Voilà enfin mon texte, ma participation tardive au défi proposé par Abeilles50 sous le thème « exploitation humaine ». Je n’ai pas cessé de me poser des questions, de le retoucher, de le trouver trop brutal, trop cru et d’avoir peur de vous heurter, chers lecteurs fidèles. Au départ, c’était un texte en prose avec davantage de descriptions, puis les rimes se sont imposées d’elles-mêmes en plusieurs endroits. Les lignes sont devenues des strophes puis des vers et finalement, j’ai tout recommencé pour aller à l’essentiel en « embellissant » cette histoire tragique par des rimes. Une fois le texte accepté, j’ai voulu y insérer des titres d’articles de journaux autour de ce thème mais je m’y suis résignée, je n’avais pas envie de « rendre hommage » à ces êtres putrides, à ces prédateurs pervers et inhumains. Je ne voulais pas non plus mettre de photos, par pudeur, par respect, je ne sais pas. Je vous le livre donc à l’état brut, je crois que les mots suffiront, ils parlent d’eux-mêmes.
Je me promenais l’air jovial,
Je ne faisais rien de mal,
Une sortie banale.
Une voiture s’arrêta à ma hauteur,
Surprise, je reculai, écoutant ma peur.
Le conducteur me demanda son chemin, il semblait gentil.
Par prudence, sans bouger d’un brin, je répondis.
Il me sourit, sortit une carte Michelin
Et avec son doigt traça mon chemin.
Je m’approchai doucement pour vérifier,
Sans imaginer une seconde que je le regretterai.
Il attrapa le sac que je portais sur mon dos
Et me tira avec force dans son auto.
Ma tête heurta avec violence
Le levier de vitesse
Et mes genoux se râpèrent
Sur le rebord de la fenêtre.
La douleur me fit crier
Pour un temps mesuré.
Il me colla un mouchoir sur la bouche,
Imprégné d’une odeur que je trouvai louche.
Sans rien comprendre,
Sans rien attendre,
Je plongeai dans le noir
Et débutai un cauchemar.
Je me réveillai dans un endroit sombre,
Emmurée vivante, je ne voyais pas mon ombre.
Ma gorge se serra, des larmes jaillirent,
Je sanglotais tout bas, en imaginant le pire.
Mes pleurs étaient mêlés de peur, d’angoisse, de tristesse,
D’incompréhension et de visions cauchemardesques.
J’entendis soudain un premier son,
Un plancher qui craquait sous des talons.
Je ne fis plus un bruit par crainte d’être repérée,
Idée stupide, il savait où j’étais,
Il m’y avait enfermée.
Une clé se battait dans une serrure rouillée,
Le bruit était encore loin, ça me rassurait.
Puis des pas lourds se rapprochèrent de moi,
Mes membres tremblaient au rythme de je ne savais quoi,
De je ne savais qui et de tous mes pourquoi.
Une lumière aveuglante me flagella les yeux,
Je les plissai pour apercevoir cet être odieux.
Il se pencha vers moi,
Me serra le bras,
Et m’entraîna fermement
Hors de mon isolement.
Avec violence, il me jeta à terre,
Ma peau s’écorchait en raclant les pierres.
Je hurlais de douleur et de torpeur,
Je tentai de m’enfuir, c’était une erreur.
Sa rage s’abattit sur moi sans aucune mesure,
Il me balança contre les quatre murs,
Ma tête heurta chaque recoin, je ne savais où aller ;
Ses coups plurent, je m’y noyais sans riposter.
Proche de l’évanouissement, je m’affalais
Pendant qu’il souriait et gloussait.
Il déchira mes vêtements avec aisance
Et se déshabilla en toute nonchalance
Comme pour m’offrir un spectacle ;
Je ne pouvais plus lui faire obstacle.
Il écarta mes jambes ecchymosées
Comme on casse une cuisse de poulet
Et s’aplatit de tout son long
Broyant mon bassin sur le béton.
Avec vigueur, il me déchira de l’intérieur
Pendant que mon sang s’extirpait de ce malheur.
J’entendais ces râles d’un mâle en rut,
J’étouffais sous sa puanteur de brute,
Mes os frottaient contre le sol glacial,
Ma peau cédait encore sous ce poids immoral.
Le rythme s’accéléra ruinant mon vagin,
Il n’y avait plus de moi, plus de féminin.
Son cri rauque de jouissance me perfora le tympan ;
L’heure de la délivrance ou du décès imminent.
De la bave coulait de sa bouche répugnante
Puis gouttait lentement sur mes plaies béantes.
Il se retira comme si de rien n’était
En me balançant un regard satisfait,
Puis me traîna dans mon cachot,
Où je périrai très bientôt.