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  • : Le blog de Satine
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Coucher-de-soleil.jpg
Oh toi visiteur, amateur de poésie,

Que ta curiosité a mené jusqu’ici,
Laisse-toi naviguer au gré de tes envies
Parcours tout ce qui gravite autour de ma vie.
  Ce ne sont que des essais couchés sur papier,
Une partie de moi qui voulait s’exprimer,
Des mots que je ne pouvais laisser enfermés,
C’est tellement beau de les entendre chanter…
  Flotte sur les méandres de mes sentiments,
Partage rires et peines, vole à mes vents,
Vogue sur mes larmes lourdes comme une enclume
  Pour que ton cœur palpite au rythme de ma plume.


15 avril 2013 1 15 /04 /avril /2013 20:00

Voilà un de mes poèmes préférés : le voile : poignant et révoltant.

 

Le voile

 

                        La sœur

Qu’avez-vous, qu’avez-vous, mes frères ?

Vous baissez des fronts soucieux.

Comme des lampes funéraires,

Vos regards brillent dans vos yeux.

Vos ceintures sont déchirées.

Déjà trois fois, hors de l’étui,

Sous vos doigts, à demi tirées,

Les lames des poignards ont lui.

 

                        Le frère aîné

N’avez-vous pas levé votre voile aujourd’hui ?

 

                        La sœur

Je revenais du bain, mes frères,

Seigneurs, du bain je revenais,

Cachée aux regards téméraires

Des giaours et des albanais.

En passant près de la mosquée

Dans mon palanquin recouvert,

L’air de midi m’a suffoquée :

Mon voile un instant s’est ouvert.

 

                        Le second frère

Un homme alors passait ? un homme en caftan vert ?

 

                        La sœur

Oui… peut-être… mais son audace

N’a point vu mes traits dévoilés…

Mais vous vous parlez à voix basse,

A voix basse vous vous parlez.

Vous faut-il du sang ? Sur votre âme,

Mes frères, il n’a pu me voir.

Grâce ! tuerez-vous une femme,

Faible et nue en votre pouvoir ?

 

                        Le troisième frère

Le soleil était rouge à son coucher ce soir.

 

La sœur

Grâce ! qu’ai-je fait ? Grâce ! grâce !

Dieu ! quatre poignards dans mon flanc !

Ah ! par vos genoux que j’embrasse…

O mon voile ! ô mon voile blanc !

Ne fuyez pas mes mains qui saignent,

Mes frères, soutenez mes pas !

Car sur mes regards qui s’éteignent

S’étend un voile de trépas.

 

                        Le quatrième frère

C’en est un que du moins tu ne lèveras pas !

 

                                   1er septembre 1828

 


 

Vœu


Si j’étais la feuille que roule

L’aile tournoyante du vent,

Qui flotte sur l’eau qui s’écoule,

Et qu’on suit de l’œil en rêvant ;

 

Je me livrerais, verte encore,

De la branche me détachant,

Au zéphyr qui souffle à l’aurore,

Au ruisseau qui vient du couchant.

 

Plus loin que le fleuve qui gronde,

Plus loin que les vastes forêts,

Plus loin que la gorge profonde,

Je fuirais, je courrais, j’irais !

 

Plus loin que l’antre de la louve,

Plus loin que le bois des ramiers,

Plus loin que la plaine où l’on trouve

Une fontaine et trois palmiers ;

 

Par delà ces rocs qui répandent

L’orage en torrent dans les blés,

Par delà ce lac morne, où pendent

Tant de buissons échevelés ;

 

Plus loin que les terres arides

Du chef maure au large ataghan,

Dont le front pâle a plus de rides

Que la mer un jour d’ouragan.

 

Je franchirais comme la flèche

L’étang d’Arta, mouvant miroir,

Et le mont dont la cime empêche

Corinthe et Mykos de se voir.

 

Comme par un charme attirée,

Je m’arrêterais au matin

Sur Mykos, la ville carrée,

La ville aux coupoles d’étain.

 

J’irais chez la fille du prêtre,

Chez la blanche fille à l’œil noir,

Qui le jour chante à sa fenêtre,

Et joue à sa porte le soir.

 

Enfin, pauvre feuille envolée,

Je viendrais au gré de mes vœux,

Me poser sur son front, mêlée

Aux boucles de ses blonds cheveux ;

 

Comme une perruche au pied leste

Dans le blé jaune, ou bien encor

Comme, dans un jardin céleste,

Un fruit vert sur un arbre d’or.

 

Et là, sur sa tête qui penche,

Je serais, fût-ce peu d’instants,

Plus fière que l’aigrette blanche

Au front étoilé des sultans.

                        12 – 21 septembre 1828

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1 avril 2013 1 01 /04 /avril /2013 09:54

C’est ce titre particulièrement accrocheur qui avait orienté mon choix dans le masse critique de Babelio. La photo sur la première de couverture est aussi peu rassurante, cette petite fille au regard sombre qui vous glace, bref cela promettait d’être un bon thriller tout comme la quatrième de couverture. Ce fut le cas même si l’on n’est pas transcendé par la peur ou l’angoisse. Il y a quelques passages effrayants et c’est suffisant.

 

maudite.jpgQuatrième de couverture : Marseille, vendredi 20 juin 1986.

Nathalie alluma la télévision. Les informations commençaient.

- Torturé et brûlé vif pour lui dérober ses économies. Maurice Picon, un paisible retraité, a été assassiné sauvagement dans sa maison de Cassis, dans les Bouches du Rhône.

A ce moment, le visage de la victime apparut à l’écran. Une simple photo d’identité qui montrait un homme âgé, aux traits fins et au regard félin. Nathalie porta ses mains à sa bouche.

- Oh, mon Dieu !

Elle aurait voulu crier, mais aucun son ne sortit. Ses yeux étaient rivés sur la télévision. Ce visage, même trente ans plus tard, elle ne pouvait l’oublier. Cet homme avait marqué sa vie de façon irréversible. Un fantôme du passé resurgissait devant elle !

 

Trente ans plus tôt presque jour pour jour, Maurice Picon a été la dernière personne à parler à la mère de Nathalie. Deux heures plus tard, celle-ci se suicidait. Pour comprendre et renouer avec ses souvenirs enfouis, Nathalie va retourner sur les traces de son enfance en Touraine.

Une enquête haletante, une histoire émouvante inspirée de faits réels qui ont défrayé la chronique de l’après-guerre.

Le cahier documentaire en fin d’ouvrage revient sur ces dossiers, l’affaire Finaly et l’affaire Lecoz.

 

L’auteur Vincent Desombre est reporter pour la télévision. Après avoir travaillé comme journaliste pour les grandes chaînes françaises, il est aujourd’hui auteur-réalisateur de films. Par ce livre, il nous montre qu’il peut aussi être écrivain. En effet, il a su utiliser deux faits réels, les imbriquer, pour en faire une histoire intéressante et plus que plausible. Le cahier documentaire en fin d’ouvrage est d’ailleurs une excellente idée, il donne encore plus de sens et de vie au roman.

 

Nathalie est une jeune femme divorcée et mère d’une ado un peu déjantée Cloé. Son ex-mari Paul est un journaliste coureur de jupons. La photo de Maurice Picon, ce retraité assassiné, va complètement ravager Nathalie, déjà au bord de la déprime. Elle va devoir fouiller dans ses souvenirs et revivre un passé lourd et difficile afin de comprendre pourquoi cet homme a tellement traumatisé sa mère. Fervente catholique, elle s’était suicidée, geste qui lui avait définitivement fermé les portes du Paradis.

Seule, Nathalie retourne dans sa région natale, interroge les voisins, sa tante et les membres du couvent qui l’ont vu grandir. La vérité est d’autant plus difficile à découvrir que trente années se sont écoulées. Durant ce laps de temps, des témoins ont péri, des preuves ont été perdues ou volontairement détruites et plusieurs personnes veillent à ce que le secret soit bien gardé. Ce mystère est suffisamment important pour que nul ne veuille l’éventer. L’enquête de Nathalie sera donc longue, pénible et périlleuse. Mais elle aura tout de même des points positifs, Paul et Cloé finiront par être auprès d’elle pour l’aider et de nouveaux liens se formeront.

 

Les chapitres sont courts, les pages se tournent rapidement tant le style d’écriture est fluide et agréable. L’auteur nous offre quelques descriptions non tapageuses, juste ce qu’il faut pour nous placer le décor et nous faire partager les émotions des personnages. L’auteur laisse beaucoup de places aux dialogues pour mettre en valeur l’enquête, les interrogatoires, les témoignages, ainsi on a l’impression d’être un spectateur à part entière. Le mystère, une fois éclairci, nous offre des informations sur notre Histoire tout comme le faisait déjà le roman « Ainsi finissent les salauds » précédemment lu lors d’un autre masse critique. Décidément, il y a encore des horreurs insoupçonnées qui ont été commises durant la Seconde Guerre Mondiale.

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20 mars 2013 3 20 /03 /mars /2013 13:18

C’est un livre qui a suscité beaucoup d’oppositions comme le précise la préface. Il y décrit les paysages, les villes mais aussi les coutumes de plusieurs pays orientaux.


Avant de vous en livrer quelques extraits, je vous présente quelques phrases de la préface de l’édition originale qui m’ont beaucoup plu. Elles défendent les idées de Hugo mais parlent aussi avec justesse du rôle du poète, de ses choix et des critiques envers la poésie.


« L’auteur de ce recueil n’est pas de ceux qui reconnaissent à la critique le droit de questionner le poëte sur sa fantaisie, et de lui demander pourquoi il a choisi tel sujet, broyé telle couleur, cueilli à tel arbre, puisé à telle source. L’ouvrage est-il bon ou est-il mauvais ? Voilà tout le domaine de la critique. Du reste, ni louanges ni reproches pour les couleurs employées, mais seulement pour la façon dont elles sont employées. A voir les choses d’un peu haut, il n’y a, en poésie, ni bons ni mauvais sujets, mais de bons et de mauvais poëtes. D’ailleurs, tout est sujet ; tout relève de l’art ; tout a droit de cité en poésie. Ne nous enquérons donc pas du motif qui vous a fait prendre ce sujet, triste ou gai, horrible ou gracieux, éclatant ou sombre, étrange ou simple, plutôt que cet autre. Examinons comment vous avez travaillé, non sur quoi et pourquoi.

Hors de là, la critique n’a pas de raison à demander, le poëte pas de compte à rendre. L’art ne que faire des lisières, des menottes, des bâillons ; il vous dit : Va ! et vous lâche dans ce grand jardin de poésie, où il n’y a pas de fruit défendu. L’espace et le temps sont au poëte. Que le poëte donc aile où il veut, en faisant ce qu’il lui plaît ; c’est la loi. Qu’il croie en Dieu ou aux dieux, à Pluton ou à Satan, à Canidie ou à Morgane, ou à rien ; qu’il acquitte le péage du Styx, qu’il soit du sabbat ; qu’il écrive en prose ou en vers, qu’il sculpte en marbre ou coule en bronze ; qu’il prenne pied dans tel siècle ou dans tel climat ; qu’il soit du midi, du nord, de l’occident, de l’orient ; qu’il soit antique ou moderne ; que sa muse soit une muse ou une fée, qu’elle se drape de la colocasia ou s’ajuste la cotte-hardie. C’est à merveille. Le poëte est libre. Mettons-nous à son point de vue et voyons.

[…] Il a été plus d’une fois l’objet de ces méprises de la critique. Il est advenu souvent qu’au lieu de lui dire simplement : Votre livre est mauvais, on lui a dit : Pourquoi avez-vous fait ce livre ? Pourquoi ce sujet ? Ne voyez-vous pas que l’idée première est horrible, grotesque, absurde (n’importe !), et que le sujet chevauche hors des limites de l’art ? Cela n’est pas joli, cela n’est pas gracieux. Pourquoi ne point traiter des sujets qui nous plaisent et nous agréent ? les étranges caprices que vous avez là ! etc., etc. A quoi il a toujours fermement répondu : que ces capices étaient ses caprices ; qu’il ne savait pas en quoi étaient faites les limites de l’art, que de géographie précise du monde intellectuel, il n’en connaissait point, qu’il n’avait point encore vu de cartes routières de l’art, avec les frontières du possible et de l’impossible tracées en rouge et bleu ; qu’enfin il avait fait cela, parce qu’il avait fait cela.

Si donc aujourd’hui quelqu’un lui demande à quoi bon ces Orientales ? qui a pu lui inspirer de s’aller promener en Orient pendant tout un volume ? que signifie ce livre inutile de pure poésie, jeté au milieu des préoccupations graves du public et au seuil d’une session ? où est l’opportunité ? à quoi rime l’Orient ?... Il répondra qu’il n’en sait rien, que c’est une idée qui lui a pris ; et qui lui a pris d’une façon assez ridicule, l’été passé, en allant voir coucher le soleil.

Il regrettera seulement que ce livre ne soit pas meilleur. 

[…] On s’occupe beaucoup plus de l’Orient qu’on ne l’a jamais fait. Les études orientales n’ont jamais été poussées si avant. Au siècle de Louis XIV on était helléniste, maintenant on est orientaliste. Il y a un pas de fait. Jamais tant d’intelligences n’ont fouillé à la fois ce grand abîme de l’Asie. Nous avons aujourd’hui un savant cantonné dans chacun des idiomes de l’Orient, depuis la Chine jusqu’à l’Egypte.

[…] Les couleurs orientales sont venues comme d’elles-mêmes empreindre toutes ses pensées, toutes ses rêveries ; et ses rêveries et ses pensées se sont trouvées tour à tour, et presque sans l’avoir voulu, hébraïques, turques, grecques, persanes, arabes, espagnoles même, car l’Espagne c’est encore l’Orient ; l’Espagne est à demi africaine, l’Afrique est à demi asiatique.

Lui s’est laissé faire à cette poésie qui lui venait. Bonne ou mauvaise, il l’a acceptée et en a été heureux.»

 

 

Le feu du ciel

            VIII

Le nuage éclate !

La flamme écarlate

Déchire ses flancs,

L’ouvre comme un gouffre,

Tombe en flots de soufre

Aux palais croulants,

Et jette, tremblante,

Sa lueur sanglante

Sur leurs frontons blancs.

 

Gomorrhe ! Sodome !

De quel brûlant dôme

Vos murs sont couverts !

L’ardente nuée

Sur vous s’est ruée,

O peuple pervers !

Et ses larges gueules

Sur vos têtes seules

Soufflent leurs éclairs.

 

Ce peuple s’éveille,

Qui dormait la veille

Sans penser à Dieu.

Les grands palais croulent,

Mille chars roulent

Heurtent leur essieu ;

Et la foule accrue

Trouve en chaque rue

Un fleuve de feu.

 

Sur ces tours altières,

Colosses de pierres

Trop mal affermis,

Abondent dans l’ombre

Des mourants sans nombre

Encore endormis.

Sur des murs qui pendant

Ainsi se répandent

De noires fourmis !

 

Se peut-il qu’on fuie

Sous l’horrible pluie ?

Tout périt, hélas !

Le feu qui foudroie

Bat les ponts qu’il broie,

Crève les toits plats,

Roule, tombe, et brise

Sur la dalle grise

Ses rouges éclats.

 

Sous chaque étincelle

Grossit et ruisselle

Le feu souverain.

Vermeil et limpide,

Il court plus rapide

Qu’un cheval sans frein ;

Et l’idole infâme,

Croulant sous la flamme,

Tord ses bras d’airain.

 

Il gronde, il ondule,

Du peuple incrédule

Rompt les tours d’argent ;

Son flot vert et rose,

Que le soufre arrose,

Fait en les rongeant,

Luire les murailles

Comme les écailles

D’un lézard changeant.

 

Il fond comme cire

Agate, porphyre,

Pierres du tombeau,

Ploie, ainsi qu’un arbre,

Le géant de marbre

Qu’ils nommaient Nabo,

Et chaque colonne

Brûle et tourbillonne

Comme un grand flambeau !

 

En vain quelques mages

Portent les images

Des dieux du haut lieu ;

En vain leur roi penche

Sa tunique blanche

Sur le soufre bleu ;

Le flot qu’il contemple

Emporte leur temple

Dans ses plis de feu.

 

Plus loin il charrie

Un palais, où crie

Un peuple à l’étroit ;

L’onde incendiaire

Mord l’îlot de pierre

Qui fume et décroît,

Flotte à sa surface,

Puis fond et s’efface

Comme un glaçon froid.

 

Le grand prêtre arrive

Sur l’ardente rive

D’où le reste a fui.

Soudain sa tiare

Prend feu comme un phare,

Et pâle, ébloui,

Sa main qui l’arrache

A son front s’attache,

Et brûle avec lui.

 

Le peuple, hommes, femmes,

Court… Partout les flammes

Aveuglent ses yeux ;

Des deux villes mortes

Assiégeant les portes

A flots furieux,

La foule maudite

Croit voir, interdite,

L’enfer dans les cieux !

                                   1er novembre 1828

 

 

Les têtes du sérail : troisième voix :

 

[…]

« Voyant depuis vingt jours notre ville affamée,

J’ai crié : « Venez tous, il est temps, peuple, armée !

Dans le saint sacrifice il faut nous dire adieu.

Recevez de mes mains, à la table céleste,

            Le seul aliment qui nous reste,

Le pain qui nourrit l’âme et la transforme en Dieu ! »

 

Quelle communion ! Des mourants immobiles,

Cherchant l’hostie offerte à leurs lèvres débiles,

Des soldats défaillants, mais encor redoutés,

Des femmes, des vieillards, des vierges désolées,

            Des enfants de sang allaités !

 

La nuit vint, on partit. Mais les turcs dans les ombres

Assiégèrent bientôt nos morts et nos décombres.

Mon église s’ouvrit à leurs pas inquiets.

Sur un débris d’autel, leur dernière conquête,

            Un sabre fit rouler ma tête…

J’ignore quelle main me frappa : je priais.

[…]

                                   Juin 1826

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2 mars 2013 6 02 /03 /mars /2013 11:27

hamlet.jpg

 

 

 

Kenneth Branagh a fait du bon boulot, personne ne pourra contredire cela. A travers ce film, on sent sa passion pour Shakespeare ; il le joue et le parle avec aisance comme si ce langage riche et poétique était le sien. Par respect pour l’auteur, il a refusé de couper ou de modifier le texte intégral, aussi sachez-le si l’aventure vous tente, ce film dure 4 heures.

 

 

 

 

Ce qui perturbe immédiatement c’est l’époque. En effet, Branagh a fait le choix de transposer l’histoire au 19ème siècle. Les personnages évoluent donc dans un magnifique palais aux dorures et aux couleurs éclatantes. Moi qui ai adoré la version cinématographique de Franco Zeferelli avec Mel Gibson et Glenn Close, j’avoue que cela m’a choquée et peut-être même déçue. Pourquoi notre puriste a-t-il fait ce choix ? Pour montrer que les écrits de Shakespeare sont intemporels ? Et c’est vrai, les tirades de notre auteur sont universelles et finalement on se fait assez facilement à ce changement d’époque.


hamlet-1.jpgBranagh n’a pas lésiné sur les moyens. Les décors sont somptueux, les costumes d’une grande qualité et pour cause, le film a été tourné dans le château du duc de Malborough qui a d’ailleurs un petit rôle. La salle du trône offre un espace immense qui donne beaucoup de liberté à la caméra et la profondeur de champ est accentuée par des portes à miroir sans tain tout autour de cette salle. Branagh les utilise à merveille notamment lorsque Hamlet se fait passer pour fou et qu’il est épié à son insu par son oncle et le père d’Ophélie. De longs plans séquences se déroulent à cet endroit et certains sont vraiment étonnants, on a du coup l’impression d’être au théâtre, même quand une troupe de comédiens évolue dans cette salle et qu’on y place une scène et une centaine de places assises en pallier.

 

Le choix des acteurs est aussi une réussite. Kenneth Branaghophelie.jpg s’octroie le rôle principal et l’interprète avec brio, Derek Jacobi et Julie Christie (qui a mis entre parenthèses sa retraite pour le rôle) excellent en beau-père et mère coupables, Kate Winslet en Ophélie est toujours aussi merveilleuse et les costumes d’époque lui vont à ravir. C’est sur le tournage de ce film qu’elle a appris qu’elle serait Rose dans Titanic.

heston.jpgEt puis il y a quelques surprises tout au long du film, tout d’abord Charlton Heston qui joue un comédien de la troupe de théâtre, sa voix ténébreuse, caverneuse lui permet d’illuminer la scène et d’envahir l’espace comme nul autre, Gérard Depardieu a un petit rôle d’espion pour le père d’Ophélie, son accent anglais est plutôt bon, Robin Williams est l’arbitre du duel entre Laerte et Hamlet, avec sa bouille ronde couverte d’une moustache énorme il est la touche humoristique du film avec Billy Cristal en fossoyeur plutôt original. Ce dernier a d’ailleurs plutôt du mal à s’intégrer dans l’époque, son visage est trop contemporain.billy.jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Avec de tels décors et de tels acteurs de talent, le film devrait être un chef d’œuvre et pourtant il n’atteint pas ce niveau. Plusieurs choses m’ont dérangée à commencer par le texte et ça me coûte de le dire, moi qui adore la langue de Shakespeare empreinte d’une beauté et d’une profondeur inégalées. Certains dialogues et monologues sont franchement trop longs, Shakespeare place parfois tant de métaphores et d’images qu’on se perd dans le sens même de la tirade. Certains acteurs ne savent plus comment varier leur interprétation. A force, cela devient lourd, épuisant, oppressant et on est franchement soulagés quand l’entracte arrive au bout de 2 h 40 nous offrant l’excuse d’un repos pour notre cerveau, d’une bouffée d’air frais. Par rapport au livre ou au film de Zeferelli, le texte ajouté n’a rien de révolutionnaire ni de transcendant. Les plus belles phrases et les plus importantes sont déjà dans les versions courtes.

La seconde partie est plus légère, il y a moins de monologues, plus d’échanges entre les personnages, plus d’humour aussi et notre attention, notre intérêt reprennent le dessus aisément.

 

L’autre erreur à mon sens est la richesse des décors. Le film de Zeferelli m’avait marquée parce qu’il était sombre, gris, brumeux et froid. On ressentait alors davantage la peine, la haine de Hamlet, la tristesse et la folie d’Ophélie. Le roman est à la base une tragédie, ce que vivent nos deux amoureux est un cauchemar déchirant et placer cela dans un palais lumineux, somptueux aux couleurs vives et aux dorures aveuglantes freine notre compassion.

spectre.jpgA l’inverse les apparitions du spectre du père d’Hamlet sont une totale réussite. Branagh utilise la contre-plongée et une musique profonde et forte pour le rendre imposant et impressionnant. Lorsqu’il dévoile la vérité à son fils, les deux acteurs sont dans une forêt sombre et froide, aux arbres dénudés et resserrés, la neige recouvre le sol, la terre tremble et se fissure crachant de la fumée, les yeux du spectre sont d’un bleu pâle effrayant, sa voix vient d’outre-tombe, là on est dans la tragédie qui nous prend aux tripes et nous ancre dans le récit.

 

Pour finir, je dirais que ce film est réservé aux puristes. Je suis contente de l’avoir vu, mais je ne renouvellerai pas l’expérience. Il est beau à voir, Branagh y a mis tout son talent de réalisateur mais le texte est souvent trop lourd et étouffant. Si vous voulez découvrir Hamlet, choisissez une autre version cinématographique ou alors mieux, lisez le livre.

 

 

A découvrir aussi : le roman Hamlet

                               la biographie de Shakespeare

                               Othello

                               Mac Beth

                               Antoine et Cléopâtre

                               le film Shakespeare in love

                               le film Roméo + Juliette

                               le roi Lear

                               Antoine et Cléopatre

                               Comme il vous plaira

                               beaucoup de bruit pour rien

                               le marchand de Venise

                               Roméo et Juliette

                               Jules César

                               Les sonnets de Shakespeare

                               Les joyeuses commères de Windsor

                               Songe d'une nuit d'été

                               Le soir des rois

                               Les deux gentilshommes de Vérone

                               le film Anonymous

                               la mégère apprivoisée

                               peines d'amour perdues

                               le film Hamlet avec Mel Gibson   

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17 février 2013 7 17 /02 /février /2013 20:27

Il y en a une quinzaine, je vous en débuterai quelques unes. Tout comme pour les Odes, certaines font plusieurs pages. J’ai choisi des ballades ayant une structure particulière.

 


 

Ballade onzième : la chasse du burgrave

 

« Daigne protéger notre chasse,

            Châsse

De monseigneur saint-Godefroi,

            Roi !

 

Si tu fais ce que je désire,

            Sire,

Nous t’édifierons un tombeau,

            Beau ;

 

Puis je te donne un cor d’ivoire,

            Voire

Un dais neuf à pans de velours,

            Lourds,

 

Avec dix chandelles de cire,

            Sire !

Donc, te prions à deux genoux,

            Nous,

 

Nous qui, né de bons gentilshommes,

            Sommes

Le seigneur burgrave Alexis

            Six. »

[…]

                                   Janvier 1828

 

 

 

Ballade douzième : le pas d’arme du roi Jean

 

Cà, qu’on selle,

Ecuyer,

Mon fidèle

Destrier.

Mon cœur ploie

Sous la joie,

Quand je broie

L’étrier.

 

Par saint-Gille,

Viens-nous-en,

Mon agile

Alezan ;

Viens, écoute,

Par la route,

Voir la joute

Du roi Jean.

 

Qu’un gros carme

Chartrier

Ait pour arme

L’encrier ;

Qu’une fille,

Sous la grille,

S’égosille

A prier ;

 

Nous qui sommes,

De par Dieu,

Gentilshommes

De haut lieu,

Il faut faire

Bruit sur terre,

Et la guerre

N’est qu’un jeu.

[ …]

                                   24-26 juin 1828

 

 

 

 

Ballade quatorzième : la ronde du sabbat

 

[…]

Les mains cherchent les mains… Soudain la ronde immense,

Comme un ouragan sombre, en tournoyant commence.

A l’œil qui n’en pourrait embrasser le contour,

Chaque hideux convive apparaît à son tour ;

On croirait voir l’enfer tourner dans les ténèbres

Son zodiaque affreux, plein de signes funèbres.

Tous volent, dans le cercle emportés à la fois.

Satan règle du pied les éclats de leur voix ;

Et leurs pas, ébranlant les arches colossales,

Troublent les morts couchés sous le pavé des salles.

[ …]

Riant au saint lieu,

D’une voix hardie,

Satan parodie

Quelque psalmodie

Selon saint Matthieu ;

Et dans la chapelle

Où son roi l’appelle,

Un démon épèle

Le livre de Dieu !

 

Et leurs pas, ébranlant les arches colossales,

Troublent les morts couchés sous le pavé des salles.

 

Sorti des tombeaux,

Que dans chaque stalle

Un faux moine étale

La robe fatale

Qui brûle ses os,

Et qu’un noir lévite

Attache bien vite

La flamme maudite

Aux sacrés flambeaux !

 

Et leurs pas, ébranlant les arches colossales,

Troublent les morts couchés sous le pavé des salles.

 

Satan vous verra !

De vos mains grossières,

Parmi des poussières,

Ecrivez, sorcières :

ABRACADABRA !

Volez, oiseaux fauves,

Dont les ailes chauves

Aux ciels des alcôves

Suspendent Smarra !

 

Et leurs pas, ébranlant les arches colossales,

Troublent les morts couchés sous le pavé des salles.

 

Voici le signal ! –

L’enfer nous réclame ;

Puisse un jour toute âme

N’avoir d’autre flamme

Que son noir fanal !

Puisse notre ronde,

Dans l’ombre profonde,

Enfermer le monde

D’un cercle infernal !

 

L’aube pâle a blanchi les arches colossales.

Il fuit, l’essaim confus des démons dispersés !

Et les morts, rendormis sous le pavé des salles,

Sur leurs chevets poudreux posent leurs fronts glacés.

                                   Octobre 1825

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1 février 2013 5 01 /02 /février /2013 02:06

Qui est cette femme dans le miroir 

Au regard si vide, si dérisoire ?

Elle a les traits tirés, le teint flétri,

Elle est épuisée, dénuée de vie.

Ses paupières tellement ankylosées

Montrent son combat pour rester éveillée ;

Les kilos perdus à cause des nausées

Lui laissent des joues terriblement creusées.

Elle n’a plus que la peau sur les os

Cela l’emprisonne comme un étau.

Mon Dieu, ce n’est pas mon visage que je vois ?

Comment ai-je pu dépérir à ce point là ?

 

A qui appartient ce corps décharné

Aux os saillants, déshumanisé ?

Il se meut avec difficulté

Chaque geste doit être pensé ;

Il avance comme au ralenti,

Aucun faux pas ne peut être admis.

Chaque mouvement est une solide épreuve

Que de faibles muscles assument tant qu’ils le peuvent.

Qu’est devenue ma silhouette d’antan

Qui faisait tourner les têtes aux bals dansants ?

 

Je suis enfermée dans une marionnette

Qui m’écrase davantage à chaque instant.

Je suis son otage aux cris obsolètes

Qui s’étouffe et manque d’air cruellement.

Je ne me reconnais pas dans cette enveloppe

Qui se remplit d’eau et que rien n’écope ;

Mon reflet dans leurs yeux ne me ressemble pas,

Qui suis-je aujourd’hui, que restera-t-il de moi ?

Je ne veux pas partir de cette façon,

Rendez-moi mon corps et toute ma raison !

 

 

 

Adieu mémé, j'espère avoir ici retranscrit avec justesse les horreurs que tu as vécues et toutes les pensées qui ont dû se bousculer dans ta tête chaque jour. Ca ne peut pas être facile de se voir dépérir ainsi et tu t'es posé forcément tant de questions tout en conservant ton courage et ta combattivité. C'était si pénible pour nous de te voir ainsi t'éteindre de cette façon inhumaine, de soutenir ton regard qui en disait long sur tes souffrances et ta peur. J'espère juste avoir été à la hauteur de tes espérances.

Sois en paix maintenant, je t'aime.

 

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15 janvier 2013 2 15 /01 /janvier /2013 00:34

Finissons le chapitre des Odes avec la fin du livre 3 et le livre 5, à savourer avant l'arrivée des Ballades...


 

Ode sixième : les deux îles

 

[…]

La foudre remonta ! – Renversé de son aire,

Il tomba, tout fumant de cent coups de tonnerre.

            Les rois punirent leur tyran.

On l’exposa vivant sur un roc solitaire ;

Et le géant captif fut remis par la terre

            A la garde de l’océan.

 

Oh ! comme à Sainte-Hélène il dédaignait sa vie,

Quand le soir il voyait, avec un œil d’envie,

            Le soleil fuir sous l’horizon,

Et qu’il s’égarait seul sur le sable des grèves,

Jusqu’à ce qu’un anglais, l’arrachant de ses rêves,

            Le ramenât dans sa prison !

 

Comme avec désespoir ce prince de la guerre

S’entendait accuser par tous ceux qui naguère

            Divinisaient son bras vainqueur !

Car des peuples ligués la clameur solennelle

Répondait à la voix implacable, éternelle,

            Qui se lamentait dans son cœur !

 

« Honte ! opprobre ! malheur ! anathème ! vengeance !

Que la terre et les cieux frappent d’intelligence !

Enfin nous avons vu le colosse crouler !

Que puissent retomber sur ses jours, sur sa cendre,

            Tous les pleurs qu’il a fait répandre,

            Tout le sang qu’il a fait couler !

 

Qu’à son nom, du Volga, du Tibre, de la Seine,

Des murs de l’Alhambra, des fossés de Vincenne,

De Jaffa, du Kremlin qu’il brûla sans remords,

Des plaines du carnage et des champs de victoire,

Tonne, comme un écho de sa fatale gloire,

            La malédiction des morts !

 

Qu’il voie autour de lui se presser ses victimes !

Que tout ce peule, en foule échappé des abîmes,

Innombrable, annonçant les secrets du cercueil,

Mutilé par le fer, sillonné par la foudre,

Heurtant confusément des os noircis de poudre,

Lui fasse un Josaphat de Sainte-Hélène en deuil !

 

Qu’il vive pour mourir tous les jours, à toute heure !

Que le fier conquérant baisse les yeux, et pleure !

Sachant sa gloire à peine et riant de ses droits,

Des geôliers ont chargé d’une chaîne glacée

            Cette main qui s’était lassée

            A courber la tête des rois !

 

Il crut que sa fortune, en victoire féconde,

Vaincrait le souvenir du peuple roi du monde ;

Mais Dieu vient, et d’un souffle éteint son noir flambeau,

Et ne laisse au rival de l’éternelle Rome

Que ce qu’il faut de place et de temps à tout homme

            Pour se cacher dans le tombeau.

 

Ces mers auront sa tombe, et l’oubli la devance.

En vain à Saint-Denis il fit parer d’avance

Un sépulcre de marbre et d’or étincelant ;

Le ciel n’a pas voulu que de royales ombres

Vissent, en revenant pleurer sous ces murs sombres,

Dormir dans leur tombeau son cadavre insolent ! »

 

Qu’une coupe vidée est amère ! et qu’un rêve,

Commencé dans l’ivresse, avec terreur s’achève !

Jeune, on livre à l’espoir sa crédule raison ;

Mais on frémit plus tard, quand l’âme est assouvie,

            Hélas ! et qu’on revoit sa vie

            De l’autre bord de l’horizon !

[…]

                                   Juillet 1825

 

Livre cinquième

 

Ode dix-septième : à une jeune fille

 

Vous qui ne savez pas combien l’enfance est belle,

Enfant ! n’enviez point notre âge de douleurs,

Où le cœur tour à tour est esclave et rebelle,

Où le rire est souvent plus triste que vos pleurs.

 

Votre âge insouciant est si doux qu’on l’oublie !

Il passe, comme un souffle au vaste champ des airs,

Comme une voix joyeuse en fuyant affaiblie,

            Comme un alcyon sur les mers.

 

Oh ! ne vous hâtez point de mûrir vos pensées !

Jouissez du matin, jouissez du printemps ;

Vos heures sont des fleurs l’une à l’autre enlacées ;

Ne les effeuillez pas plus vite que le temps.

 

Laissez venir les ans ! Le destin vous dévoue,

Comme nous, aux regrets, à la fausse amitié,

A ces maux sans espoir que l’orgueil désavoue,

            A ces plaisirs qui font pitié.

 

Riez pourtant ! du sort ignorez la puissance ;

Riez ! n’attristez pas votre front gracieux,

Votre œil d’azur, miroir de paix et d’innocence,

Qui révèle votre âme et réfléchit les cieux !

                                   Février 1825

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1 janvier 2013 2 01 /01 /janvier /2013 15:51

Je vous souhaite à toutes et tous une merveilleuse année 2013 !

 

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J'espère que vous cueillerez toute la joie qu'elle vous offrira aux détours de ses chemins,

 

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Tout le bonheur qu'elle vous proposera à chaque regard volontaire ou anodin,

 

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Tous les sourires qu'elle vous échangera et qui font tellement de bien,

 

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Toutes les étreintes qu'elle vous donnera sans compter, juste comme ça, pour rien,

 

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Tous les baisers et bisous qu'elle vous fera par surprise ou au creux de câlins,

 

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Tous les "je t'aime" qu'elle vous murmurera pour réchauffer votre âme d'humain,

 

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Et puis surtout que votre coeur et votre esprit palpitent sur un air doux et serein.

 

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Naviguez bien sur 2013 !

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15 décembre 2012 6 15 /12 /décembre /2012 00:15

 

 

Pourquoi moi ?

Qu’ai-je donc fait pour mériter ça ?

Pourquoi t’acharnes-tu contre moi ?

J’ai beau trifouiller dans ma mémoire,

Je n’ai fait de mal à personne.

Je suis une femme honnête, bonne

Et tu m’enlèves tout espoir.

 

Pourquoi moi ?

N’y avait-il pas un être plus vil ?

Pourquoi mets-tu ma vie en exil ?

Je n’ai jamais fait d’excès d’alcool,

Loin de moi le tabac, la picole,

Pas de bringues abusives, répétées,

Juste une vie de famille bien rangée.

 

Pourquoi moi ?

N’as-tu pas pitié de m’emporter ?

Moi, une grand-mère tant aimée ?

J’ai élevé mes sept enfants

Malgré la guerre, le manque d’argent ;

Je me suis privée tout le temps

Pour qu’ils se nourrissent suffisamment.

 

Pourquoi moi ?

N’ai-je pas assez donné dans ma vie ?

Me suis-je trop plainte de mes soucis ?

J’allais au marché à bicyclette

Bravant la neige, le froid, la pluie ;

Je lavais à la main leurs layettes

Malgré des crevasses endolories.

 

Pourquoi moi ?

Pourquoi pas un pédophile à ma place ?

Un violeur, un tueur, êtres salaces ?

C’est injuste, tellement injuste.

J’ai envie de hurler, ça m’offusque.

Tu ne me laisses aucune arme pour te combattre,

Je n’ai qu’à subir jusqu’à ce que tu m’abattes.

 

 

 

En mémoire à ma grand-mère décédée il y a peu... C'était sa vie, une vie remplie de sacrifices, d'éternelle présence pour tous : mari, enfants et petits-enfants. Elle se pliait toujours en quatre et rendait service à sa famille mais aussi aux voisins. Une bonne âme qui ne méritait pas de finir ainsi...

 

 

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1 décembre 2012 6 01 /12 /décembre /2012 12:23

Voici quelques poèmes issus du livre 3, bonne lecture, comme toujours...

 

 

 

Ode première : A M. Alphonse de L.

 

Pourtant je m’étais dit : « Abritons mon navire.

Ne livrons plus ma voile au vent qui la déchire.

Cachons ce luth. Mes chants peut-être auraient vécu !

Soyons comme un soldat qui revient sans murmure

Suspendre à son chevet un vain reste d’armure,

Et s’endort, vainqueur ou vaincu ! »

 

Je ne demandais plus à la muse que j’aime

Qu’un seul chant pour ma mort, solennel et suprême !

Le poëte avec joie au tombeau doit s’offrir ;

S’il ne souriait pas au moment où l’on pleure,

            Chacun lui dirait : « Voici l’heure !

Pourquoi ne pas chanter, puisque tu vas mourir ? ».

 

C’est que la mort n’est pas ce que la foule en pense !

C’est l’instant où notre âme obtient sa récompense,

Où le fils exilé rentre au sein paternel.

Quand nous penchons près d’elle une oreille inquiète,

La voix du trépassé, que nous croyons muette,

            A commencé l’hymne éternel !

 

Plus tôt que je n’ai dû, je reviens dans la lice ;

Mais tu le veux, ami ! Ta muse est ma complice ;

Ton bars m’a réveillé ; c’est toi qui m’as dit : « Va ! 

Dans la mêlée encor jetons ensemble un gage ;

            De plus en plus elle s’engage.

Marchons, et confessons le nom de Jéhova ! »

 

J’unis donc à tes chants quelques chants téméraires.

Prends ton luth immortel : nous combattrons en frères

Pour les mêmes autels et les mêmes foyers.

Montés au même char, comme un couple homérique,

Nous tiendrons, pour lutter dans l’arène lyrique,

            Toi la lance, moi les coursiers.

 

Puis, pour faire une part à la faiblesse humaine,

Je ne sais quelle pente au combat me ramène.

J’ai besoin de revoir ce que j’ai combattu,

De jeter sur l’impie un dernier anathème,

            De te dire, à toi, que je t’aime,

Et de chanter encore un hymne à la vertu !

[…]

                                   17 octobre 1825

 

 

 

Ode troisième : les funérailles de Louis XVIII

 

La foule au seuil d’un temple en priant est venue ;

Mères, enfants, vieillards, gémissent réunis ;

Et l’airain qu’on balance ébranle dans la nue

            Les hauts clochers de Saint-Denis.

Le sépulcre est troublé dans ses mornes ténèbres.

            La Mort, de ces couches funèbres,

            Resserre les rangs incomplets,

Silence au noir séjour que le trépas protège ! –

Le Roi Chrétien, suivi de son dernier cortège,

            Entre dans son dernier palais.

 

Un autre avait dit : - « De ma race

Ce grand tombeau sera le port ;

            Je veux, aux rois que je remplace,

            Succéder jusque dans la mort.

            Ma dépouille ici doit descendre !

            C’est pour faire place à ma cendre

            Qu’on dépeupla ces noirs caveaux.

            Il faut un nouveau maître au monde :

            A ce sépulcre, que je fonde,

            Il faut des ossements nouveaux.

 

« Je promets ma poussière à ces voûtes funestes.

A cet insigne honneur ce temple a seul des droits ;

Car je veux que le ver qui rongera mes restes

            Ait déjà dévoré des rois.

Et lorsque mes neveux, dans leur fortune altière,

            Domineront l’Europe entière,

            Du Kremlin à l’Escurial,

Ils viendront tour à tour dormir dans ces lieux sombres,

Afin que je sommeille, escorté de leurs ombres,

            Dans mon linceul impérial ! »

[…]

                                   Septembre 1824

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