Ecoutez les battements de mon coeur, laissez-vous bercer par sa musique et partagez ma passion pour la poésie.
Nouvelle pièce de Shakespeare qui a attiré mon attention dans une librairie d’occasion de Bruxelles mais qui ne m’a pas soulevée le cœur en fait, à ma grande déception d’ailleurs. Sur la quatrième de couverture, on peut lire : « On a souvent mal lu cette pièce qui occupe dans la production de Shakespeare une place à part, soulevée qu’elle est de bout en bout par un érotisme douloureux qui s’autorise toutes les licences, toutes les extrémités. » J’ai dû mal lire la pièce, je le crains. Je n’y ai pas vu d’érotisme, à part l’aspic qui mord le sein de Cléopâtre à la fin, mais plutôt de la vulgarité. A mon avis, il y a bien plus d’érotisme dans « Roméo et Juliette ». Toujours sur la quatrième de couverture, on lit plus loin : « Les traductions qu’en donne ici Jean Gillibert nous restituent un Shakespeare démaquillé de ses fards à la française : excessif, impudique, extravagant parfois – mais gouverné par la seule magie du verbe. » A nouveau, j’ai dû mal lire le livre. C’est sûrement celui où la beauté des mots m’a paru la plus fade. D’ailleurs, je ne vous ai sélectionné que quelques maigres extraits.
Je vais tout de même vous rassurer, ça reste du Shakespeare, parfois complexe qui nécessite la relecture d’un dialogue, mais je trouve qu’ici cela manque d’images, de personnifications qui sont tout de même les talents reconnus de Shakespeare. On relate dans cette pièce l’histoire d’Antoine, de Cléopâtre et de César (pas Jules mais son successeur). Le monde est aux mains de trois hommes : Antoine, Pompée et César. Cléopâtre, reine d’Egypte est la maîtresse d’Antoine. C’est un couple complexe, ils se livrent sans cesse un chassé-croisé amoureux qui nous ballote entre « elle l’aime vraiment » et « elle l’utilise ». Le côté politique est mis en avant avec justesse, on évoque des combats pour des prises de pouvoir, des ruses bien sûr, des retournements de situation, des pactes, des trahisons, bref on ne s’ennuie pas.
Si le côté historique m’a bien plu (j’ai révisé mes cours lointains d’histoire), je suis relativement déçue par la liaison d’Antoine et de Cléopâtre. Je ne m’attendais pas à un amour enflammé à la « Roméo et Juliette », mais là, je reste sur ma fin. Cléopâtre passe pour une folle qui ne sait pas ce qu’elle veut, jouant des tours à son amant tout en lui clamant son amour. On est perdus et elle nous énerve. Certes à l’époque, c’était la seule femme de pouvoir et elle devait être avec un homme puissant pour maintenir sa position sociale, mais ici elle ressemble à Glenn Close dans « Liaison fatale » et du coup ça m’a fait un choc. Je m’attendais à la découvrir fière, majestueuse, puissante, maligne, mais en fait non, elle chute du piédestal sur lequel je l’imaginais. Mais peut-être était-elle réellement ainsi…. Antoine, récemment veuf de Fulvie, qui voue une dévotion à Cléopâtre, va tout de même s’attirer son courroux en en épousant une autre, Octavie la sœur de César, histoire de se faire ami avec ce dernier et de conserver des territoires. Mais on ne joue pas avec Cléopâtre…
Passée ma déception, place maintenant à quelques extraits qui peut-être vous donneront envie de vous laisser séduire et de vous faire votre propre opinion….
« La noblesse de la vie est de faire ainsi : quand par un tel couple, tous deux pouvant nous aimer d’un mutuel amour, j’enjoins au monde, sous peine de châtiment de nous contempler tels, haut dressés, inégalés. »
« Voyez-vous cela ! Si elles avaient en main de quoi me faire cocu, non seulement elles se feraient elles-mêmes putains, mais encore elles le deviendraient. »
« Eh bien ! Monseigneur, offrez aux Dieux un sacrifice, en signe d’action de grâce ; quand il plaît à leurs déités de couper d’un homme sa femme, l’homme est renvoyé aux tailleurs de cette planète ; cela confirme que, lorsque les vieilles robes sont usées, il y a toujours des bouts pour qu’on en refasse des neuves. Oh ! S’il n’y avait d’autres femmes que Fulvie, oui, quelle déchirure ! le cas vaudrait qu’on se lamentât ! mais, à dire vrai, cette perte s’auréole de consolation ; votre vieille chemise, met bas un petit jupon tout neuf et, à dire vrai, je suis persuadé qu’un oignon verse assez de larmes pour bien arroser son chagrin.
- Le remue-ménage qu’elle a fait dans l’Empire ne peut supporter mon absence.
- Et le remue-ménage que vous avez fait ici ne peut plus se passer de vous. Celui surtout avec Cléopâtre qui dépend entièrement de votre…. Maintien dans les lieux. »
« Jamais il ne la quittera. L’âge ne peut la flétrir, ni l’habitude user son infinie variété. Les autres femmes rassasient les appétits qu’elles alimentent. Mais elle affame la même où elle assouvit car les plus viles choses deviennent, en elle, si vraies que les prêtres sacrés ne peuvent que bénir ses débordements. »
« O Souveraine maîtresse de vraie mélancolie, dégoutte sur moi le brouillard empoisonné de la nuit, que la vie, cette rebelle à mon désir, ne s’accroche pas à moi plus longtemps : jette contre le dur silex de ma faute mon cœur séché par la douleur, qu’il éclate en poudre, et que finissent toutes ces sales pensées ! »
« O cette âme félonne d’Egypte ! Ce charme terrifiant dont un regard impulsait mes armées et les rappelait, dont le sein était mon diadème, ma fin dernière ! Comme une vraie gitane, par un tour de passe-passe elle m’a amené jusqu’à l’aubier même du désastre. »
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