pour nourrir ses enfants ; elle est honnête enfin.
Un jour, on va chez elle, elle est morte de faim.
Oui, les buissons étaient remplis de rouges-gorges ;
Les lourds marteaux sonnaient dans la lueur des forges ;
Les masques abondaient dans les bals, et partout
Les baisers soulevaient la dentelle du loup ;
Tout vivait ; les marchands comptaient de grosses sommes ;
On entendait rouler les chars, rire les hommes ;
Les wagons ébranlaient les plaines ; le steamer
Secouait son panache au-dessus de la mer ;
Et, dans cette rumeur de joie et de lumière,
Cette femme étant seule au fond de sa chaumière,
La faim, goule effarée aux hurlements plaintifs,
Maigre et féroce, était entrée à pas furtifs,
Sans bruit, et l’avait prise à la gorge, et tuée.

La faim, c’est le regard de la prostituée,
C’est le bâton ferré du bandit, c’est la main
Du pâle enfant volant un pain sur le chemin,
C’est la fièvre du pauvre oublié, c’est le râle
Du grabat naufragé dans l’ombre sépulcrale.
Ô Dieu ! la sève abonde, et, dans ses flancs troublés,
La terre est pleine d’herbe et de fruits et de blés ;
Dès que l’arbre a fini, le sillon recommence ;
Et, pendant que tout vit, ô Dieu, dans ta clémence,
Que la mouche connaît la feuille du sureau,
Pendant que l’étang donne à boire au passereau,
Pendant que le tombeau nourrit les vautours chauves,
Pendant que la nature, en ses profondeurs fauves,
Fait manger le chacal, l’once et le basilic,
L’homme expire ! – Oh ! la faim, c’est le crime public.
C’est l’immense assassin qui sort de nos ténèbres.

Dieu ! pourquoi l’orphelin, dans ses langes funèbres,
Dit-il : J’ai faim ! L’enfant, n’est-ce pas un oiseau ?
Pourquoi le nid a-t-il ce qui manque au berceau ?
                                   Avril 1840.

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